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REVE, SCIENCE ET RELIGION
Marcel Otte
(Liège)
L’instrumentalisation de la science, ses impostures ou
tricheries peuvent mener à l’intolérance des pires intégrismes. Quand
certains scientifiques se reposent sur les certitudes, en oubliant de
douter…
Epas: aucune justification n’est attendue là où la raison ne
possède une matière religieuse, tout semble simple : on croit ou on ne
croit aucune prise, tout est affaire personnelle, comme en amour, en arts
ou en musique. Un monde fait uniquement de croyants pourrait même
être jugé meilleur à vivre que celui-ci puisque, dit-on, la sérénité
qu’apporterait une foi solide favorise chez celui qui la porte un état
d’âme ouvert au bonheur et à l’espérance. Tout serait donc pour le mieux
dans ce monde là, à la seule condition que chacun admette que l’autre
croit à tout autre chose, voire à rien du tout. Utopie bien sûr puisque
toute explication métaphysique de la vie implique, pour y croire
justement, qu’elle soit vraie, par conséquent, exclusive. Si le
philosophe, accoudé au balcon, peut en tirer son parti en observant les
croyants de tous poils s’entre-tuer, l’élastique lui reviendra bientôt à la
figure puisque cette pensée même qu’il utilise pour juger les autres
fonctionne encore et toujours sur la conviction profonde qu’une vérité
« existe » : elle n’est pas divine, c’est entendu, mais elle se pose
comme un cadre auquel sa réflexion s’accroche dès qu’elle cherche à
se constituer.
Ainsi vit-on des « nietzschéens » rirent de ceux qui ont
remplacé la foi par la raison: le mécanisme reste identique, puisqu’il
est de nature humaine dans tous les cas, seuls les termes changent et
la vanité grandit, puisque l’homme se met à la place des dieux, rien
de moins… Tous ces culs-de-sacs spirituels emboîtés les uns aux
autres ne seraient encore rien si, en changeant les termes, on n’avait
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