Nr. 3 (24) anul VII / iulie-septembrie 2009 - ROMDIDAC

Et alors, l’art seulement fera quelque chose apparaître, nous fera encore
sentir autre chose.
L’art devra re-créer la dureté, l’âpreté, l’opposition, les tares, la rencontre,
le contact, la présence et la co-présence. La société. Le social.
La vraie révolution est la révolution invisible des matériaux, la fabrication
de la matière elle-même. Les télé - technologies de limage constituent,
aujourd’hui, seulement les pionniers de cette évolution. Tout comme,
aujourd’hui, les télévisions, les écrans, « l’infrastructure » technologique suit,
déjà, la voie et le destin de l’image, en devenant virtuelle, en s’aplatissant,
en disparaissant pour se réaliser, la réalité elle-même, la matière elle-même
suivra cette destinée.
Nous reposerons dans le mou, le duvet, le vide.
Autre signe actuel : le désir dominateur de relâchement des jeunes, qui,
même pour cinq minutes, où qu’ils se trouvent, dans les postures courantes
de la vie quotidienne, se prélassent, veulent se sentir bien, sentir le plaisir du
simple fait d’être : la réalisation du Rêve.
Aucune résistance, jusqu’à l’infini.
Et alors, l’art seulement pourra refaire le souvenir de la réalité. La tâche
de l’art est, déjà, la réalité pure et simple, la vétuste, la surannée réalité.
Le futur rôle de l’art sera énorme, monstrueux : l’art devra recréer non
seulement un monde, mais la réalité même. Tout reposera sur les épaules
de l’art.
Dans l’avenir, l’art passera, complètement, à la place de la réalité, elle
devra la suppléer, prothèse ontologique totale, pour re-créer la sensation de
réalité, le dés - agréable « historique », historié, dépassé, du fait d’être par
l’autre, avec l’autre, sur l’autre et contre lui.
L’art sera la contre - technique du « Des – Agréable », de la « résistance des
matériaux ». Seul l’art sera capable de re-créer la sensation « désagréable »
d’histoire, d’ajournement, de clôture, d’in - suffisance, d’impuissance, de
finitude, d'irréalisation du Rêve, quand tout ça sera, scientifiquement, dépassé,
et quand l’Humain même sera devenu le suprême Matelas de l’Homme,
l’Homme - Matelas.
Malheureusement, l’avenir appartient à l’art. Nous sommes condamnés
à devenir, tous, des artistes, si nous voulons sentir encore, ressentir, en
général, quelque chose.
Traducere \n limba francez` de
MåDåLIN ROßIORU
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« Une longue pratique lui avait enseigné un mode très adroit de se nicher et de s’envelopper
dans les draps. En premier lieu, il s’asseyait au bord du lit ; puis, d’un mouvement agile, il se
glissait obliquement dans son repaire ; puis il tirait un coin des draps sous son épaule gauche,
et le faisait peser sous son dos pour qu’il reposât sous son épaule droite ; en quatrième lieu, par
un tour d’adresse tout particulier, il procédait de la même faπon avec l’autre coin ; et parvenait
enfin à l’enrouler autour de sa personne. Ainsi enveloppé comme une momie, ou (ainsi que je
lui disais souvent) comme un ver à soie dans son cocon, il attendait l’arrivée du sommeil, qui
d’ordinaire survenait aussitôt. Car la santé de Kant était exquise : ce n’était pas une simple santé
négative, ou l’absence de souffrance, d’irritation et de malaise (dont chacun, bien que n’étant
pas douleur, est parfois bien pire à supporter), mais un état de sensation positive de plaisir, et
une possession consciente de toutes ses activités vitales » (Thomas de Quincey, Les derniers
jours d’Emmanuel Kant, traduit de l’anglais par Jean-Paul Mourlon, Paris, Éditions Mille et une
nuits, 1996, p. 21).
EX PONTO NR.3, 2009
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