Nr. 3 (24) anul VII / iulie-septembrie 2009 - ROMDIDAC
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plus pléthorique qui doit avoir de l’emploi pouvoir consommer les pauvres capitalistes sur leurs épaules pèse le sort de l’entière humanité et nous les critiquons ingrats myopie seule la consommation produit il faut consommer par devoir civique par patriotisme planétaire par responsabilité pour le sort immédiat de l’humanité et toutes ces choses je les vois elles sont visibles mieux que n’importe où ici maintenant en Roumanie à la télé ce qui se passe n’est aucune aberration aucun accident mais l’auto - règlement du système la gueuserie sauve la Roumanie l’Est sauve équilibre l’Ouest mais qui dirait ouvertement de telles paroles qui néanmoins n’ont rien de désagréable de dangereux de subversif si on reconnaissait peut-être on serait heureux apaisé tu regardes et tu gagnes je regarde et nous gagnons tous tant qu’il nous faut pour pouvoir continuer de regarder consommer vivre pour produire consommer en consommateur humaniste humanisme de consommation logique de l’agglomération de l’amassement du stockage j’écris hypermarket l’hypermarché comme poème j’écris en consommant pour consommer des mots je dévore des mots je produis comme si je jetais je jette tout le temps au fait je ne consomme pas nous ne consommons pas nous jetons nous ne recyclons plus rien ne peut être consommé il n’y a plus rien à consommer nous inventons nous produisons des produits fake bons à jeter nous produisons des déchets qui ne peuvent plus être consommés il n’y a rien à consommer en eux ce sont des produits à jeter la production jette produit des déchets je consomme je participe au cycle du Déchet de l’Artificiel la nature n’offre plus rien le naturel est épuisé la nature est un luxe nous promenons les ordures d’un côté à l’autre comme des fous nous déplaπons des flux réglementés des ordures inconsommables des restes résidents le déchet ne peut pas être éliminé jeté nous ne pouvons pas nous débarrasser des ordures elle ne sont pas recyclables il y a voilà des choses éternelles au monde que faire avec on les promène on les déplace on les agite on les transforme on les mélange on les masque les unes dans les autres l’inconsommable c’est le monde même nous sommes résistants inéliminables parce que nous sommes totalement artificiels en matière plastique nous nous mangeons entre nous les uns les autres réglementé le capitalisme est digestion impossible l’intestine doit être prolongé à l’infini les masses plastiques du monde masses critiques plastiques Reportage sur les matelas de l'avenir J ’ai vu, une nuit, tard, à la télé, un reportage sur les matelas. Et dans ce domaine mineur seulement en apparence, mais si proche, si immédiat, si familier que nous ne le voyons pas, nous ne le sentons pas, et dont, justement, il ne faut point être conscient, car il est le support même de nos rêves, les recherches sont continues et extraordinairement intenses. Il y ont eu des révolutions dans le domaine inconnu, d’au-deçà de nous, des matelas. Je suis allé me coucher avec la pensée, chaude, de l’avenir éloigné, pénétré par une légère nostalgie : mes descendants, gens de l’avenir, dormiront mille fois mieux, de manière plus « qualitative » que moi-même ! Ils dormiront de manière extraordinaire. Ils ne sentiront plus rien. EX PONTO NR.3, 2009 35
EX PONTO NR.3, 2009 36 Sinon, au fait : ils se sentiront extraordinairement bien, ils sentiront positivement, de faπon proéminente, le Bien, comme disait De Quincey sur Kant, en décrivant, justement, la technique, l’art de dormir de celui-ci (en s’auto - enveloppant, comme un nouveau-né) et le fait qu’il se réjouissait, à proprement parler, comme seulement un grand philosophe le peut faire, prophétique pour l’entière humanité, d’une sensation perceptible de santé (non pas comme absence du mal, de la souffrance, mais comme présence marquée de la non - souffrance 1 ). L'avenir sera philosophique ! Mes descendants dormiront mille fois mieux que moi, ils vivront le Bien, tandis que je dormirai purement et simplement, aussi bien qu’eux, mais sans sentir plus rien. Quelle merveille, positiver la mort, la transformer en un état de bien, l’introduire, banalement, dans la vie, en tant que le Plaire suprême. Oui, dans l’avenir le Bien, le Suprême, mais le si abstrait, l’impersonnel, l’insensible Bien pourra être vécu immédiatement comme Plaire. L’apparition, enfin, du Plaire dans l’histoire, comme matérialisation concrète, immédiate, palpable du Bien. La Plaire ! L’avenir de l’humanité sera agréable, sera le Plaire même. Comme j’envie les gens de cet avenir merveilleux ! Et tout grâce aux banals, humbles matelas, aux recherches furibondes, elles aussi vraiment philosophiques, dans le domaine des matelas ! Ça, c’est du travail au service de l’humanité ! Les matelas de l’avenir seront bien plus mous, ils prendront, comme des êtres vivants et proches, intimes, la forme de notre corps, ils nous envelopperont sans se déformer. Ils seront des objets moraux. Nous ne sentirons plus rien, aucune opposition, tout se voûtera en disparaissant autour de nous, en nous engageant à rêver. La Vie sera, finalement, et surtout, de fa“on non - baroque, sans ombres et contorsions, Rêve. Nous vivrons exclusivement pour rêver et pour nous réaliser directement, immédiatement, les rêves. Il n’y aura plus de télévision, plus de displays, nous ne verrons plus, de manière duale, passive, en séparation, emprisonnes dans l’Extérieur, condamnés à l’extériorité, comme (jusqu’) à présent, en rupture, rien. Nous rêve-vivrons tout, tout le temps : « comme en rêve », en images sur nous-mêmes en tant que notre monde à nous. L’image proprement dite disparaîtra, en devenant réalité permanente, justement, éphémère, parce que rien ne doit durer, justement la durée des choses est « la terreur de l’histoire » et la fatalité, comme (jusqu’) à présent, tout doit être toujours améliorable, d’une seconde à l’autre, nous vivons pour réaliser effectivement le Progrès, le Mieux permanent, le Plaire infini. Et tout, grâce aux matelas de l’avenir ! Aucune opposition, aucune sensation : tout mou et adéquat, passif, se soumettant à nous automatiquement, de soi-même, nous recevant, nous acquerrant, hospitalité universelle (autre rêve philosophique qui sera finalement accompli !), plus rien ne s’opposera à nous, nous aurons vaincu toute opposition. Tout disparaîtra. Pouvoir immédiat, agréable, sensation de bien sans, justement, support, parce que la sensation de bien est justement crée par la disparition de la réalité. Nous évoluerons dans un vide concentrique, dont nous serons le centre chaud d’irradiation. Nous nous tiendrons chaud à nous mêmes par l’intermédiaire d’un monde réfractant, mais pas réfractaire. Tout autour de nous se propagera un vide accueillant. L’environnement même disparaîtra. L’art, la technique de la disparition.
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capitalistes sur leurs épaules pèse le sort de l’entière humanité et nous les<br />
critiquons ingrats myopie seule la consommation produit il faut consommer<br />
par devoir civique par patriotisme planétaire par responsabilité pour le sort<br />
immédiat de l’humanité et toutes ces choses je les vois elles sont visibles<br />
mieux que n’importe où ici maintenant en Roumanie à la télé ce qui se passe<br />
n’est aucune aberration aucun accident mais l’auto - règlement du système<br />
la gueuserie sauve la Roumanie l’Est sauve équilibre l’Ouest mais qui dirait<br />
ouvertement de telles paroles qui néanmoins n’ont rien de désagréable de<br />
dangereux de subversif si on reconnaissait peut-être on serait heureux apaisé<br />
tu regardes et tu gagnes je regarde et nous gagnons tous tant qu’il nous faut<br />
pour pouvoir continuer de regarder consommer vivre pour produire consommer<br />
en consommateur humaniste humanisme de consommation logique de<br />
l’agglomération de l’amassement du stockage j’écris hypermarket<br />
l’hypermarché comme poème j’écris en consommant pour consommer des<br />
mots je dévore des mots je produis comme si je jetais je jette tout le temps<br />
au fait je ne consomme pas nous ne consommons pas nous jetons nous ne<br />
recyclons plus rien ne peut être consommé il n’y a plus rien à consommer<br />
nous inventons nous produisons des produits fake bons à jeter nous produisons<br />
des déchets qui ne peuvent plus être consommés il n’y a rien à consommer<br />
en eux ce sont des produits à jeter la production jette produit des déchets je<br />
consomme je participe au cycle du Déchet de l’Artificiel la nature n’offre plus<br />
rien le naturel est épuisé la nature est un luxe nous promenons les ordures<br />
d’un côté à l’autre comme des fous nous déplaπons des flux réglementés des<br />
ordures inconsommables des restes résidents le déchet ne peut pas être<br />
éliminé jeté nous ne pouvons pas nous débarrasser des ordures elle ne sont<br />
pas recyclables il y a voilà des choses éternelles au monde que faire avec<br />
on les promène on les déplace on les agite on les transforme on les mélange<br />
on les masque les unes dans les autres l’inconsommable c’est le monde<br />
même nous sommes résistants inéliminables parce que nous sommes<br />
totalement artificiels en matière plastique nous nous mangeons entre nous<br />
les uns les autres réglementé le capitalisme est digestion impossible l’intestine<br />
doit être prolongé à l’infini les masses plastiques du monde masses critiques<br />
plastiques<br />
Reportage sur les matelas de l'avenir<br />
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’ai vu, une nuit, tard, à la télé, un reportage sur les matelas. Et dans<br />
ce domaine mineur seulement en apparence, mais si proche, si<br />
immédiat, si familier que nous ne le voyons pas, nous ne le sentons pas, et<br />
dont, justement, il ne faut point être conscient, car il est le support même de<br />
nos rêves, les recherches sont continues et extraordinairement intenses. Il<br />
y ont eu des révolutions dans le domaine inconnu, d’au-deçà de nous, des<br />
matelas.<br />
Je suis allé me coucher avec la pensée, chaude, de l’avenir éloigné,<br />
pénétré par une légère nostalgie : mes descendants, gens de l’avenir,<br />
dormiront mille fois mieux, de manière plus « qualitative » que moi-même !<br />
Ils dormiront de manière extraordinaire. Ils ne sentiront plus rien.<br />
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