Nr. 1 (10) anul IV / ianuarie-martie 2006 - ROMDIDAC

EX PONTO NR.1, 2006
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original de l’époque. Cette ascension est plus ou moins rapide, soit qu’elle
s’arrête à la première génération, au niveau du fonctionnaire moyen ou l’instituteur,
soit qu’elle mène les sujets les plus brillants jusqu’aux Grandes Ecoles
et aux concours administratifs. En vérité, la réussite se révélait trop souvent
difficile à atteindre pour les jeunes modestes ayant bénéficié d’une éducation
supérieure à leur position sociale et dépourvus de relations. Ces jeunes sont
une sorte de déracinés culturels dont les ambitions dépassent les moyens.
S’ils n’aboutissaient pas à l’acceptation morose d’un destin médiocre comme
celui de Maréchal, cela pouvait conduire à la révolte sociale ou au désespoir.
C’est le cas d’un autre personnage de Georges Ohnet, Jules Bricolier du roman
Dette de Haine. Bricolier est le secrétaire du banquier Samuel Bernheimer et
journaliste. Il est mécontent de son sort, envieux des richesses qui lui passent
entre les mains et prêt à toutes les bassesses pour de l’argent. La carrière du
boursier d’autrefois qui s’est hissé par ses mérites aux plus hautes fonctions
est un symbole, un mythe qui joue en France le rôle que joue, à la même époque,
le mythe d’une société ouverte offrant une chance à tous. Ohnet ne veut
pas briser cette confiance dans le progrès et dans la science qui convenait
parfaitement aux couches sociales nouvelles, toutes tendues vers l’avenir et
engrenées dans la „bataille de la vie”.
Les professions d’enseignants et d’employés sont directement liées à la
diffusion de l’enseignement tandis que celles d’architectes et d’ingénieurs dépendent,
en plus, du progrès scientifique et technique. Dans cette période, les
Grandes Ecoles gagnent une importance considérable. L’Ecole Polytechnique
préparait principalement aux carrières bureaucratiques et militaires tandis que
l’Ecole Centrale des Arts et Métiers accueillaient des étudiants préparant surtout
aux sciences appliquées dans les secteurs de la mécanique, de la chimie et de
l’électricité. Dans le monde de Ohnet, une place privilégiée est accordée aux
ingénieurs provenant de polytechnique et se consacrant à la métallurgie. Selon
son habitude, Ohnet choisit des cas extrêmes pour ses personnages comme
Pierre Delarue, fils d’une pauvre mercière, ancienne voisine des Desvarennes
qui se fait remarquer à l’école primaire du quartier par son intelligence précoce
et son application, gagne une bourse d’étude au concours de la Ville et peut
fréquenter le lycée sans rien coûter à sa famille. Il entre premier à l’Ecole
Polytechnique et semble promis pour une carrière brillante car l’instruction
supérieure et le diplôme de Grande Ecole, ouvrant les portes de situation de
prestige, peuvent permettre à un jeune homme sans ressources de s’intégrer
plus facilement à la moyenne et la haute bourgeoisie. Georges Ohnet
soutient l’utilité et la valeur de l’instruction publique ouverte, tout récemment,
aux femmes par la loi du 1880 qui a déterminé la création des lycées pour les
jeunes filles. Ainsi, Suzanne, fille du riche financier Hermann Herzog du roman
Serge Panine, obtient un brevet de capacité et se rend ridicule aux yeux de la
„bonne” société qui ne comprend pas à quoi bon tant de connaissances pour
une jeune fille destinée à avoir une grosse dot. Le préjugé bourgeois à l’égard
des femmes qui travaillent est encore particulièrement ancré au XIX é siècle.
Seulement la fonction des Postes et de l’instruction publique est acceptée à
l’élément féminin et cela en cas de nécessité extrême. En revanche, ceux qui
dans les classes moyennes sont appellés les „capacités” sont des groupes
de gens instruits, pourvus de diplômes dont le rôle dans la société grandit
et bénéficient du prestige de la science et de l’instruction comme moyen de
progrès de l’humanité. En considérant l’instruction et l’éducation en tant que
condition nécessaire et suffisante à l’amélioration de la société, Georges Ohnet
s’oppose à l’immobilisme conservateur et soutient l’évolution de la société. En