Nr. 1 (10) anul IV / ianuarie-martie 2006 - ROMDIDAC
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Ainsi, l’univers de Ohnet ressasse la leπon de Balzac, de Darwin et de la société de libre concurrence, c’est-à-dire la loi universelle de la lutte pour la survie. Les Batailles de la Vie illustrent éloquemment la règle de la société libérale: écraser ou être écrasé. Une fois la situation de survie dépassée, la bataille va avoir lieu en vue de l’ascension dans l’échelle sociale : en partant du niveau le plus bas de la petite bourgeoisie, nous assistons à la montée vers l’échelon supérieur de la „bonne bourgeoisie”. Cette montée peut être présentée de la faπon suivante: le premier échelon important consiste à passer de la classe ouvrière ou paysanne à la classe bourgeoise. C’est l’aspiration de tous ceux qui doivent durement gagner leur vie. D’ailleurs, l’augmentation en nombre de la bourgeoisie est l’une des caractéristiques principales de tout le XIX è siècle. Elle traduit une certaine perméabilité sociale, un lent processus de démocratisation prévue et regrettée par les classes dirigeantes. Cependant, cet accès au niveau social supérieur est un fait individuel: paysans, commerπants ou artisans savent que leur place dans la société ne dépend que de leur réussite personnelle, de leur travail et de l’intensité de leurs efforts. Ils savent que l’amélioration de leur situation ne dépend que d’eux-mêmes, ils n’existent que de solutions personnelles aux problèmes de l’ascension sociale. La nouvelle société bourgeoise accorde une grande importance à la réussite. Le travail individuel, acharné et incessant, doit permettre tout d’abord d’acquérir une certaine aisance et ensuite d’établir sa fortune. La bourgeoisie a pour idéal le progrès sur l’échelle social mais pour cette ascension le travail ne suffit pas, il doit être accompagné des facultés personnelles indispensables pour s’élever au-dessus du commun. De véritables dynasties bourgeoises se perpétuent dans les secteurs les plus dynamiques de l’époque : l’industrie, le commerce et la banque. Des hommes d’affaires ambitieux et modernes atteignent des fortunes et des rangs sociaux remarquables et démontrent par leur réussite individuelle que la promotion sociale est possible. Dans l’œuvre de Ohnet, ce sont des situations particulières et des interventions individuelles qui permettent aux personnages de gravir peu à peu l’échelle sociale. C’est le cas de Hérault, dans Volonté, le contremaître de l’usine du Glandier crée en 1814 par le comte Bernard de Graville pour laminer le cuivre qui sert à blinder les quilles des navires et fabriquer des chaudières pour les bateaux à vapeur. Ce contremaître était un gars de trente ans, très intelligent mais illettré qui, en échange, avait des aptitudes extraordinaires pour la mécanique. Il avait inventé une soupape automatique d’une simplicité extrême mais qui avait beaucoup améliorer la production. Ambitieux et conscient de ses possibilités, Hérault rêve d’aller s’installer au Havre ou même à Paris où les idées poussent et rapportent gros. Dans ce but, il économise pour se faire un petit capital et devenir, à son tour, patron. „Devenir patron” c’est l’ambition de tous ceux qui travaillent durement. Mais, être patron implique plus qu’un savoir faire, cela implique un savoir gérer, un savoir organiser et un savoir diriger s’opposant au savoir exécuter qui caractérise les milieux populaires, ouvriers et petits employés. Dans l’intérêt de son avenir, Hérault refuse d’épouser Fifine Gandon, le jeune fille qui attendait un enfant de lui et qui ne pourrait représenter qu’on fardeau encombrant. Dans cette situation, Madame de Graville intervient et offre une dot de 3 mille francs à sa fille qui épouse Hérault ce qui permet à celui-ci de concilier amour et ambition. Au bout d’un an, riche et admis dans la classe bourgeoise, Hérault s’installe au Havre et exploite un générateur qui transforme très avantageusement les chaudières à vapeur. En dix ans, au prix d’efforts et de travail acharné, il a pu monter sur l’échelle sociale et EX PONTO NR.1, 2006 175
EX PONTO NR.1, 2006 176 devenir patron. On peut juger que même sans la dot de sa femme, Hérault aurait réussi dans la vie, mais il n’en reste pas moins qu’un pécule au départ ne peut qu’apporter une aide déterminante. Dans le roman Serge Panine il s’agit d’un personnage partant d’une condition sociale encore plus basse, Jean Cayrol, fils d’un paysan pauvre de Cantal, région située au milieu des rudes montagnes de l’Auvergne. Dès l’âge de huit ans, Cayrol avait été berger puis, il entre comme domestique chez un banquier de Brioude. Quand celui-ci part à Paris, Cayrol l’accompagne et, pendant quatre ans, il étudie le commerce et complète son instruction. Il est commis chez un négociant, puis il se fait admettre chez un agent de change. Cayrol possède un admirable flair des spéculations ce qui lui a beaucoup servi de manière qu’à vingt-huit ans on lui avait déjà confié le carnet d’ordre. Possédé par la rage de réussir, Cayrol travaille acharnement car il veut s’enrichir mais par des moyens honnêtes. L’intervention du destin aide l’ambition de Cayrol: Madame Desvarennes cherchait un banquier honnête et grâce à son aide financier il peut fonder sa propre banque. Tout comme Hérault, Cayrol doit son ascension sociale à une solution individuelle, c’est-à-dire l’intervention financière d’une tierce personne. Hérault et Cayrol ont pu sortir de la masse populaire dont ils faisaient partie à l’origine, grâce à leur travail obstiné : Hérault, grâce à son génie pour la mécanique, a pu créer son usine tandis que Cayrol, lui, dès son enfance a cherché dans l’étude le moyen de s’élever au-dessus de la condition de sa naissance. Leur volonté de réussir, leurs capacités personnelles étaient des vertus encouragées par la société franπaise de la fin du XIX è et début du XX è . En opposition à ces deux personnages qui ont monté l’échelle sociale par des moyens honnêtes, se trouve le personnage négatif du roman La Grande Marnière représenté par Juan Carvajan, fils d’un bas officier espagnol venu en France, en 1913. Intelligent, passionné et vindicatif, il jouissait d’une certaine instruction offerte pas sa famille. Vivant à Neuville, une petite ville de Normandie, il remarque vite que le commerce des grains est un puissant moyen d’action sur la population. Avec une grande finesse, il a prévu l’avènement de la bourgeoisie et il s’est décidé de se créer une situation importante dans le pays : il voulait être bourgeois, devenir riche et tenir tout l’arrondissement dans sa main. Autour de ces personnages, Georges Ohnet fait paraître certain type d’activités professionnelles caractérisant des milieux sociaux divers. Ainsi des boutiquiers, des employés ou petits commerπants qui se distinguent de la masse populaire, plus par leurs fonctions que par leurs revenus. Les métiers alimentaires, surtout, se situent à la lisière de la condition populaire et de l’insertion dans les classes moyennes. C’est pourquoi, lorsque le père Gatelier meurt, Carvajan reprend le commerce des grains à son compte et, actif et exact, parcourt le canton, visite les fermiers, offre de l’argent à ceux qui sont en gène financière en prenant pour gage les récoltes sur pied. De cette faπon, il réussit à mettre les bases d’une banque agricole dont il tire beaucoup de bénéfices financières et politiques. Le désir de Carvajan de s’enrichir n’est pas une noble aspiration de sortir de sa condition subordonnée et de jouir avec sa famille du bien-être de la vie, son désir est de dominer ses concitoyens et d’assouvir sa soif de vengeance d’une soi-disante humiliation soufferte de la part du marquis de Clairefont. Sous le chapeau de la politique, Carvajan instaure un régime de terreur sur la ville de Neuville et se comporte d’une manière abominable. Ici, ce n’est plus l’homme d’affaires honnête et travailleur qui réussit par ses propres efforts, mais du filoux rusé et avare qui exploite la misère des autres,
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devenir patron. On peut juger que même sans la dot de sa femme, Hérault<br />
aurait réussi dans la vie, mais il n’en reste pas moins qu’un pécule au départ<br />
ne peut qu’apporter une aide déterminante.<br />
Dans le roman Serge Panine il s’agit d’un personnage partant d’une condition<br />
sociale encore plus basse, Jean Cayrol, fils d’un paysan pauvre de Cantal,<br />
région située au milieu des rudes montagnes de l’Auvergne. Dès l’âge de huit<br />
ans, Cayrol avait été berger puis, il entre comme domestique chez un banquier<br />
de Brioude. Quand celui-ci part à Paris, Cayrol l’accompagne et, pendant<br />
quatre ans, il étudie le commerce et complète son instruction. Il est commis<br />
chez un négociant, puis il se fait admettre chez un agent de change. Cayrol<br />
possède un admirable flair des spéculations ce qui lui a beaucoup servi de<br />
manière qu’à vingt-huit ans on lui avait déjà confié le carnet d’ordre. Possédé<br />
par la rage de réussir, Cayrol travaille acharnement car il veut s’enrichir mais<br />
par des moyens honnêtes. L’intervention du destin aide l’ambition de Cayrol:<br />
Madame Desvarennes cherchait un banquier honnête et grâce à son aide<br />
financier il peut fonder sa propre banque.<br />
Tout comme Hérault, Cayrol doit son ascension sociale à une solution individuelle,<br />
c’est-à-dire l’intervention financière d’une tierce personne. Hérault<br />
et Cayrol ont pu sortir de la masse populaire dont ils faisaient partie à l’origine,<br />
grâce à leur travail obstiné : Hérault, grâce à son génie pour la mécanique,<br />
a pu créer son usine tandis que Cayrol, lui, dès son enfance a cherché dans<br />
l’étude le moyen de s’élever au-dessus de la condition de sa naissance. Leur<br />
volonté de réussir, leurs capacités personnelles étaient des vertus encouragées<br />
par la société franπaise de la fin du XIX è et début du XX è .<br />
En opposition à ces deux personnages qui ont monté l’échelle sociale par<br />
des moyens honnêtes, se trouve le personnage négatif du roman La Grande<br />
Marnière représenté par Juan Carvajan, fils d’un bas officier espagnol venu en<br />
France, en 1913. Intelligent, passionné et vindicatif, il jouissait d’une certaine<br />
instruction offerte pas sa famille. Vivant à Neuville, une petite ville de Normandie,<br />
il remarque vite que le commerce des grains est un puissant moyen<br />
d’action sur la population. Avec une grande finesse, il a prévu l’avènement<br />
de la bourgeoisie et il s’est décidé de se créer une situation importante dans<br />
le pays : il voulait être bourgeois, devenir riche et tenir tout l’arrondissement<br />
dans sa main.<br />
Autour de ces personnages, Georges Ohnet fait paraître certain type<br />
d’activités professionnelles caractérisant des milieux sociaux divers. Ainsi<br />
des boutiquiers, des employés ou petits commerπants qui se distinguent de<br />
la masse populaire, plus par leurs fonctions que par leurs revenus. Les métiers<br />
alimentaires, surtout, se situent à la lisière de la condition populaire et de<br />
l’insertion dans les classes moyennes. C’est pourquoi, lorsque le père Gatelier<br />
meurt, Carvajan reprend le commerce des grains à son compte et, actif et exact,<br />
parcourt le canton, visite les fermiers, offre de l’argent à ceux qui sont en gène<br />
financière en prenant pour gage les récoltes sur pied. De cette faπon, il réussit<br />
à mettre les bases d’une banque agricole dont il tire beaucoup de bénéfices<br />
financières et politiques. Le désir de Carvajan de s’enrichir n’est pas une noble<br />
aspiration de sortir de sa condition subordonnée et de jouir avec sa famille du<br />
bien-être de la vie, son désir est de dominer ses concitoyens et d’assouvir sa<br />
soif de vengeance d’une soi-disante humiliation soufferte de la part du marquis<br />
de Clairefont. Sous le chapeau de la politique, Carvajan instaure un régime<br />
de terreur sur la ville de Neuville et se comporte d’une manière abominable.<br />
Ici, ce n’est plus l’homme d’affaires honnête et travailleur qui réussit par ses<br />
propres efforts, mais du filoux rusé et avare qui exploite la misère des autres,