OPERE COMPLETE

352 AL. I. ODOBESCU
filles de la campagne; elle cornmencera par frunth verde lemn uscat!
(feuille verte, boic sec !), si le sens de la poésie est triste, eteainsi de suite.
Les hore, qui se chantent sur des airs de danse plus allegres, sont
des chansons de joie prOnant la boisson, les plaisirs faciles, et tombant
tres-souvent dans des obscenités incroyables chez un peuple dont les
mceurs ne sont pas du tout depravées. C'est sous un abri de feuillage
(umbrar), construit tous les etes devant les cabarets des villages, que
les ldutari cigani, et principalement le cobzar ou joueur de mandoline,
chantent le dimanche aux paysans attablés devant un cruchon (oala) de
yin nouveau, ces bouffoneries qui excitent l'hilarite de l'auditoire plus
ou moins excite par la boisson, pendant que les jeunes gens dansent
en rond dans la cour.
Les colinde ont surtouto un caractere religieux; ce sont des noels que
les jeunes villageois, reunis en bandes, chantent pendant les fetes de la
Nativite, du jour de l'an et de Paques, en allant féliciter dans sa maison
chacune des familles du village ; aussi sont-elles intitulees la Creche,
les Rois et l'Etoile, les Blanches fleurs d'Orient, la Place au paradis,
etc., ou bien la Charrue, le Richard, le Cheval du fiance, etc. Les refrains
de ces chansons ont, dans leur langue et dans les images qu'ils
rappellent, un caractere particulier d'archalsme.
Enfin les zicdtori ou ghicitori sont de petites énigmes en deux ou
trois vers, que Pon se donne a deviner dans les jeux du foyer.
M. Basile Alecsandri dit, dans la preface de son recueil, les mots suivants
(Trésors innappreciables de sentiments profonds, d'idees elevées,
de donnees historiques, de croyances superstitieuses, de traditions anciennes
et surtout de beautés poétiques pleines d'une originalite qu'on
trouve rarement dans les littératures etrangeres, nos poesies populaires
constituent un bien national digne d'etre mis en lumiere comme tan
titre de gloire pour la nation roumaine... Toutes ces poesies, sans date
et sans nom d'auteur, sont enfouies depuis des siecles, comme des
pierres précieuses, dans le sein du peuple roumain. Cependant elles sont
exposees a se perdre, et c'est un devoir sacc'e que je me suis impose
que de les rechercher et de les mettre a l'abri des atteintes du temps
et de l'oubli....
(Aide par plusieurs personnes, et surtout par M. A. Russo, jai recueilli,
pendant plusieurs excursions dans les montagnes et dans les champs
fleuris de notre patrie, une grande partie de ces poesies populaires, et
apres en avoir acheve la misc en ordre, je les dedie a mon pays comme
un trésor qui lui appartienty.
Paris, 1b67.
Extrase dia Catalogul special
al operei Notice sur la
Roumanie, 1864.