OPERE COMPLETE

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II serait trop long de détailler ici chacun de ces costumes; nous vou-
Ions seulement decrire, aussi succinctement que possible, les caracteres
généraux et tres varies des vêtements que porte le peuple roumain, et
qui se rattachent, d'un cOte, aux costumes des peuples d'origine latine
habitant le midi de l'Europe (Italie et Espagne), de l'autre, aux vêtements
usités dans des pays plus septentrionaux, peuples par les Slaves,
les Madgyares, et meme les Bretons. Par certains points aussi, ils se
rapprochent des costumes purement orienaux.
L'habillement des femmes consiste en une longue chemise de toile,
qui, tombant jusqu'aux chevilles, sert en meme temps de jupon. Se Ion
que cette chemise est froncee ou large au col et aux poignets, elle porte
le nom de cdmasd ou de lie. Elle est en toile de lin, de chanvre ou de
coton, tissée par les paysannes elles-m'ames ; maiE souvent aussi le haut
du corps est en gaze de soie (borangic). Des broderies de couleur, en
soies noire, blanche, rouge ou jaune, rehaussees de paillettes d'or ou
d'argent, ornent la poitrine et les manches, quelquefois meme les pans
inferieurs du vétement. C'est surtout dans la variéte de ces broderies
originates et dans l'harmonie des couleurs qui les composent, que consiste
l'elégance des costumes féminins. Deux tabliers en étoffe de laine
plus ou moins epaisse, et tissée ou brodée avec des dessins similaires,
retombent de la ceinture, par devant et par derriere. Celui de derriere,
qu'il soit fronce ou tendu, est toujours plus large : on l'appelle vdlnic,
cretinfa ou catrinfd ; l'autre est un carre oblong, pose sarks plis; il porte
les noms de soft fotd, zevelcd ou pestelcd. La ceinture (brdu), qui rattache
ces deux tabliers, est en laine, ordinairement rcmge, et fait plusieurs
fois le tour de la taille. On la recouvre le plus souvent de nombreuses
bandelettes tissées en laines des couleurs variées et rehaussêes
de paillettes et de petits perles ; ces especes de bandelettes, qui sont
portees par les deux sexes, forment un des principaux ornements du
costume de villageois ; on les appelle bete, et les jeunes gens de Ia campagne
s'en parent la taille et les genoux, en laissant Hotter les bouts,
charges de perles.
Les jeunes filles portent la tete nue et les cheveux partages en deux
larges tresses qui tombent par derriere, attachées par de nombreux rubans
(panglice, coraele); quelquefois elles metent des fleurs naturelles
ou artificielles dans les cheveux; des boucles d'oreilles et de nombreux
colliers ,z:n sequins (salbe) et en perles (mitrgele), ornent leur tete, leur
cou et leurs bras. Les femmes mariees se cachent les cheveux sous de
longs voiles en lin ou en gaze de soie blanche ou jaune (marame, stergare,
cdrpe) qu'elles ram énent de la facon la plus gracieuse, autour de
la figure, en laissant Hotter les bouts, par devant et par derriere. Darks
certaines localites, elles portent aussi, sous ce voile, des especes de couronnes
en etoffe ou en sequins (condu, cunund), qui forment sur leur