Métodos Projetivos e Avaliação Psicológica - BVS Psicologia ...

446Expérience du jeu et hallucinationLa problématique du jeu, on le sait, ne peut être séparée de celle de l'objet, etde la prise de position subjective dans l'expérience de la rencontre avec l’objet. Lespropositions de D.‐W. Winnicott sur l'objet trouvé‐créé et sur les conditionsd'instauration de cet objet insistent sur l'engagement fondateur du jeu dansl'établissement des liens de l'enfant avec son environnement. On ne peut couperl'expérience du jeu d'une autre expérience, plus archaïque, qui est celle del'hallucination. D'une certaine manière, le modèle de l'hallucination (S. Freud, 1900),construit à partir de l'expérience de la satisfaction, croise cette première conceptionde l'objet : pour que l'objet soit investi par la psyché, il y a nécessité, pourrait‐on dire,qu'il soit désiré par lui. Ainsi, c'est de la rencontre entre un objet qui se présente (pourreprendre la formulation de D.‐W. Winnicott de l’object presenting) et un sujet entension vers un autre, que s'inaugure l'espace d’une intériorisation potentielle, lecreusement d'une profondeur de la vie psychique et l’instauration d’une épaisseur(d’un volume) permettant d'accueillir l'altérité de l'objet.Dans le modèle de l'hallucination, la tension s’origine de l’expérience del'absence : absence du sein de la mère, absence de la satisfaction du désir. Laconstruction de l'objet et, au‐delà, son intériorisation, viserait alors à pallier l'absence.Le creusement d'une intériorité propre à accueillir l'objet et ses qualités procède de lanécessité de différer une rencontre. L'hallucination vise à construire au‐dedans, ce quifait défaut au‐dehors. La première expérience de jeu accessible à une élaborationsecondarisée s’établit tout en même temps dans l’écart qui s'instaure entre ces deuxtopiques (différenciation dedans ‐ dehors), et dans la reconnaissance de l'adéquationentre la production de l'enfant (l'image hallucinée) et l'expérience de la réalité interne(matérialisée par le retour du sein de la mère). Là se situe le paradoxe au sein duquelD.‐W. Winnicott (1971) nous propose de travailler : c’est de l'absence de l'objet quenaît l'objet, c'est de sa création interne à la psyché que dépend une potentiellerencontre dans la réalité externe. L'objet n'est pas donné en‐soi, il se construit enappui sur les expériences proposées par l'environnement. On peut dire que le jeu vacontenir fondamentalement pour l'enfant une fonction de dégagement, d'échappée àl’égard de la situation de chaos et d'indifférenciation des expériences primaires. Au