Métodos Projetivos e Avaliação Psicológica - BVS Psicologia ...

391d'une façon tout à la fois nouvelle et réactualisée au fait du manque et del'incomplétude, de l'inéluctabilité de la finitude, du désenchantement del'inachèvement.« Depuis que je ne peux plus fumer librement, je ne veux rien écrire non plus, oupeut‐être est‐ce que je me sers seulement de ce prétexte pour cacher l’incapacitéapportée par l’âge » confie Freud, âgé de 79 ans, à Arnold Zweig (Freud et Zweig,1927‐1939, p.145). Un an plus tard, il écrit à Romain Rolland : « J’ai dix ans de plus quevous ; ma production est tarie. Ce que je puis finalement vous offrir n’est que le dond’un homme appauvri, ayant jadis connu "des jours meilleurs" » (1936, p.221). Lamême année, plusieurs personnalités éminentes écrivent un texte à l’occasion de sonquatre‐vingtième anniversaire ; Freud en parle ainsi à Stefan Zweig : « Le beaumessage que vous avez composé de concert avec Thomas Mann et le discours de celuicià Vienne ont été les deux événements qui pouvaient me réconcilier avec le faitd’avoir atteint un si grand âge. En effet, quoique j’aie été exceptionnellement heureuxdans mon foyer avec ma femme et mes enfants et, en particulier, avec une fille quirépond dans une mesure rare aux exigences d’un père, je ne puis néanmoinsm’habituer aux misères et à la détresse de la vieillesse, et j’envisage, avec une sorte denostalgie, le passage au néant. Mais je ne puis épargner aux autres que j’aime ladouleur de la séparation » (1873‐1939, p.468). Ces phrases fortes nous font rencontrerun Freud vulnérable, inquiet, qui dénonce le tarissement de ses sources vives,l’intransigeance d’un vieillissement qui dépossède et qui, jusqu’à l’ultime seconde,oblige à endurer un travail amer de séparations à envisager, de confrontation à uneimage de soi démuni, moins capable.Cette réalité externe de l’expérience du temps qui passe rencontre en desmodalités toujours singulières la réalité interne de chacun, la capacité d’envisager lechangement, de traiter la perte, mobilisant en des figures variées angoisse decastration et fantasme de passivité, angoisse d’intrusion et fantasme de passivation(Green, 1999), dont les échos narcissiques sont d’intensité fort diverse :Le psychanalyste Martin Grotjohn témoigne : « Je me sens vieillard. Je netravaille plus, ne me promène plus. C’est étrange, mais cela m’est égal. Soudain,cinquante ans de travail me suffisent. […] Aux autres de prendre la relève. […] Je