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Jan NAERT (UGent) Studiedag voor jonge historici – Eerste Wereldoorlog – Tweede Wereldoorlog Journée d’étude “jeunes historiens” – Première Guerre mondiale – Seconde Guerre mondiale Le Front gantois de l’Indépendance dans les années d’après-guerre. “Une victoire sans lendemain ?”. Que peut apporter à la connaissance de la résistance durant la Deuxième Guerre mondiale une étude sur un groupement “marginal” de résistance d’une ville de province comme Gand, qui plus est durant l’après-guerre ? La réponse est plus complexe qu’il n’y paraît. Il n’était pas dans mon intention de traiter du Front gantois de l’Indépendance “en soi” mais bien de relier les larges développements sociaux avec la micro histoire du Front gantois de l’Indépendance. Cette question concerne la place d’un groupement de résistance comme l’était (ou voulait l’être) le Front gantois de l’Indépendance dans la Flandre d’après-guerre. Une étude de terrain a été réalisée dans un champ à peine défriché, à savoir l’histoire d’après-guerre d’un mouvement de résistance. Avant de poursuivre une question se pose : qu’est ou qu’était le Front (gantois) de l’Indépendance ? En résumé, le Front de l’Indépendance était, à l’origine, un groupement de résistance pendant la Seconde Guerre mondiale qui, au départ, a vu le jour sous l’impulsion du Parti communiste. C’était la force motrice pour ériger au niveau national un large front patriotique. Il faut insister sur son ouverture à tous les “démocrates” qui voulaient s’opposer à l’occupant fasciste et nazi. Plus spécifiquement, au Front gantois de l’Indépendance, la lutte des classes révolutionnaire fut temporairement mise au placard (ce qui fut moins le cas dans d’autres régions). Concrètement, pour le Front gantois de l’Indépendance, on peut parler d’un rassemblement de libéraux, socialistes, communistes et par-ci par-là même un catholique égaré, qui se regroupent contre l’occupant allemand. Malgré cela, l’engagement du camp communiste reste très grand. Cela a conduit à ce que beaucoup, tant pendant qu’après la guerre, ont vu dans le Front de l’Indépendance une organisation communiste. Avant d’esquisser nos résultats, il est nécessaire de s’arrêter sur les causes d’un certain nombre de conclusions. Compte tenu de limitations inattendues dans les sources, le sujet ici traité a dû être considéré dans une optique différente. Les archives et les sources s’y rapportant n’ont pu être retrouvées, ce qui a permis d’éviter une approche institutionnelle “ennuyeuse” du sujet. Il s’en suit que l’étude s’appuie, d’une part, sur une forte approche prosopographique et, d’autre part, sur le peu d’archives restantes, et donc fragmentaires, du Front de l’Indépendance ainsi que sur la revue qu’il publiait pour ses membres. Les résultats sont, pour plusieurs raisons, surprenants. Une première constatation est que le Front “communiste” de l’Indépendance à Gand semble être pluraliste. Les différentes forces politiques étaient unies dans la lutte contre l’occupant nazi. Cette composition pluraliste a continué d’exister après l’occupation. Mais ce consensus crucial du temps des années d’occupation disparaît très vite après les journées de septembre 1944. Ce n’étaient pas tant des divergences politiques qui ont séparé les membres du Front gantois de l’Indépendance, que les relations sous-jacentes entre différentes tendances. Parmi d’autres, la lutte pour la reconnaissance fut une grande pomme de discorde. Des dossiers en vue de la reconnaissance ont été adaptés ou ont simplement disparus. 36

Studiedag voor jonge historici – Eerste Wereldoorlog – Tweede Wereldoorlog Journée d’étude “jeunes historiens” – Première Guerre mondiale – Seconde Guerre mondiale La deuxième et plus importante trouvaille est qu’une partie importante du Front gantois de l’Indépendance (une tendance plus intellectuelle) peut être rattachée à une plus large résistance “sociale”. Le souhait d’un renouveau social et politique était inhérent chez les plus importants animateurs du Front gantois de l’Indépendance. Ils mettent l’attention sur différents aspects de la société flamande/belge. De quoi s’agit-il concrètement ? D’un appel indirect pour “transcender” la pilarisation dominante à la lutte contre la puissante position de l’église dans la “Flandre catholique”. La forte présence laïque (presque anticléricale), qui n’empêchait pas la présence de croyants au Front gantois de l’Indépendance, a été incarnée par le professeur, biologiste et laïc Lucien De Coninck. Une présence clairement “flamande” se retrouve dans le Front gantois de l’Indépendance. Achilles Mussche, Albert Maertens, Karel Poma… en sont de bons exemples. Leur caractère démocratique et progressif affirmé allait de pair avec leur sentiment flamand. Autonomie culturelle et émancipation du peuple flamand constitueront durant toute leur vie des chevaux de bataille. Après la libération du pays, chacun s’y consacrera à sa manière. Il me semble que cette lutte sociale plus large n’a pas commencé ou stoppé avec la formation et la désintégration du Front gantois de l’Indépendance. Cette résistance politique/idéologique et principalement civile contre la doctrine nazie est une suite (logique) des valeurs démocratiques et tolérantes déclarées qu’ils incarnaient. Avant la guerre, ces valeurs trouvaient à s’exprimer dans les organisations antifascistes et les mouvements étudiants laïcs, progressifs et flamands. Cet engagement a été poursuivi durant l’occupation au sein de la seule organisation de résistance qui promouvait autant de valeurs diverses, à savoir le Front de l’Indépendance. Après la libération, on voit rapidement que les structures sociales dominantes vident le Front de l’Indépendance de son énergie, et ce également à Gand. Le Front de l’Indépendance a encore été vu, à Gand, dans les premières années suivant la libération, par quelques protagonistes comme un moyen de changement social. Lorsque le mouvement s’est marginalisé, chacun a continué la lutte à sa manière au moyen d’autres initiatives, selon leurs priorités personnelles. Cela ne concerne qu’une certaine partie du Front gantois de l’Indépendance. D’autres tendances voyaient, au départ, le Front gantois de l’Indépendance comme un moyen de représenter les résistants et de les défendre. Les communistes (militants) percevaient le Front (gantois) de l’Indépendance davantage comme une cinquième colonne qui assistait le Parti communiste et son Front populaire. Après avoir fait le total des engagements d’après-guerre qui motivaient les plus importants de ses membres, il me semble que l’on peut conclure que l’influence guerre du Front de l’Indépendance n’est pas négligeable. Le Front de l’Indépendance à Gand, en tant que groupement, était en soit “marginal”. Mais ses membres et leur parcours individuels ne l’étaient pas, pas plus que leurs idées qui se sont formées ou renforcées au sein du Front de l’Indépendance. Ils étaient à tout le moins “exceptionnels”. 37

Jan NAERT<br />

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Studiedag voor jonge historici – Eerste Wereldoorlog – Tweede Wereldoorlog<br />

Journée d’étude “<strong>jeunes</strong> <strong>historiens</strong>” – Première Guerre mondiale – Seconde Guerre mondiale<br />

Le Fr<strong>ont</strong> gantois de l’Indépendance dans <strong>les</strong> années d’après-guerre.<br />

“Une victoire sans lendemain ?”.<br />

Que peut apporter à <strong>la</strong> connaissance de <strong>la</strong> résistance durant <strong>la</strong> Deuxième Guerre mondiale une<br />

étude sur un groupement “marginal” de résistance d’une ville de province comme Gand, qui plus<br />

est durant l’après-guerre ? La réponse est plus complexe qu’il n’y paraît.<br />

Il n’était pas dans mon intention de traiter du Fr<strong>ont</strong> gantois de l’Indépendance “en soi” mais bien<br />

de relier <strong>les</strong> <strong>la</strong>rges développements sociaux avec <strong>la</strong> micro histoire du Fr<strong>ont</strong> gantois de<br />

l’Indépendance. Cette question concerne <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce d’un groupement de résistance comme l’était<br />

(ou vou<strong>la</strong>it l’être) le Fr<strong>ont</strong> gantois de l’Indépendance dans <strong>la</strong> F<strong>la</strong>ndre d’après-guerre. Une étude de<br />

terrain a été réalisée dans un champ à peine défriché, à savoir l’histoire d’après-guerre d’un<br />

mouvement de résistance. Avant de poursuivre une question se pose : qu’est ou qu’était le Fr<strong>ont</strong><br />

(gantois) de l’Indépendance ?<br />

En résumé, le Fr<strong>ont</strong> de l’Indépendance était, à l’origine, un groupement de résistance pendant <strong>la</strong><br />

Seconde Guerre mondiale qui, au départ, a vu le jour sous l’impulsion du Parti communiste.<br />

C’était <strong>la</strong> <strong>for</strong>ce motrice pour ériger au niveau national un <strong>la</strong>rge fr<strong>ont</strong> patriotique. Il faut insister sur<br />

son ouverture à tous <strong>les</strong> “démocrates” qui vou<strong>la</strong>ient s’opposer à l’occupant fasciste et nazi. Plus<br />

spécifiquement, au Fr<strong>ont</strong> gantois de l’Indépendance, <strong>la</strong> lutte des c<strong>la</strong>sses révolutionnaire fut<br />

temporairement mise au p<strong>la</strong>card (ce qui fut moins le cas dans d’autres régions). Concrètement,<br />

pour le Fr<strong>ont</strong> gantois de l’Indépendance, on peut parler d’un rassemblement de libéraux,<br />

socialistes, communistes et par-ci par-là même un catholique égaré, qui se regroupent c<strong>ont</strong>re<br />

l’occupant allemand. Malgré ce<strong>la</strong>, l’engagement du camp communiste reste très grand. Ce<strong>la</strong> a<br />

conduit à ce que beaucoup, tant pendant qu’après <strong>la</strong> guerre, <strong>ont</strong> vu dans le Fr<strong>ont</strong> de<br />

l’Indépendance une organisation communiste.<br />

Avant d’esquisser nos résultats, il est nécessaire de s’arrêter sur <strong>les</strong> causes d’un certain nombre de<br />

conclusions. Compte tenu de limitations inattendues dans <strong>les</strong> sources, le sujet ici traité a dû être<br />

considéré dans une optique différente. Les archives et <strong>les</strong> sources s’y rapportant n’<strong>ont</strong> pu être<br />

retrouvées, ce qui a permis d’éviter une approche institutionnelle “ennuyeuse” du sujet. Il s’en suit<br />

que l’étude s’appuie, d’une part, sur une <strong>for</strong>te approche prosopographique et, d’autre part, sur le<br />

peu d’archives restantes, et donc fragmentaires, du Fr<strong>ont</strong> de l’Indépendance ainsi que sur <strong>la</strong> revue<br />

qu’il publiait pour ses membres. Les résultats s<strong>ont</strong>, pour plusieurs raisons, surprenants.<br />

Une première constatation est que le Fr<strong>ont</strong> “communiste” de l’Indépendance à Gand semble être<br />

pluraliste. Les différentes <strong>for</strong>ces politiques étaient unies dans <strong>la</strong> lutte c<strong>ont</strong>re l’occupant nazi. Cette<br />

composition pluraliste a c<strong>ont</strong>inué d’exister après l’occupation. Mais ce consensus crucial du<br />

temps des années d’occupation disparaît très vite après <strong>les</strong> journées de septembre 1944. Ce<br />

n’étaient pas tant des divergences politiques qui <strong>ont</strong> séparé <strong>les</strong> membres du Fr<strong>ont</strong> gantois de<br />

l’Indépendance, que <strong>les</strong> re<strong>la</strong>tions sous-jacentes entre différentes tendances. Parmi d’autres, <strong>la</strong> lutte<br />

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