les jeunes historiens ont la parole - Centre for Historical Research ...

Studiedag voor jonge historici – Eerste Wereldoorlog – Tweede Wereldoorlog
Journée d’étude “jeunes historiens” – Première Guerre mondiale – Seconde Guerre mondiale
Pendant la guerre, les soldats de 14-18 attendent de la reconnaissance pour leurs actes. Au sortir
de la guerre, cette attente se transformera en revendication de reconnaissance. Nous entendons
donc comprendre les mécanismes du besoin de reconnaissance d’un groupe particulier, celui des
combattants, pendant une période de crise. Pour ce faire, le système d’octroi de décorations et les
formes d’adhésions et de critiques qu’il suscite, ont été étudiés à travers diverses sources : les
Ordres journaliers de l’armée, les rapports sur le moral des troupes, les écrits publiés et non
publiés et les dossiers matricules de certains combattants, ainsi que certains travaux et de la
littérature d’anciens combattants.
Ainsi, pour ceux qui ont pris les armes, le domaine du symbolique occupe une place importante.
L’analyse de nos sources nous a montré que pendant et après la guerre, un certain nombre de
pratiques liées aux cadres mentaux et socioculturels du groupe combattant se tissent autour des
distinctions honorifiques. La question de l’honneur, par la forme strictement personnelle de ses
manifestations et de sa conscience, est un des moyens permettant de maintenir l’expérience du
groupe 4 . Ainsi, l’interaction entre individu et collectivité est incarnée par le discours de
l’attribution de distinctions honorifiques. Celle-ci homologue un individu de manière publique et
exemplaire 5 . Par sa signification, le “sacrifice du soldat” doit désormais être reconnu par la
société. L’importance du symbole visuel est de surcroit un fait et sera déterminante pour la
création d’autres décorations durant l’entre -deux-guerres.
En somme, nos recherches contribuent à l’historiographie sociale et culturelle de la Grande
Guerre, qui connait depuis une vingtaine d’années un incroyable regain d’intérêt en Europe 6 .
Ainsi, notre thématique tend vers une histoire plus large : celle des représentations à travers les
dimensions de la mémoire et de l’aspect culturel. Nous touchons à l’histoire de la mémoire dans la
mesure où nous analysons les représentations collectives d’un groupe à travers les distinctions
honorifiques, et par là son identité en considérant que cela n’est pas figé dans un passé assurément
résolu, mais qu’il évolue au contraire pour se rejouer dans le présent. De surcroît, notre sujet
s’incarne au sein de l’histoire culturelle dans le sens où ces représentations visent ici à rendre
compte tout à la fois des constructions symboliques de différents groupes sociaux, des pratiques
qui manifestent une identité sociale et des institutions qui attestent de façon stable l’existence de
ces groupes 7 .
De la sorte, la problématique de notre mémoire est innovante dans le sens qu’à notre
connaissance, aucune autre recherche n’a été faite quant au rôle des distinctions honorifiques sur
le sentiment de reconnaissance des soldats envers la patrie à travers les sources étudiées.
4
G. SIMMEL, Sociologie. Études sur les formes de socialisation [1908], Paris, 1992, p. 529.
5
M.-A. PAVEAU, “Citation à l’ordre et croix de guerre. Fonctions des sanctions positives dans la guerre de
1914-1918”, in R. CAZALS, E. PICARD, D. ROLLAND (dir.), La Grande Guerre. Pratiques et expériences,
Toulouse, 2005, p.251.
6
N. MIGNON, Les Grandes Guerres de Robert Vivier (1894-1989). Mémoires et écritures du premier conflit
mondial en Belgique, Paris, 2008, p.7.
7
L. VAN YPERSELE, P. RAXHON, “De l’histoire des mentalités à l’histoire culturelle”, in Questions d’histoire
contemporaine: conflits, mémoire et identité, Paris, 2006, p. 11-30.
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