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tout un chacun dans la société civile,
selon les normes de la paix retrouvée. Une
paix que l’on sentait fragile, et qui ne lui
procura pas vraiment la place à laquelle
il croyait pouvoir prétendre. Tandis que
Stéphanie Claisse s’intéresse de près à
la quête de reconnaissance matérielle et
symbolique des ex­résistants, groupés en
associations corporatives et bientôt figés,
à travers quelques­unes de leurs figures
les plus emblématiques, dans la pierre
et le bronze par la grâce de la statuaire,
Laurence van Ypersele évalue pour sa
part la portée de leurs actions passées
sur la mémoire collec tive durant l’Entredeux­guerres.
Une cho se est certaine :
malgré leurs regrets et leurs frustrations
devant le relatif déficit de re connaissance
publique, leur geste patrio tique – passio et
martyre inclus – a contri bué à revaloriser
l’image de l’espion… pour peu qu’il ait
combattu dans le bon camp. Dans les
années trente, les illusions de Locarno
dissipées, toute une littérature patriotique
destinée à remobiliser les consciences face
à une Allemagne nazifiée et menaçante,
fera largement usage de sa figure du
côté francophone en la parant de vertus
éminemment positives.
D’une certaine manière, ce souvenir héroïsé
de 1914­1918 servira de stimulant,
sinon de catalyseur à la résistance de
l’automne 1940, animée plus d’une fois
par des ‘an ciens’ qui avaient repris du
service (Wal thère Dewé, Camille Joset,
Victor Moreau, Madeleine Merjay, etc…,
etc…) suivi par des éléments d’une jeune
génération décidés à reprendre le sillon
abandonné vingt­deux ans auparavant par
les ‘grands ancêtres’.
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12 adolphe Goutard, 1940. La guerre des occasions perdues, Paris, Hachette, 1956.
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Que dire encore de cette histoire exposée
avec mesure et exhaustivité si ce n’est que,
par ses qualités intrinsèques, elle pourra
servir de source d’inspiration pour des
recherches ultérieures sur d’autres thématiques
liées au premier conflit mon dial.
Alain Colignon
karl-heinZ Frieser
«Le mythe de la guerre-éclair. La campagne
de l’Ouest de 1940»
Paris, Belin, 2003, 480 p.
Au bout du compte, la campagne victorieuse
menée par la Wehrmacht en maijuin
quarante aura sans doute fait couler
autant d’encre que de sang. Une bonne
soixantaine d’années plus tard, les écrits
la concernant – des mémoires peu ou
prou apologétiques aux approches les
plus scientifiques jusqu’aux œuvres de
syn thèse – se comptent par dizaines dans
le seul domaine de la langue française,
pour ne rien dire des contributions plus
menues (ou plus spécifiques) diffusées
dans des re vues spécialisées. Tout n’est
naturellement pas d’égale valeur et, depuis
la recherche décapante menée voici près
d’un demi­siècle par le colonel Goutard
12 , beaucoup d’approches se mirent à
présenter un petit air de ‘déjà vu’. Si elles
ne celaient plus vraiment les failles, à dire
vrai béantes, dans la conduite de la guerre
et dans l’ar mement des armées de la III e
République, elles en restaient d’ordinaire
à un exposé factuel des opérations, quitte
à braquer les projecteurs sur un champ
d’investigation plus spécifique ou encore
mal étudié : on ne sortait d’ordinaire pas
des ornières tra ditionnelles de l’histoire