N° 3, 2008 - Imso.be

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04.09.2013 Views

Il évoquait l’histoire d’un couple de musiciens de jazz, en Amérique, qui parcourait le pays avec succès, mais aussi la négligence de leur enfant, vus leurs déplacements continuels. Leur fille vint à contracter la polio et les parents, culpabilisés, se consacrèrent alors entièrement à ses soins. La rééducation à la marche qu’elle suivait au moyen d’appareillages m’avait ému et enthousiasmé ; comme j’étais en recherche d’orientation, je crois pouvoir dire que ma vocation est née ce jour‐là, avec en plus une adoration pour Louis Armstrong ! ‐ Mes origines et les chemins qui m’ont amené à Melsbroek Le fait d’avoir vu le jour un 4 janvier 1947 en Touraine (France) me vaut la nationalité française. Mais en fait les choses sont plus compliquées. Mon père était belge d’origine ardennaise (Redu, le village du livre dans la province du Luxembourg), ma mère, française, était de Reims. Mes parents se sont établis en France où donc je suis né dans une famille nombreuse (9 enfants dont deux fois des jumeaux). Pour l’anecdote j’ai un frère jumeau qui lui a fait ses études de kinésithérapie en France. Les choses se sont gâtées, lorsqu’à la suite d’une intervention chirurgicale banale, mais sous rachis‐anesthésie (c’était nouveau à l’époque), mon père a présenté des difficultés de marche. On a attribué cela à tort à une sclérose en plaques et c’est à Melsbroek que j’ai appris que cela faisait partie du diagnostic différentiel de la maladie. Donc lorsque j’étais tout jeune les difficultés matérielles de la famille ont fait que les enfants ont été un peu dispersés, par épisodes et principalement dans la perspective des études. C’est ainsi qu’à l’âge de 6 ans, je suis arrivé dans la famille de mon père à Redu. Je ne devais y rester que provisoirement pour l’école primaire et finalement je me suis retrouvé à Bure, en internat, pour y poursuivre le secondaire en latin‐grec (humanités anciennes). Pour la facilité des équivalences, j’ai continué en Belgique pour le supérieur en faisant mon graduat en kinésithérapie à l’ISCAM (Bruxelles). C’est en juillet 1968 que j’ai été engagé à la clinique et le fait, à l’époque, d’avoir encore à l’idée que mon père pouvait avoir la sclérose en plaques avait un peu guidé mon choix. En janvier 1969, je suis parti faire mon service militaire en France. C’est alors qu’Yvon Leroy a débuté à la clinique pour me remplacer. IMSO 2008/3 34

Au cours de mon service militaire que je passai comme infirmier au service de santé, je me suis porté volontaire pour partir trois mois au Gabon. C’était au moment du génocide biafrais. Le Biafra, province du Nigeria, voulait faire sécession. Cette tentative fut durement réprimée et les enfants survivants, affamés, étaient évacués vers Libreville où l’armée française avait monté un hôpital de campagne pour les recueillir et les soigner. À la suite de mon service militaire, j’ai pu reprendre le travail à Melsbroek et y retrouver mes anciens collègues. ‐ Et maintenant ? En 40 ans, bien sûr, les choses ont beaucoup changé ; les mentalités, la politique, en bon et en moins bon ; je ne me permettrai pas d’en juger. J’éprouve néanmoins toujours le même intérêt et enthousiasme pour mon travail et je puise cette force dans le courage et la volonté dont font preuve nos patients. Je me sens également toujours porteur du dynamisme et de la générosité à leur adresse qu’avait pu insuffler en son temps le fondateur de cette clinique. Le plus grand souhait que je puisse formuler, c’est qu’elle continue à accueillir nos patients encore longtemps et tous, sans distinction, comme il l’aurait sans doute souhaité ! IMSO 2008/3 35

Il évoquait l’histoire d’un couple de musiciens de jazz, en Amérique, qui<br />

parcourait le pays avec succès, mais aussi la négligence de leur enfant,<br />

vus leurs déplacements continuels. Leur fille vint à contracter la polio et<br />

les parents, culpabilisés, se consacrèrent alors entièrement à ses soins.<br />

La rééducation à la marche qu’elle suivait au moyen d’appareillages<br />

m’avait ému et enthousiasmé ; comme j’étais en recherche d’orientation, je<br />

crois pouvoir dire que ma vocation est née ce jour‐là, avec en plus une<br />

adoration pour Louis Armstrong !<br />

‐ Mes origines et les chemins qui m’ont amené à Melsbroek<br />

Le fait d’avoir vu le jour un 4 janvier 1947 en Touraine (France) me vaut<br />

la nationalité française. Mais en fait les choses sont plus compliquées.<br />

Mon père était <strong>be</strong>lge d’origine ardennaise (Redu, le village du livre dans<br />

la province du Luxembourg), ma mère, française, était de Reims.<br />

Mes parents se sont établis en France où donc je suis né dans une famille<br />

nombreuse (9 enfants dont deux fois des jumeaux). Pour l’anecdote j’ai un<br />

frère jumeau qui lui a fait ses études de kinésithérapie en France.<br />

Les choses se sont gâtées, lorsqu’à la suite d’une intervention chirurgicale<br />

banale, mais sous rachis‐anesthésie (c’était nouveau à l’époque), mon père<br />

a présenté des difficultés de marche. On a attribué cela à tort à une sclérose<br />

en plaques et c’est à Melsbroek que j’ai appris que cela faisait partie du<br />

diagnostic différentiel de la maladie. Donc lorsque j’étais tout jeune les<br />

difficultés matérielles de la famille ont fait que les enfants ont été un peu<br />

dispersés, par épisodes et principalement dans la perspective des études.<br />

C’est ainsi qu’à l’âge de 6 ans, je suis arrivé dans la famille de mon père à<br />

Redu. Je ne devais y rester que provisoirement pour l’école primaire et<br />

finalement je me suis retrouvé à Bure, en internat, pour y poursuivre le<br />

secondaire en latin‐grec (humanités anciennes).<br />

Pour la facilité des équivalences, j’ai continué en Belgique pour le supérieur<br />

en faisant mon graduat en kinésithérapie à l’ISCAM (Bruxelles).<br />

C’est en juillet 1968 que j’ai été engagé à la clinique et le fait, à l’époque,<br />

d’avoir encore à l’idée que mon père pouvait avoir la sclérose en plaques<br />

avait un peu guidé mon choix.<br />

En janvier 1969, je suis parti faire mon service militaire en France. C’est<br />

alors qu’Yvon Leroy a débuté à la clinique pour me remplacer.<br />

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