epistolarum tam ab 10. cal vino quam ad eum - Archive ouverte UNIGE
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731 EPISTOLAB 2774—2775 732 vous escrire, espérant que pour lhoneur et reverence que vous portez au Maistre a qui ie sers, vous daignerez bien recevoir la présente, laquelle vous offrant et moy et tout le service auquel il vous plairoit memploier, vous rendra bon et fidèle tesmognage, si ie nay la faculté etmoien de monstrér par effect combien ie suis vostre, pour le moins que le courage ny deffault point. Aussi poiirce que iay entendu que de vostre grace vous me portiez bonne affection, cela m'a tant plus enhardy, pour m'asseurer que iaurois bonne entree et humaine vers vous. Qui plus est, ie me tiens asseure, quant vous verrez que ie ne desire aultre chose sinon que dieu soit glorifie en vous, voire pour vostre bien et salut, que vous souffrirez voluntiers destre v exhorte par moy au nom de celluy qui a toute authorite envers vous. Car selon que les Roys et Princes ont a soustenir une charge difficile, tant plus ont ilz besoing destre advertiz quel est leur debvoir. Et voila aussi pourquoy dieu a notamment commande que les Roys applicassent leur estude plus que les personnes privées a profitter en sa Loy. Car de faict selon que Dieu les eslevant en haulte dignité, les approche plus de soy, jl les oblige quant et quant a semploier de tant meilleur courage a faire tout devoir envers luy, comme aussi ce nest pas raison que les Princes terriens qui ne sont que ses officiers et Lieutenans, veullent estre obeiz, et que luy qui a lempire souverain, soit fraude de son droit. Or cest au iourdhuy le temps plus que iamais que grans et petiz se doibvent efforcer a faire que Dieu soit servy selon quil le mérite. Car on veoit tout si corrumpu et perverty, que la plus part de ce quon appelle Service de dieu ne sont que faulsetez détestables que le Diable a forge, pour faire que le vray Dieu soit deshonore. Or si les gens de basse condition et de nul credit sont tenuz, entant quen eux est, et que leur petitesse le porte, de mettre peine que dieu soit purement adore, il fault bien que les grans et ceux qui sont eslevez plus hault semploient au double, et chacun selon sa mesure. Pensez, Sire, quant Dieu après vous avoir choisy pour estre Prince dune si noble maison, vous a aussi retire des ténèbres de superstitions ou vous estiez plonge comme les aultres, et vous a jllumine en la congnoissance de lEvàngile de nostre Seigneur Iesus, ce qui nest pas donne a tous, na pas voulu que la foy que vous avez receue demeurast enclose nomme comme fondatewrs de l'église de Nérac: Boisnormand dit le Gay et Vignaux. Crottet Ghron. 154 suppose que ce fut le Gnay plus connu sous les noms de Bois-Normand et de la Pierre,- qui emporta cette présente lettre pour la remettre au roi à Nerae. M. Bonnet parle de deux prédicateurs Le Gnay dit le Normand, et de la Pierre. Flor, de Bacmond p. 933 éd. de 1610 dit que Le Gai portait les deux noms. en vous et comme ensevelie, mais plus tost que , vous soiez une lampe ardente pour esolairer et grans et petiz. Et defaict ne doubtez pas que beaucoup de gens ne regardent a vous, et Dieu les y adresse affin que vous soiez tant plus solicite a vous aquitter a monstrer le chemin a beaucoup daultres. Dun coste jl vous doit souvenir quel soing nous devons tous avoir que lhonneur de dieu soit maintenu en son jntegrite, selon quil est dit au Pseaume : Le zèle de ta maison ma consume et les opprobres quon ta faictz sont tombez sur moy. Parquoy la pure doctrine eh laquelle dieu.veult estre glorifie, nous doit estre si précieuse, quen la voiant obscurcie, voire comme abolie par erreurs, abuz, tromperies et jllusions de Satan, nostre zèle se doit allumer pour nous y opposer entant quen nous est; et selon que dieu en donne le moien a chacun. Mesme ceste sentence doit tousiours retentir a voz aureilles par laquelle Dieu 3 ) prononce quil rendra honorables ceux qui lauront honore. Daultre part, Sire, les- souspirs et angoisses de tant de pauvres fidèles méritent bien destre exaulcez de vous, pour prendre courage a leur subvenir, et leur procurer quelque allégement, tant quil vous sera possible. Et a present loccasion sy offre plus que iamais en ceste assemblée des Estatz. *) Car jl est vray semblable quen traittant de ce qui concerne le gouvernement public, larticle de la Religion ne sera point oublie. le scay combien la chose sera odieuse que vous sousteniez 5 ) la querelle de Iesus Christ: ,mais si vous, Sire, qui devez estre lorgane de tous enfans de dieu, avez la bouche close, qui osera ouvrir la sienne pour sonner mot? Nattendez pas que Dieu vous envoie " quelque message du ciel: mais tenez pour résolu quen vous appellant en tel lieu et degré, jl vous produit pour son tesmoing et procureur de sa cause. Et daultant plus la magnanimité qui est en vous se doit jcy desploier: mesmes encores quil y eust quelque crainte pour les difficultez quon y veoit, daultant que cest a dieu de munir les Princes dun esprit franc et liberal, recourant a luy, ie vous supplie de vous évertuer comme cèst a ce coup quil en est besoing, ou il est a craindre que la porte ne soit fermée pour ladvenir. Si louverture nest pas encores dapprouver le bien en plaine liberté, et condamner le mal, cest bien pour le moins de requérir quil soit congneu de la cause, et que tant dé pauvres gens ne soient point condamnez à credit. 3) Les deux lignes comprises entre les deux mots : Dieu, manquent dans l'édition des' Lettres fit. où on lit: selon que Dieu prononoe etc. 4) N. 2771, not. 6. On y vota des subsides pour la guerre mais on ne s'occupa pas de religion. Le roi de Navarre n'y assista pas. (De Thou l. c.) 5) sousleviez Bt.
733 1557 DBOEMB. • 734 Mesmee jl semble bien quem puisse remonstrer par raisons favorables que oe nest le repos et profiot du Royaume, dy procéder par executions violentes, daultant que les feuz ne font que multiplier le nombre de ceux quon persecute, tellement que le sang sert tousiours de semence. Jl semble bien aussi que sans donner occasion a ceux qui ne peulvent encores gouster lEvangile, de sesoarmoucher par trop, on pourroit mettre en avant quelques poinetz qui ne leur seroient pas tant en horreur, comme dalleguer pour exemple: si un homme se contentoit de prier dieu, et avoir Iesus Christ pour son Advocat, de le faire mourir pour telle querelle, que cest une rigueur trop excessive, et quil y auroit danger que dieu ne fust jrrite contre le pays: attendu que les Àpostres et Disciples de nostre Seigneur Iesus qui sont les vrays mirouers et patrons de la Chrestiente, nont iamais sceu que cestoit de prier les Sainctz trespassez. Il y a aussi daultres abuz si lourds et enormes quil ny a nul propos de les dissimuler. Et toutefois si tost que quelcun en voudra remonstrer quelque chose, jl sera tenu pour hérétique, sans senquerir plus oultre: qui est une extrémité insupportable. Il y a aussi un aultre advertissement bien digne destre faict. Car daultant plus quon cuide empescher le cours de la parolle de dieu, et maintenir les abuz en leur possession, beaucoup de gens deviennent profanes, sans loy ne sans foy, pource que plusieurs se mocquent hardiment en leur coeur de toute la Papaulte, saohansquil ny a qu'jgnorance et sottise: et toutefois craignans le danger de leur vie, reiectent toute jnstruction. Et a la vérité sil ny est proveu de bonne heure, on sera esbay que le Royaume sera remply de telle jnfection. Et pleust a dieu que ceux qui sont les plus cruelz a faire mourir les pauvres gens, ne fussent pas telz contempteurs de dieu, etmocqueurs de toute Religion. Mais jl est a désirer que le Roy soit adverty que si on persiste dopprimer les bonnes simples gens, qui, par leur bon zèle et crainte de Dieu, ne sacoordent point a la façon commune, jl est a craindre que telle vermine ne gangne et occupe tout le pays, en sorte quil sera trop tard dy remédier. le desirerois bien, Hire, que voz affaires souffrissent de lire un petit Traitte que ie feiz il y a douze ans passez, 6 ) quant les Estatz de lEmpire estoient assemblez pour les different de la Religion. Mesmes ie vous oseray bien supplier quil vous plaise prendre le loisir de passer par dessus pour estre mieux informe quelle procedure jl seroit expedient de tenir. Non pas que ie presume de vous donner reigle, mais pource que ie me confie que 6) Suppléa exhortatio etc. trad, en français en 1544 {Oeuvres Tome VI.). vous ne desdegnerez pas dapprendre, soit par moy ou par aultre, quelle est la volunte de celluy auquel vous desirez de complaire en tout et par tout, affin de vous y conformer. 7 ) Sire, après mestre très humblement recommande a vostre bonne grace, ie prieray nostre bon dieu et père de vous avoir en sa garde, vous gouverner par lesprit de sagesse, droiture et constance, et vous faire prospérer de plus en plus. 8 ) 2775. I. Calvinus. CALVIN A MADAME DE LONGEMEAU.*) Consolations. (Copies Bibl. Imp. Coll. Dnpny. Vol. 102, fol. 16. Genève Vol 107, fol. 82 et 108, fol. 99. — Bonnet II. 169. Henry II. 84. Crottet Ohron. n. 26. Rachat VII. 339. Trad. angl. 389") A ma demoiselle et bien aymee seur. Ma damoiselle et bonne seur, ce que iay si long temps attendu a vous escrire na este sinon pour ce questant si loing ie nestois pas assez adverti de vostre estât en particulier, et ce qui pouvoit iournellement survenir. Parquoy iay laissé ceste charge a ceux qui estoyent sus le lieu, pource quilz scavoyent mieux quelle exhortation vous seroit propre, et aussi pour ce que ie ne pensois pas que la procedure deust estre si longue. Mais puis que Dieu, en prolongeant le terme, a voulu esprouver vostre constance, et aussi vous donner loisir et espace a vous fortifier de longue main, et aussi que iay cependant entendu un petit plus de voz nouvelles qu'au paravant, ie nay voulu faillir a vous declarer pour le moins que si les ennemis de vérité sont vigilans a pourchasser vostre ruine, il y a ioy beaucoup denfans de Dieu qui ne vous ont pas mise en oubly. Cependant puis que le moien de vous secourir nous deffaut, persistez a vous arres- 7) oonfermer Bt. 8) Ce 14. de décembre 1557 {ajouté par une autre main). La signature est autographe. 2775. 1) A Madamoiselle de Longemeau prisonnière à Paris. (MS. de Paris.) II escrivit ceste lettre à ma demoiselle de Longemeau prisonnière a Paris (Jonvilliers SIS. 107). Cette dame n'est pas mentionnée ailleurs. Un Sr. de Longjumeau père de 12 enfants défendit sa maison assiégée par te peuple lors de la St. Barthélémy. Le Parlement l'obligea à sortir de Paris avec sa famille. (Coquerël, Egl. de Paris p. 172.)
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vous escrire, espérant que pour lhoneur et reverence<br />
que vous portez au Maistre a qui ie sers, vous<br />
daignerez bien recevoir la présente, laquelle vous<br />
offrant et moy et tout le service auquel il vous<br />
plairoit memploier, vous rendra bon et fidèle tesmognage,<br />
si ie nay la faculté etmoien de monstrér<br />
par effect combien ie suis vostre, pour le moins<br />
que le courage ny deffault point. Aussi poiirce<br />
que iay entendu que de vostre grace vous me portiez<br />
bonne affection, cela m'a tant plus enhardy,<br />
pour m'asseurer que iaurois bonne entree et humaine<br />
vers vous. Qui plus est, ie me tiens asseure, quant<br />
vous verrez que ie ne desire aultre chose sinon<br />
que dieu soit glorifie en vous, voire pour vostre<br />
bien et salut, que vous souffrirez voluntiers destre<br />
v exhorte par moy au nom de celluy qui a toute authorite<br />
envers vous. Car selon que les Roys et<br />
Princes ont a soustenir une charge difficile, tant<br />
plus ont ilz besoing destre <strong>ad</strong>vertiz quel est leur<br />
debvoir. Et voila aussi pourquoy dieu a no<strong>tam</strong>ment<br />
commande que les Roys applicassent leur estude<br />
plus que les personnes privées a profitter en<br />
sa Loy. Car de faict selon que Dieu les eslevant<br />
en haulte dignité, les approche plus de soy, jl les<br />
oblige quant et quant a semploier de tant meilleur<br />
courage a faire tout devoir envers luy, comme aussi<br />
ce nest pas raison que les Princes terriens qui ne<br />
sont que ses officiers et Lieutenans, veullent estre<br />
obeiz, et que luy qui a lempire souverain, soit fraude<br />
de son droit. Or cest au iourdhuy le temps plus que<br />
iamais que grans et petiz se doibvent efforcer a<br />
faire que Dieu soit servy selon quil le mérite. Car<br />
on veoit tout si corrumpu et perverty, que la plus<br />
part de ce quon appelle Service de dieu ne sont<br />
que faulsetez détest<strong>ab</strong>les que le Di<strong>ab</strong>le a forge, pour<br />
faire que le vray Dieu soit deshonore. Or si les<br />
gens de basse condition et de nul credit sont tenuz,<br />
entant quen eux est, et que leur petitesse le porte,<br />
de mettre peine que dieu soit purement <strong>ad</strong>ore, il<br />
fault bien que les grans et ceux qui sont eslevez<br />
plus hault semploient au double, et chacun selon sa<br />
mesure.<br />
Pensez, Sire, quant Dieu après vous avoir choisy<br />
pour estre Prince dune si noble maison, vous a aussi<br />
retire des ténèbres de superstitions ou vous estiez<br />
plonge comme les aultres, et vous a jllumine en la<br />
congnoissance de lEvàngile de nostre Seigneur Iesus,<br />
ce qui nest pas donne a tous, na pas voulu<br />
que la foy que vous avez receue demeurast enclose<br />
nomme comme fondatewrs de l'église de Nérac: Boisnormand<br />
dit le Gay et Vignaux. Crottet Ghron. 154 suppose que ce fut<br />
le Gnay plus connu sous les noms de Bois-Normand et de la<br />
Pierre,- qui emporta cette présente lettre pour la remettre au<br />
roi à Nerae. M. Bonnet parle de deux prédicateurs Le Gnay<br />
dit le Normand, et de la Pierre. Flor, de Bacmond p. 933<br />
éd. de 1610 dit que Le Gai portait les deux noms.<br />
en vous et comme ensevelie, mais plus tost que ,<br />
vous soiez une lampe ardente pour esolairer et grans<br />
et petiz. Et defaict ne doubtez pas que beaucoup<br />
de gens ne regardent a vous, et Dieu les y <strong>ad</strong>resse<br />
affin que vous soiez tant plus solicite a vous aquitter<br />
a monstrer le chemin a beaucoup daultres. Dun<br />
coste jl vous doit souvenir quel soing nous devons<br />
tous avoir que lhonneur de dieu soit maintenu<br />
en son jntegrite, selon quil est dit au Pseaume :<br />
Le zèle de ta maison ma consume et les opprobres<br />
quon ta faictz sont tombez sur moy. Parquoy la<br />
pure doctrine eh laquelle dieu.veult estre glorifie,<br />
nous doit estre si précieuse, quen la voiant obscurcie,<br />
voire comme <strong>ab</strong>olie par erreurs, <strong>ab</strong>uz, tromperies<br />
et jllusions de Satan, nostre zèle se doit allumer<br />
pour nous y opposer entant quen nous est;<br />
et selon que dieu en donne le moien a chacun.<br />
Mesme ceste sentence doit tousiours retentir a voz<br />
aureilles par laquelle Dieu 3 ) prononce quil rendra<br />
honor<strong>ab</strong>les ceux qui lauront honore.<br />
Daultre part, Sire, les- souspirs et angoisses<br />
de tant de pauvres fidèles méritent bien destre exaulcez<br />
de vous, pour prendre courage a leur subvenir,<br />
et leur procurer quelque allégement, tant<br />
quil vous sera possible. Et a present loccasion sy<br />
offre plus que iamais en ceste assemblée des Estatz.<br />
*) Car jl est vray sembl<strong>ab</strong>le quen traittant<br />
de ce qui concerne le gouvernement public, larticle<br />
de la Religion ne sera point oublie. le scay combien<br />
la chose sera odieuse que vous sousteniez 5 ) la<br />
querelle de Iesus Christ: ,mais si vous, Sire, qui<br />
devez estre lorgane de tous enfans de dieu, avez<br />
la bouche close, qui osera ouvrir la sienne pour<br />
sonner mot? Nattendez pas que Dieu vous envoie "<br />
quelque message du ciel: mais tenez pour résolu<br />
quen vous appellant en tel lieu et degré, jl vous<br />
produit pour son tesmoing et procureur de sa cause.<br />
Et daultant plus la magnanimité qui est en vous<br />
se doit jcy desploier: mesmes encores quil y eust<br />
quelque crainte pour les difficultez quon y veoit,<br />
daultant que cest a dieu de munir les Princes dun<br />
esprit franc et liberal, recourant a luy, ie vous supplie<br />
de vous évertuer comme cèst a ce coup quil<br />
en est besoing, ou il est a craindre que la porte<br />
ne soit fermée pour l<strong>ad</strong>venir. Si louverture nest<br />
pas encores dapprouver le bien en plaine liberté,<br />
et condamner le mal, cest bien pour le moins de<br />
requérir quil soit congneu de la cause, et que tant<br />
dé pauvres gens ne soient point condamnez à credit.<br />
3) Les deux lignes comprises entre les deux mots : Dieu,<br />
manquent dans l'édition des' Lettres fit. où on lit: selon que<br />
Dieu prononoe etc.<br />
4) N. 2771, not. 6. On y vota des subsides pour la<br />
guerre mais on ne s'occupa pas de religion. Le roi de Navarre<br />
n'y assista pas. (De Thou l. c.)<br />
5) sousleviez Bt.