epistolarum tam ab 10. cal vino quam ad eum - Archive ouverte UNIGE

631 EPISTOLAE 2715—2716 632
ce quil brise et rompe les armes de ses ennemys,
ou quil les assubiectisse a soy.
Au reste, pource que vous navez point receu
les lettres par lesquelles nous vous mandions que
nostre compagnon • alloit vers vous, 2 ) nonpas pour
• y faire continuelle residence, comme aussi cela ne
nous estoit point possible, mais seulement pour vous
soulager et ayder quelque temps, nous vous prions
de rechef, comme nous faisions alors, nous excuser
•de ce que nous ne povons pas plainement et du
tout satisfaire a vostre désir. H sestoit libéralement
offert a faire ce veage pour vous servir, en
attendant que fussiez pourveuz de quelque autre, 8 )
et ny a celuy de nous qui ne desirast de semployer
en cest endroit a son tour, pource quil nous fault
quasi desrober le temps, plustost de peur de vous
descouvrir 4 ) que pour regard de la charge que nous
avons icy. Or maintenant que ces troubles sont
survenus, nous vous prions de bien aviser si sa presence
vous seroit point plus nuisible que profitable.
s ) Sainct Augustin a prudemment considère
que si ung troupeau est assailly sans quon cerche
le pasteur, celuy qui doit fortifier les autres ne les
peut licitement abandonner. Mais si on tasche de
•» persécuter lEglise en la personne du pasteur, quil
fera mieux de se retirer pour appaiser la rage des
ennemys par son absence. H parle de ceulx qui
sont arrestez en ung lieu, et ordonnez pour conduire
quelque Eglise. Maintenant, puys que nostre
compagnon est aile par delà pour suppleer au défaut
qui y estoit, en attendant quon y peult donner
provision plus certaine et de longue durée, regardez
sil ne sora pas plus expedient quun tel obiet
qui peult enflamber la fureur des ennemys, soit
oste, car nous entendons le bruyt qui voile pour
aggraver les ennuys et molester quon tasche de voz*
faire. Cest assez vous en avoir advertiz, car nous
estimons bien tant de vostre prudence que vous
préviendrez les inconveniens, veu que la nécessite
qui se présente devant VOB yeux vous doit donner
conseil en cela. Toutesfois que sa retraicte 6 ) ne
soit pas cause de vous dissiper: car cest auiourdhuy
plus que iamais quil vous fault retirer soubz
lenseigne, congnoissant la fragilité qui est en vous,
sachans aussi que lastuce de Sathan ne tend a autre
fin, sinon de vous escarter pour vous faire du
tout esvanoyr. Tenez vous donc conioincts et
comme serrez, invoquans dun accord et comme dune
bouche oeluy qui a promis destre present partout
ou deux ou trois seront assemblez en son nom.
Sur quoy, treschers seigneurs et frères, âpres
m'estre recommande a vos bonnes prières, nous
suppurons aussi de nostre ooste le père celeste de
vous conserver soubz la protection de son filz, vous
fortifiant en constance invincible, vous guidant par
son sainct esprit en toute prudence, droioture et
simplicité, humilité et constance, tenant voz ennemys
bridez iusques a ce que plainement il les rende'
confus. Le 16. septembre 1557. De nostre assemblée.
2) La lettre de la Compagnie Jetait sans doute trouvée
dans la mallette de du Bousseau.
3) En Janvier 1558 Jean Macard fut envoyé à Paris. 2716.1) Voir l'extrait de Vhist. des Martyrs que nous avons
4) destonrner Bt.
joint en note au N. 2700. Nous apprenons par la même
5) à cause de l'attention de la police et du public source éveil­ que les trois premières victimes périrent sur le bûcher le
lée par Vaffaire récente et rendant les réunions de prières 27. Septembre, plus c'étaient une dame Philippe de Luns et deux
périlleuses.
surveillants de Véglise de Paris. Plusieurs autres dames
6) Des GàUars retourna à Genève bientôt après. étaient encore dans les cachots.
2716,
CALVIN AUX PRISONNIÈRES DE PARIS. l )
Même sujet.
Imprimée. Histoire des Martyrs, L. VII. fol. 470. — Lettres
fr. II. 145. Trad. angl. lu. 363.)
le ne m'esbahis point, trescheres soeurs, si vous
estes estonnees en ces durs assauts, et sentez les
repugnances de vostre chair, laquelle faict daultant
plus ses efforts que Dieu veut besongner en vous
par son Sainct-Esprit. Si les hommes sont fragiles
et aisément troublez, la fragilité de vostre sexe est
encores plus grande, voire selon le cours de nature.
Mais Dieu qui besongne es vaisseaux fragiles, sait
bien montrer sa vertu en l'infirmité des siens. Parquoy
cest à luy quil vous fault avoir vostre recours,
l'invoquant continuellement et le priant que la semence
incorruptible quil a mise en vous, et par laquelle
il vous a adoptez pour estre au nombre de
ses enfans, produise ses fruicts au besoing, et que
par icelle vous soiez fortiffiees pour résister à toute
angoisse et affliction. Vous savez ce que diet
sainct Paul: que Dieu a esleu les choses folles de
ce monde pour confondre les sages, et a esleu les
choses infirmes pour abatre les fortes, les choses
contemptibles et mesprisees pour destruire celles
qui sont grandes et de hault prix. Cela vous doibt
bien encourager, affin que la consideration de vostre
sexe ne vous face défaillir, encores que souvent
il soit mesprisé par les hommes. Car quelque hau-