epistolarum tam ab 10. cal vino quam ad eum - Archive ouverte UNIGE

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iadis noz bourgeois, lesquelz ont esté condamnez
par nostre iustice, que nous leur veuillions donner
saufconduit pour se Tenir purger des crimes a eux
jmposez.
Pour responce nous vous prions avoir telle es-
1 time de nous, attendu la bonne amytié et voisinance
que nous avons avec les magnifiques et puissans
signeurs des Ligues, l'humanité que tousiours jlz
nous ont monstree, les biens et plaisirs que nous
avons receuz d'eux et que nous en espérons encores
a l'advenir, que nous vouldrionB entant qu'il
nous seroit possible leur complaire en tout et partout,
et tant que nostre petit pouvoir se pourra estendre,
nous tascherons de monstrer par effect qu'ilz
ont en nous des voisins qui ne demandent qu'a leur
faire service, et se monstrer amyables envers eux.
Parquoy nous eussions bien désiré que quelque bonne
occasion se fust offerte de nous requérir d'une chose
plus favorable, et laquelle nous eussions peu accorder
sans nostre grand preiudice. 2 ) Car nous n'eussions
pas esté difficiles a satisfaire a leur désir, et
sommes bien marriz destre contrainctz de nous excuser
envers vous sur la demande présente que
nous avez faicte. Combien que nous espérons tant
de vostre humanité et prudence, qu'aians ouy s ) les
raisons qui nous empeschent, vous ne serez point
offencez de nostre responce, mais la recevrez benignement
et en serez contentez. Car nous ne
doubtons point que vous, et en general les magnifiques
Signeurs des Ligues, n'aymiez que l'estat
de noBtre ville soit maintenu et conservé en son
entier, et ne vouldriez estre cause qu'il nous advint
troubles ne fascheries, mais plustost nous vouldriez
aider et secourir *) en tout besoing. Or est jl ainsi
que d'ottroier un tel saufconduit a ceux qui pour
fuyr la punition de leurs crimes se sont rendus
fuitifz, ce seroit faire ouverture a une trop grande
licence, et par trop amoindrir l'authorité de iustice.
Surtout, d'aultant que ceux qui vous ont requis
d?interceder pour eux, nous ont long temps faict de
grandes confusions en nostre ville par leur audace
et témérité, en Borte qu'on peult bien juger qu'ilz
ne prétendent pas a se justiffier, comme aussi il
leur seroit jmpossible, mais plus tost a essayer s'ilz
pourroient esmouvoir quelque sedition pour nous
mettre en ruine. Et defaiot nous apercevons par
voz lettres qu'ilz vous ont mal informez, disans
qu'ilz ont esté dechassez de nostre ville. Car sachans
que leur cause se traictoit en nostre Conseil,
appelle des deux cens, n'estans pressez que de
leur mauvaise conscience, ilz s'enfuyrent. Et après
avoir esté proclamez plusieurs fois, non seulement
2) prudence Bt.
3) yens Bt.
4) servir Bt.
ne sont comparuz, mais ont oultragé de faict et de
parolles tous les nostres, se declairans ennemyz de
nostre ville et communaulté. Et ont continué en
telles jnsolences, après avoir faict. les poursuyttes 6 )
vers vous, dont vous pouvez juger qu'ilz ont par
trop abusé de vostre bonté et doulceur, quant ilz
se sont ainsi eslevez contre ceux ausquelz jlz vous
prioient de porter requeBte en leur faveur. Et puis
qu'ilz vous ont faict a croire qu'aians obtenu saufconduit
par vostre moien, jlz feraient en sorte que
chacun se contenterait d'eux, ne fustce que pour la
reverence de vous, ilz se dévoient porter plus modestement,
attendans l'jssue. Mais Dieu qui les a
endurez en longue patience, les descouvre telz qu'ilz
sont. Et de vostre costé, espérons, nobles et sages
Signeurs, qu'estans advertiz de oecy, vous jugerez
qu'ilz ne sont pas dignes que moindres que vous
s'empesohent pour eux. Mesmes nous pensons bien
que les magnifiques Conseilz des Ligues, aians.n'agueres
esté par nous informez de la vérité du faict,
en auront telle reputation, et ne vOuldroient que
pour leur avoir obtempéré en ceste demande, nous
souffrissions aulcun dommage ne trouble. D'aultre
part, puis qu'on leur a donné assez bon terme de
se représenter en iustice, et pouroe qu'ilz ne sont
comparuz, ilz ont esté condamnez par contumace.
Nous vous prions de penser si maintenant les sentences
données se pourroient retracter, les admettant
a nouvelles procedures, sans violer tout ordre
de iustice. Parquoy nous vous prions derechef de
nous tenir pour excusez si nous ne pouvons introduire
en nostre ville un exemple qui n'y a iamais
esté veu, 6 ) et donner licence a gens que nous
congnoissons estre desbordez du tout, de venir attenter
de faire quelque confusion, veu que les maléfices
pour lesquelz ilz ont esté condemnez sont
assez notoires et ont esté publiez, et leur estoit
licite de respondre s'ilz ne se fussent sentiz coulpables.
Au reste nous vous prions aussi d'advertir
les Magnifiques Signeurs des Ligues voz supérieurs
qu'en ce qu'ilz leur plaira requérir de nous, et qui
sera en nostre faculté, ilz nous trouveront tousiours
prestz, comme nous avons protesté, a nous emploier
a leurs faire tous services, et obtempérer a leurs
bons désirs.
Surquoy nous desirons d'estre humblement recommandez
a leurs bonnes graoes et aux vostrès,
prians Dieu qu'il luy plaise vous tenir en sa saincte
garde et vous augmenter en tous biens et prospérité.
De Geneve, ce xxv«. d'octobre 1556.
5) prophestes Bt.
6) bon Bt.