volumnis xxxviii. pars prior. - Archive ouverte UNIGE
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241 1538 SEPTEMB. ' 242<br />
139.<br />
DU TILLET A CALVIN.<br />
Il a appris les événements de Genève, et en prend<br />
occasion pour prier Calvin de bien examiner si de<br />
son côté il ne s'est engagé dans une fausse voie, et s'il<br />
ne s'est pas trompé à l'égard de sa vocation, ainsi<br />
qu'au sujet des reproches exagérés qu'il fait à l'église<br />
catholique. Quant à lui-même il se trouve moralement<br />
beaucoup plus tranquille que ce n'avait été le cas depuis<br />
longtemps. Il approuve le dessein de Calvin de<br />
rester à l'écart et de ne point se mêler des controverses<br />
assez violentes déjà qui agitent le monde religieux,<br />
et lui offre telle somme d'argent dont il aurait<br />
besoin.<br />
(Bibliothèque impériale. Fonds Baluze 2391, fol. 15. — Crottet<br />
p. 52 suiv. — Le manuscrit contient, à la fin de la lettre<br />
la note suivante: Hspevüle s'estant arresté à Strasbourg et y<br />
aiant prins charge d'administrer urne église y receut la précédente<br />
lettre a laquelle ü fit ceste response. Suit la lettre<br />
N. 147.)<br />
le ne reeeu TOZ lettres du x e de Iuillet iusques<br />
au xix e d'Aoust parce que le porteur d'icelles<br />
fut malade et arresté sur le chemin par quatre sepmaines<br />
pour se fere penser. I'ayois bien sceu auparavant<br />
la venue de Iéhan, les accidens qui vous<br />
estoient survenuz, combien que i'en eu encores plus<br />
ample declaration par luy. Au reste il me fut assez<br />
qu'il me tesmoignast de vostre bonne disposition<br />
vous aiant veu au passer par Basle, encores qu'il<br />
ne m'apportast de voz lettres. l'estime bien que<br />
les choses qui vous sont advenues ont esté traictees<br />
et poursuivies par mauvaise affection de personnes<br />
qui tendent plus aux fins de ce monde qu'ilz n'ont<br />
consideration de Dieu. Mais (ce que vous supply<br />
ne prendre que bien) ie croy que vous avez plus a<br />
considérer de vostre part si nostre Seigneur ne<br />
vous veult point advertir par la de penser s'il y a<br />
rien eu a reprendre en vostre administration et de<br />
vous humilier envers luy et le requérir en crainte<br />
et tremeur ') de cueur fidèle qu'il luy plaise que<br />
vous le puissiez comprendre. Car il nous peult<br />
bien souvant advenir que nous ne comprenions pas<br />
des faultes que nous faisons mesmes fort grandes et<br />
lourdes et ce qui nous semble souvantesfois estre<br />
le meilleur et tant certain que rien plus a nostre<br />
opinion et iugement est plainement contre la vérité<br />
de Dieu et le iugement de son esperit quelque belle<br />
couleur et apparence que nous nous soions proposez<br />
au contraire en la prenant mesmes sur la parolle<br />
et vérité de Dieu, tant pour n'entendre pas bieD<br />
icelle parolle que pour en fere des illations qui ne<br />
189. 1) treuver a<br />
Calvmi opera. Vol. X. P. II<br />
s'en ensuivent point. Et cela devons nous tant<br />
plus doubter nous advenir que plus nous nous sentons<br />
aymer et estre ayses que nous soions quelquo<br />
chose, ce que nostre perverse et corrumpue nature<br />
de soy-mesmes ne peult ne point convoicter si non<br />
d'autant qu'elle est mortifiée par l'esperit de Dieu.<br />
Si vous me demandez que ie die en quoy ie<br />
iuge qu'il y ait eu faulte en vostre administration<br />
ie ne vous en puis dire pour ceste heure autrement<br />
en particulier, si non que comme ie doubte que vous<br />
y eussiez iuste vocation 2 ) de Dieu, n'y aiant esté<br />
appelle que des hommes auxquelz Dieu n'en eust<br />
baillé la charge et lesquelz vous en ont tout ainsi<br />
débouté comme ilz vous y avoient receu par leur<br />
seule authorité, d'autre part ie suis tout asseuré<br />
que vous mainteniez une extrémité a n'estimer<br />
églises de Dieu celles ou vous avez receu le commancement<br />
de vostre Ohrestianté et l'advancement<br />
qu'avez eu en icelle par l'espace de plus de quinze<br />
ans, et condamniez 8 ) en icelles églises des choses<br />
par soy non condamnables et desquelles infinies personnes<br />
usent en bien et au gré de Dieu avec zèle<br />
et science de Dieu en aians bon tesmoignage de<br />
l'esperit en leurs consciences. Ce que ie ne ditz<br />
point pour approuver aussi le mal et abuz que plusieurs<br />
y commettent par leur superstition ou mauvais<br />
usage, pervertissans en leur endroict ce qui<br />
est de soy sainct et bon. Combien que neantmoins<br />
il appartienne au Chrestian 4 ) d'estimer d'autruy<br />
tousiours en bien s'il est de profession Chrestiane<br />
comme luy,. quand il ne le voit estre apertement<br />
mauvais, et de prendre en bonne part tout ce qu'il<br />
faict en choses qui de soy peuvent estre bien ou<br />
mal faictes selon le bon ou mauvais cueur dont<br />
elles sont faictes, si non que avec ce il cognoisse<br />
par autre oeuvre manifestement mauvaise que son<br />
cueur est pervers et dénué de Dieu. Ce que ie ditz<br />
n'est pas pour entrer en dispute avec vous, mais<br />
est seulement pour vous donner occasion de vous<br />
examiner vous mesmes 6 ) et penser en ces choses<br />
plus avant que par advanture vous n'avez enoores<br />
faict selon que ie desire vostre bien et salut autant<br />
que le mien, et que par ce moien les grans dons<br />
et graces que nostre Seigneur vous a eslargi soient<br />
droictement emploiees a sa gloire et au salut de<br />
ses èleuz et vous soient pour ceste cause tousiours<br />
do plus en plus augmentées. C'est une chose dont<br />
on a bien a se garder que de se confier trop a son<br />
iugement et d'estre trop soubdain, ou a mettre sus<br />
et affermer opinions non acoustumees, ou a oondamner<br />
et reiecter les acoustumees, mesmement en<br />
2) vostre vocation G.<br />
3) condamner C,<br />
4) christianisme C.<br />
5) vous mesmes om. C.<br />
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