volumnis xxxviii. pars prior. - Archive ouverte UNIGE
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249 CONSILIA. 250<br />
voules que les hommes vous fassent etc. elle ne<br />
soit trouvée convenir partout. La quatriesme exception<br />
est que celuy qui emprunte face autant ou<br />
plus de gain de largent emprunte. En cinquiesme<br />
lieu que nous nestimions point selon la coustume<br />
vulgaire et receue quest ce qui nous est licite, ou<br />
que nous ne mesurions ce qui est droict et equitable<br />
par liniquite du monde, mais que nous prenions<br />
une rigle de la parolle de Dieu. En sixiesme<br />
lieu que nous ne regardions point seulement la commodité<br />
privée de celuy avec qui nous avons affaire,<br />
mais aussi que nous considérions ce qui est expedient<br />
pour le public. Car il est tout evident que<br />
lusure que le marchand paye est une pension publique.<br />
Il fault donc bien adviser que la pache soit<br />
aussi utile en commun plustost que nuysible. En<br />
septiesme lieu que on nexcede la mesure que les<br />
loix publiques de la region ou du lieu concèdent.<br />
Combien que cela ne suffit pas tousiours, car souvent<br />
elles permettent ce que elles ne pourroyent<br />
corriger ou reprimer en defendant. H fault donc<br />
préférer équité laquelle retranche ce que il sera de<br />
trop. Mais tant sen fault que ie veulle valoir mon<br />
opinion vers vous, pour raison que ie ne desire rien<br />
plus sinon que tous soyent tant humains quil ne<br />
soyt point besoing de rien dire de ceste chose. lay<br />
briefvement compris ces choses plustost par un desir<br />
de vous complaire que par une confiance de<br />
vous satisfaire. Mais selon vostre benevolence envers<br />
moy vous prendrez en bonne part ce mien<br />
office tel quel.<br />
A Dieu homme tresexcellent et honore amy. J )<br />
Dieu vous conserve avec vostre famille. Amen. 2 )<br />
BIENS ECCLÉSIASTIQUES. 8 )<br />
Sur le conseil que demande le frère touchant<br />
les possessions qu'il tient auiourdhuy par donation<br />
de la Oontesse defuncte, lesquelles iadis appartenoient<br />
à leglise de Neufchastel, sans entrer en longue<br />
dispute, voicy ce que i'en puis iuger en ma<br />
conscience selon la grace que Dieu m'a donnée.<br />
Premièrement entant qu'il a este appauvry<br />
pour la parole de Dieu et la confession de l'évangile,<br />
ce n'est pas chose répugnante a raison quil<br />
1) Au lieu de cette phrase le latin met: ac fratrem mihi<br />
salutabis.<br />
2) La traduction latine manuscrite du Cod. 145 porte la<br />
souscription: Carolus Passelius tuus.<br />
3) Autographe de la bibliothèque des Pasteurs de Neuchatel<br />
Vol. A. N. 24. Une main ancienne y a mis ce titre:<br />
Sentiment et advis de Calvin touchant les biens d'Eglise vouez<br />
une fois à Dieu, pour ce qui est de leur legitime possession et<br />
usage au regard des princes. La pièce a été écrite selon toute<br />
apparence après la mort de la duchesse Jeanne de Longueville,<br />
comtesse de Neuchatel, décédée en 1543.<br />
soit nourry des biens de leglise. Car mesme quand<br />
il y auroit bon ordre et administration, tel cas advenant,<br />
ce seroit chose décente et equitable quune<br />
partie fust appliquée a ceste usaige: pour subvenir a<br />
ceux qui auroient este despouillez de leur substance<br />
ou aultrement auroient este appauvris pour le tesmoignage<br />
du nom de Iesus Christ. Parquoy ie ne<br />
trouve nul mal quil sayde desdictes possessions pour<br />
son soullagement, recognoissant que Dieu luy a assiste<br />
par ce moyen après lavoir esprouve en la<br />
perte de ce qui luy avoit donne auparavant.<br />
Il est vray que la forme de donation nest pas<br />
fort bien fondée selon la teneur de linstrument.<br />
Mais marrestant plustost a lequite qu'a la formalité<br />
de droict (comme aussi la raison le veult) et<br />
mesme attendu que la princesse estant au pais de<br />
franco neust ose autrement faire: puis quil ny a<br />
nul vice en la substance ie ne doubte pas quil n'en<br />
puisse user en bonne conscience selon Dieu. Car<br />
come iay diet ce bien la est iustement applique a<br />
la nourriture et subvention de ceux qui aultrement<br />
auroient faulte, pour avoir souffert dommaige a<br />
cause de levangile.<br />
Quant a la succession perpétuelle de ses héritiers<br />
il y auroit plus de difficulté. Car tout ainsi<br />
quil est licite de subvenir a la nocessite présente<br />
dun qui aura este endommage comme luy, aussi de<br />
faire une alienation perpétuelle en faveur de sa<br />
maison cest chose de consequence périlleuse et dont<br />
lexemple n'est pas bon ny a prouver. Trop bien<br />
que les enfans feussent advancez de quelque libéralité<br />
pour estre mis en train affin de servir a<br />
Dieu. Et quen cela mesme leglise suppliât au deffault<br />
du père. Parquoy ie ne vouldrois paB condamner<br />
une telle gratuite: mais plustost la tiens<br />
louable moiennant que lalienation des biens et possessions<br />
ne se fist pas pour en frustrer les paovres<br />
a iammais pour le temps a venir. Et de faict cest<br />
une grant faulte et pernicieuse auiourdhuy en plusieurs<br />
lieux ou se presche levangile que les biens<br />
ecclésiastiques sont dissipez ou lusaige en est profane,<br />
sans avoir esgard a quelle fin ils sont desdiez.<br />
Et combien quon nen face pas grant compte si est<br />
ce un abus que Dieu reformera en brief rigoreusement<br />
si les homes ne sen corrigent.<br />
le scay quelle est lexcuse commune: que ces<br />
biens ont esse donnez aux moines et prestres par<br />
superstition pour fonder messos et obitz, pour idolâtrer,<br />
se nourrir en oisifvete etc. Parquoy que<br />
tout cela doit estre aboly: ou bien que les princes<br />
les peuvent approprer a leur domene comme anciennement<br />
les heritages quon appeloit caducques.<br />
Mais tout cela na point lieu devant Dieu. Car<br />
nous sommes enseignez par la parole de Dieu quel<br />
est le droict usaige des biens qui sont desdiez a son<br />
honneur. Et en leglise ancienne il y a eu sainctes