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699 EPISTOLA 3515 700 sommes prêts de l'embrasser et retenir iusques à la mort: mais il nous semble, selon la petite mesure de cognoissance que nous ayons receuë de Dieu, que ceste transsubstanciation ne se rapporte à l'analogie et convenance de nostre foy, d'autant qu'elle est directement contraire à la nature des Sacremens, esquels il faut nécessairement que les signes substantiels demeurent pour estre vrays signes de la substance du corps et du sang de Iesus Christ: et pareillement renverse la vérité de la nature humaine et ascension d'iceluy. le di le semblable de la seconde opinion, qui est de la consubstanciation, laquelle outre tout cela n'ha nul fondement sur les paroles de Iesus Christ, et n'est nullement nécessaire à ce que nous soyons participai du fruict des Sacremens. Si quelqu'un là dessus nous demande si nous rendons Iesus Christ absent de la saincte Cène, nous respondons que non: mais si nous regardons à la distance des lieux (comme il le faut faire quand il est question de la presence corporelle, et de son humanité distinctement considérée) *) nous disons que son corps est esloingné du pain et du vin autant que le plus haut ciel est esloingné de la terre, attendu que quant à nous, nous sommes en la terre, et les Sacremens aussi: et quant à luy, sa chair est au ciel tellement glorifiée, que la gloire (comme dit sainct Augustin) ne luy a point osté la nature d'un vray corps, mais l'infirmité d'iceluy. z ionction de nous avec Iesus Christ, qui est la fin principale pour laquelle ont esté ordonnez les Sacremens, et non point pour estre ni adorez, ne gardez, ne portez, ni offerts à Dieu. Et finalement (si nous ne sommes decens) fait beaucoup plus d'honneur à la puissance et parole du Fils de Dieu, que si on estime qu'il falle que son corps soit realement conioint avec les signes, à ce que nous en soyons faits participans. le ne touche point au reste de ce qui concerne l'administration du sainct Baptesme: car ie croy que nul de vous, Messieurs, ne nous veut mettre au rang des Anabaptistes, lesquels n'ont plus rudes ennemis que nous. Et quant à quelques autres questions particulières sur ceste matière, nous espérons avec l'aide de Dieu que les principaux poincts estans vuydez en ceste amiable et douce conference, le reste se concluera de luy-mesme. Quant aux autres cinq Sacremens (qu'on appelle) vray est que nous ne leur pouvons donner ce nom iusqu'à ce qu'on nous ait mieux enseignez par les sainctes Escritures. Mais cependant nous pensons avoir establi la vraye Confirmation, qui gist à catéchiser et instruire ceux qui ont este baptisez en leur enfance, et généralement toutes personnes, devant que les admettre à la saincte Cène. Nous enseignons aussi la vraye .Penitence, qui ) Et si gist en vraye recognoissance de ses fautes, en satis­ quelque un veut conclure de cela, que nous rendons faction envers les parties offensées, soit en public absent Iesus Christ de sa saincte Cène, nous res­ ou en particulier, en l'absolution que nous avons pondons que c'est mal conclud. Car nous faisons au sang de Iesus Christ, et en l'amendement cest honneur à Dieu, que nous croyons, suyvant de vie. sa parole, qu'encores que le corps d'iceluy soit Nous approuvons le Mariage, suyvant l'ordon­ maintenant au ciel, et non ailleurs, et nous en la nance de S. Paul, en tous ceux qui n'ont le don terre, et non ailleurs, ce nonobstant nous sommes iaicts participans de son corps et de son sang par de continence: à laquelle aussi nous ne pensons une manière spirituelle, et moyennant la foy, aussi estre licite d'astreindre personne par voeu ni pro­ véritablement que nous voyons les Sacremens à fession perpétuelle: et condamnons toute paillardise l'oeil, les touchons à la main, les mettons en nostre et lubricité en paroles, en gestes, et en faicts. bouche, et vivons de leur substance en ceste vie Nous recevons les degrez des charges Ecclé­ corporelle. siastiques, selon que Dieu les a ordonnez en sa maison par sa saincte parole. Yoyla en somme, Messieurs, quelle est nostre Nous approuvons les Visitations des malades, foy en cest endroit: laquelle, ainsi qu'il nous comme une principale partie du sacré ministère de semble (et si nous sommes trompez, nous serons l'Evangile. très aises de l'entendre) ne fait nulle violence aux Nous enseignons avec S. Paul de ne iuger mots de Iesus Christ, ni de S. Paul: ne destruit la personne en la distinction des iours et des viandes, nature humaine de Iesus Christ, ni l'article de son scachans que le royaume de Dieu ne gist en telles ascension, ni l'ordonnance des Sacremens: ne fait choses corruptibles. ouverture à nulles questions et distinctions curieuses Mais cependant nous condamnons toute disso­ et inexplicables: ne derogue nullement à la con- lution, exhortans les hommes sans fin et sans cesse à toute sobriété, à la mortification de la chair, selon la nécessité de chacun, et à prières assiduelles. 3515.1) Yoi s'esmeurent quelques Prélats. Note imprimée en marge. H reste le dernier poinct concernant l'ordre et 2) Voyez à la fin de ceste harangue la sommaire de­ police extérieure de l'estat Ecclésiastique, duquel claration que ledit de Beze a faiote de ce point ci. {Idem.) nous estimons qu'il nous soit licite, Messieurs, de

701 1561 SEPTEMB. 702 dire arec rostre consentement, que tout y est tellement perverti, tout y est tellement confus et ruiné qu'à grand peine les meilleurs architectes du monde (soit qu'on considère l'ordre tel qu'il est auiourd'huy dressé, soit qu'on regarde la vie et les moeurs), y peuvent-ils recognoistre les vestiges et marques de cest ancien bastiment tant bien réglé et compassé par les Apostres: de quoy vous mesmes pouvez estre bons tesmoins, y ayans travaillé ces iours passez. Bref, nous laisserons ces choses assez cognues, et qui valent mieux teuës que dictes. Et pour conclusion de ce propos, nous déclarons deveant Dieu et ses Anges, devant vostre Maiesté, Sire, et toute l'illustre compagnie qui vous environne, que nostre intention et désir n'est sinon que la forme de l'Eglise soit ramenée à sa nayfve pureté et beauté, en laquelle iadis elle fut tant florissante du temps des Apostres de nostre Seigneur Iesus Christ. Et quant aux choses qui ont esté adioustees, que celles qui se trouveront superstitieuses ou manifestement contraires à la parole de Dieu, soyent du tout abolies, les superflues soyent retranchées, celles que l'expérience nous a apprins estre propres à attirer les hommes à superstition soyent ostees, et s'il s'en trouve d'autres utiles et propres à edification, apres avoir meurement considéré les anciens Canons et authoritez des Peres, qu'elles soyent retenues et observées au nom de Dieu, selon ce qui sera convenable au temps, aux lieux, et aux personnes, afin que tout d'un accord Dieu soit servi en Esprit et vérité sous vostre obéissance et protection, Sire, et des personnes que Dieu aura establies sous vostre Maiesté, pour le gouvernement de ce royaume. Car s'il s'eu trouve encores qui pensent que la doctrine dont nous faisons profession destourne les hommes de la subietion qu'ils doyvent à leurs Rois et supérieurs, nous avons, Sire, dequoy leur respondre en bonne conscience. Il est bien vray que nous enseignons que la premiere et principale obéissance est deuë à nostre Dieu, qui est le Boy des Bois et Seigneur sur tous Seigneurs: mais au reste, si nos escrits ne sont suffisans pour nous purger d'un tel crime à nous imposé, nous alléguerons, Sire, l'exemple de tant de seigneuries et principautez, et mesmes des royaumes reformez selon ceste mesme doctrine: lesquels, graces à Dieu, nous pourront servir de bons et suffisans tesmoignages pour nostre descharge. Bref, nous nous arrestons en cest endroit à ce que dit S. Paul au 13. chapitre de l'Epistre aux Romains, là où parlant de la police temporelle, il enioint expressément que toute personne soit subiete aux puissances supérieures. Voire (dit sainct lean Chrysostome sur ce passage) quand tu serois Apostre ou Evangeliste: pource que telle subietion ne derogue au service de Dieu. Que s'il est advenu, ou s'il advient ci après que quelques uns se oouvrans du manteau de nostre doctrine se trouvent coulpables de rebellion au moindre de vos officiers, Sire, nous protestons devant Dieu et vostre Maiesté qu'ils ne sont des nostres, et ne scauroyent avoir plus aspres ennemis que nous, selon que nostre povre condition le peut porter. Pour conclusion, Sire, le devoir que nous avons d'avancer la gloire de nostre Dieu, l'obéissance et service treshumble deu à vostre Maiesté, l'affection que nous avons à la patrie, et nommément à l'Eglise de Dieu, nous a conduits iusqu'en ce lieu, auquel nous espérons que nostre bon Dieu et Père, continuant le cours de ses bontez et miséricordes, vous fera pareille grace, Sire, qu'il feit au petit Roy Iosias, il y a maintenant deux mille deux cens et deux ans et que sous vostre tres-heureux gouvernement, Madame, assistée de vous, Sire, et des autres tres-illustres Princes du sang et seigneurs de vostre Conseil, l'ancienne memoire de la tant renommée Royne Clotilde sera rafreschie, laquelle servit iadis d'instrument à nostre Dieu pour donner sa cognoissance à ce royaume. Telle est nostre espérance pour laquelle, Sire, nous sommes prests d'employer nos propres vies, afin que vous faisans treshumble service en une chose si louable et si saincte, nous voyons le vray siècle doré, auquel nostre Seigneur et Sauveur Iesus Christ soit servi tout d'un accord, ainsi que tout honneur et gloire luy appartiennent à iamais, Amen. Sire, il plaira à vostre Maiesté n'avoir esgard à nostre langage tant rude et mal poli: mais à l'affection qui vous est entièrement dediee. Et d'autant que les poincts de nostre doctrine sont clairement et plus au long contenus en ceste présente confession de foy que ia nous vous avons presentee, et sur laquelle se fera la présente conference, nous supplions treshumblement vostre Maiesté nous faire derechef ceste faveur de la recevoir de nos mains, esperans, moyennant la grace de Dieu, qu'après en avoir conféré en toute sobriété et reverence de son nom, nous nous en trouverons d'accord. Et si au contraire nos iniquitez empeschent un tel bien, nous ne doutons que vostre Maiesté avec son bon conseil, ne scache bien pourveoir à tout sans preiudice de l'une ne de l'autre des parties selon Dieu et raison.

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sommes prêts de l'embrasser et retenir iusques à<br />

la mort: mais il nous semble, selon la petite mesure<br />

de cognoissance que nous ayons receuë de<br />

Dieu, que ceste transsubstanciation ne se rapporte<br />

à l'analogie et convenance de nostre foy, d'autant<br />

qu'elle est directement contraire à la nature des<br />

Sacremens, esquels il faut nécessairement que les<br />

signes substantiels demeurent pour estre vrays<br />

signes de la substance du corps et du sang de Iesus<br />

Christ: et pareillement renverse la vérité de la<br />

nature humaine et ascension d'iceluy. le di le<br />

semblable de la seconde opinion, qui est de la consubstanciation,<br />

laquelle outre tout cela n'ha nul fondement<br />

sur les paroles de Iesus Christ, et n'est<br />

nullement nécessaire à ce que nous soyons participai<br />

du fruict des Sacremens.<br />

Si quelqu'un là dessus nous demande si nous<br />

rendons Iesus Christ absent de la saincte Cène,<br />

nous respondons que non: mais si nous regardons<br />

à la distance des lieux (comme il le faut faire quand<br />

il est question de la presence corporelle, et de son<br />

humanité distinctement considérée) *) nous disons<br />

que son corps est esloingné du pain et du vin autant<br />

que le plus haut ciel est esloingné de la terre,<br />

attendu que quant à nous, nous sommes en la terre,<br />

et les Sacremens aussi: et quant à luy, sa chair<br />

est au ciel tellement glorifiée, que la gloire (comme<br />

dit sainct Augustin) ne luy a point osté la nature<br />

d'un vray corps, mais l'infirmité d'iceluy. z ionction de nous avec Iesus Christ, qui est la fin<br />

principale pour laquelle ont esté ordonnez les Sacremens,<br />

et non point pour estre ni adorez, ne<br />

gardez, ne portez, ni offerts à Dieu. Et finalement<br />

(si nous ne sommes decens) fait beaucoup plus<br />

d'honneur à la puissance et parole du Fils de Dieu,<br />

que si on estime qu'il falle que son corps soit realement<br />

conioint avec les signes, à ce que nous en<br />

soyons faits participans.<br />

le ne touche point au reste de ce qui concerne<br />

l'administration du sainct Baptesme: car ie croy<br />

que nul de vous, Messieurs, ne nous veut mettre<br />

au rang des Anabaptistes, lesquels n'ont plus rudes<br />

ennemis que nous. Et quant à quelques autres<br />

questions particulières sur ceste matière, nous espérons<br />

avec l'aide de Dieu que les principaux poincts<br />

estans vuydez en ceste amiable et douce conference,<br />

le reste se concluera de luy-mesme.<br />

Quant aux autres cinq Sacremens (qu'on appelle)<br />

vray est que nous ne leur pouvons donner<br />

ce nom iusqu'à ce qu'on nous ait mieux enseignez<br />

par les sainctes Escritures. Mais cependant nous<br />

pensons avoir establi la vraye Confirmation, qui<br />

gist à catéchiser et instruire ceux qui ont este<br />

baptisez en leur enfance, et généralement toutes<br />

personnes, devant que les admettre à la saincte<br />

Cène.<br />

Nous enseignons aussi la vraye .Penitence, qui<br />

) Et si gist en vraye recognoissance de ses fautes, en satis­<br />

quelque un veut conclure de cela, que nous rendons faction envers les parties offensées, soit en public<br />

absent Iesus Christ de sa saincte Cène, nous res­ ou en particulier, en l'absolution que nous avons<br />

pondons que c'est mal conclud. Car nous faisons au sang de Iesus Christ, et en l'amendement<br />

cest honneur à Dieu, que nous croyons, suyvant de vie.<br />

sa parole, qu'encores que le corps d'iceluy soit Nous approuvons le Mariage, suyvant l'ordon­<br />

maintenant au ciel, et non ailleurs, et nous en la<br />

nance de S. Paul, en tous ceux qui n'ont le don<br />

terre, et non ailleurs, ce nonobstant nous sommes<br />

iaicts participans de son corps et de son sang par<br />

de continence: à laquelle aussi nous ne pensons<br />

une manière spirituelle, et moyennant la foy, aussi<br />

estre licite d'astreindre personne par voeu ni pro­<br />

véritablement que nous voyons les Sacremens à<br />

fession perpétuelle: et condamnons toute paillardise<br />

l'oeil, les touchons à la main, les mettons en nostre<br />

et lubricité en paroles, en gestes, et en faicts.<br />

bouche, et vivons de leur substance en ceste vie Nous recevons les degrez des charges Ecclé­<br />

corporelle.<br />

siastiques, selon que Dieu les a ordonnez en sa<br />

maison par sa saincte parole.<br />

Yoyla en somme, Messieurs, quelle est nostre Nous approuvons les Visitations des malades,<br />

foy en cest endroit: laquelle, ainsi qu'il nous comme une principale partie du sacré ministère de<br />

semble (et si nous sommes trompez, nous serons l'Evangile.<br />

très aises de l'entendre) ne fait nulle violence aux Nous enseignons avec S. Paul de ne iuger<br />

mots de Iesus Christ, ni de S. Paul: ne destruit la personne en la distinction des iours et des viandes,<br />

nature humaine de Iesus Christ, ni l'article de son scachans que le royaume de Dieu ne gist en telles<br />

ascension, ni l'ordonnance des Sacremens: ne fait choses corruptibles.<br />

ouverture à nulles questions et distinctions curieuses Mais cependant nous condamnons toute disso­<br />

et inexplicables: ne derogue nullement à la con- lution, exhortans les hommes sans fin et sans cesse<br />

à toute sobriété, à la mortification de la chair, selon<br />

la nécessité de chacun, et à prières assiduelles.<br />

3515.1) Yoi s'esmeurent quelques Prélats. Note imprimée<br />

en marge.<br />

H reste le dernier poinct concernant l'ordre et<br />

2) Voyez à la fin de ceste harangue la sommaire de­ police extérieure de l'estat Ecclésiastique, duquel<br />

claration que ledit de Beze a faiote de ce point ci. {Idem.) nous estimons qu'il nous soit licite, Messieurs, de

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