opera quae supersünt omnia. - ARCHIVE OUVERTE UNIGE

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Quant au second poinct, nous ne recevons
autre regle de iustîce et d'obéissance devant Dieu
que les commandemens d'iceluy, comme ils sont
«écrits et enregistrez en sa saincte parole: ausquels
nous n'estimons qu'il soit loisible à creature quelconque
d'adiouster ne diminuer pour obliger les
consciences.
Quant au troisième poinct, c'est à scavoir, à
quoy elles sont bonnes. Nous confessons qu'en
tant qu'elles procèdent de l'Esprit de Dieu besongnant
en nous, puis qu'elles procèdent d'une si bonne
source, elles doyvent estre appelées bonnes: combien
que si Dieu les vouloit examiner à la rigueur,
il y trouverait par trop à redire.
Nous disons aussi qu'elles sont bonnes à autres
usages, d'autant que par icelles nostre Dieu est
glorifié, les hommes sont attirez à sa cognoissance,
et nous sommes asseurez que l'Esprit de Dieu estant
en nous (ce qui se cognoist par ses effects)
nous sommes du nombre de ses eleus et prédestinez
à salut.
Mais quand il est question de scavoir à quel
titre la vie éternelle nous appartient, nous disons
avec S. Paul que c'est un don gratuit de Dieu, et
non point recompense deue à nos mérites. Car Iesus
Christ en cest égard nous iustifie par sa seule
iustice nous estant imputée, nous sanctifie par sa
seule saincteté nous estant eslargie, et nous a rachetez
par son sacrifice unique, qui nous est alloué
moyennant une vraye et vive foy. Par la seule
grace et libéralité de nostre Dieu tous ses thresors
nous sont communiquez par la vertu du S. Esprit,
se servant pour cest effect de la predication de la
sacrée parole de Dieu, et de l'administration de ses
saincts Sacremens. Non point qu'il en ait nécessité,
veu qu'il est Dieu tout puissant: mais d'autant
qu'il luy plaist de se servir de ces moyens
ordinaires pour créer et nourrir en nous ce précieux
don de fdy, qui est comme la seule main pour appréhender,
et comme le seul vaisseau pour recevoir
Iesus Christ en salut avec tous ses thresors.
Mais nous ne recevons pour parole de Dieu,
que la doctrine escrite es livres des Prophètes et
Apostres, appelez le vieil et nouveau Testament.
Car par qui serons-nous acertenez de nostre salut,
sinon par ceux qui sont tesmoins sans nulle reproche
?
Et quant aux escrits des anciens docteurs, et
aux Conciles, devant que les recevoir sans aucun
contredict, il faudroit premièrement qu'on les accordast
entièrement avec l'Escriture, et puis aussi
entr'eux-mesmes, veu que l'Esprit de Dieu n'est
iamais contraire ne discordant à soy-mesme.
Ce que nous croyons que vous, Messieurs,
n'entreprendrez iamais de faire, et quand bien vous
l'auriez entrepris, vous nous pardonnerez, s'il vous
plaist, si iamais nous ne croyons qu'il se puisse
faire, sinon que nous le voyons par effect.
Quoy donc? sommes-nous de la race de ce
malheureux Cham, fils de Noé, qui descouvrit la
vergongne de son père? Nous estimons nous plus
doctes que tant d'anciens docteurs Grecs et Latins?
Sommes nous si outrecuidez de penser que nous
ayons les premiers descouvert la vérité, et de condamner
d'ignorance tout le monde universel? A
Dieu ne plaise, Messieurs, que nous soyons tels.
Mais vous nous accorderez, à nostre ad vis,
qu'il y a eu Conciles et Conciles, docteurs et docteurs:
veu que ce n'est de maintenant qu'il y a
eu de faux prophètes en l'Eglise de Dieu, comme
les Apostres nous en advertissent en plusieurs lieux,
et nommément en la premiere à Timothee 4. chap,
et aux Actes des Apostres, chapitre vingtième.
Secondement, quant a ceux qui sont reoeus,
puis que toute la vérité qu'on y scauroit trouver,
doit estre nécessairement puisée des Escritures, quel
plus certain moyen trouverons-nous de profiter en
leurs escrits, qu'en esprouvant le tout sur ceste
pierre de touche, et considérant les tesmoignages
et raisons de l'Escriture, sur lesquels ils se trouveront
avoir fondé leur interpretation? Certainement
nul ne peut ni ne doit leur attribuer plus
qu'eux-mesmes n'ont requis. Or voyla les propres
mots de sainct Hierome sur l'Epistre aux Galatiens:
La doctrine du Sainct Esprit est celle qui
est declairee es livres Canoniques: contre laquelle
si les Conciles ordonnent quelque chose, c'est une
chose illicite. Et sainct Augustin escrivant à Fortunatian,
Nous ne devons, dit-il, avoir les disputes
des hommes (quelques catholiques et grans personnages
qu'ils ayant esté) en mesme degré que leB
Escritures Canoniques, qu'il ne nous soit licite,
sauf la reverence deue à tels personnages, reprouver
et reietter quelque chose en leurs escrits, si
d'aventure il se trouve qu'ils ayent autrement iugé
que ne porte la vérité, estant entendue, moyennant
la grace de Dieu, ou par nous ou par autres tesmoins
et escrits des autres: et veux aussi que les
lecteurs des miens s'y portent ainsi. Autant en
a-il escrit en l'epistre 112. et pareillement au second
livre, chapitre 37. contre Cresconius.
Sainct Cyprien aussi n'en a pas autrement
escrit, disant qu'il ne nous faut regarder à ce qu'un
tel ou un tel a fait devant nous mais à ce qu'a
fait Iesus Christ qui est devant tous. Telle est
aussi la regie que baille sainct Augustin, escrivant
à sainct Hierome: et en un autre lieu, quand il
dispute contre ceux qui se vouloyent aider du concile
d'Arimine: Ne nous fondons, dit-il, ni nous
sur le Concile de Nicene (qui est toutesfois le plus
ancien et approuvé) ni vous sur le Concile d'Arimine,
mais arrestons-nous sur les sainctes Escri-