opera quae supersünt omnia. - ARCHIVE OUVERTE UNIGE
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693 1561 SEPTEMB. 694<br />
de nos péchez au sang de Iesus Christ, par la vertu<br />
duquel, après que ces mesmes corps ressuscitez auront<br />
esté reioints à nos âmes, nous iouirons avec<br />
Dieu de la vie bien heureuse et éternelle.<br />
Comment donc? (dira quelqu'un) ne voyla pas<br />
les articles de nostre foy? En quoy donc sommesnous<br />
discordans?<br />
Premièrement en l'interprétation d'une partie<br />
d'iceux. Secondement, en ce qu'il nous semble (et<br />
si nous sommes trompez en cest endroict, nous serons<br />
tres-aises de le cognoistre) qu'on ne s'est contenté<br />
des susdicts articles, ains que long temps y<br />
a qu'on n'a cessé d'adiouster articles sur articles,<br />
comme si la religion Chrestienne estoit un edifice<br />
qui ne fust iamais achevé.<br />
Nous disons d'avantage que ce qui a esté basti<br />
de nouveau, selon qu'il nous appert, n'a tousiours<br />
esté basti sur les anciens fondemens, et par consequent<br />
difforme plustot l'édifice, qu'il ne luy sert de<br />
pareure et ornement: et toutesfois on s'est bien<br />
souvent plus arresté à ces accessoires qu'au principal.<br />
Yoyla comme un sommaire de ce que nous<br />
croyons et enseignons. Mais afin que nostre intention<br />
soit encore mieux entendue, nous déduirons<br />
ces poincts par le menu.<br />
Nous disons doncques, et espérons maintenir<br />
en toute sobriété par les tesmoignages des sainotes<br />
Escritures, que le vray Dieu, auquel il nous faut<br />
croire, est despouillé de sa parfaite iustice, si on<br />
pense opposer à son ire et iuste iugement autre<br />
satisfaction ni purgatoire en ce monde, ni en l'autre,<br />
que ceste obéissance toute entière et accomplie qui<br />
ne se trouvera en autre qu'en un seul Iesus Christ:<br />
et pareillement que si nous disons qu'il nous quitte<br />
seulement une partie de nos debtes, d'autant que<br />
nous payonB l'autre, il est despouillé de sa parfaite<br />
miséricorde. De là il s'ensuit (autant que nous en<br />
pouvons iuger) qu'estant question de scavoir à quel<br />
titre nous avons paradis, il faut du tout s'arrester<br />
à la mort et passion d'un seul Iesus Christ, nostre<br />
Sauveur et rédempteur, ou bien qu'au lieu du vray<br />
Dieu, on adoreroit un Dieu estrange, qui ne seroit<br />
parfaitement iuste, ne parfaitement miséricordieux.<br />
De là aussi depend un autre poinct de trèsgrande<br />
consequence, touchant l'office de Iesus Christ.<br />
Car si luy tout seul n'est entièrement nostre salut,<br />
ce nom tant précieux de Iesus, c'est à dire Sauveur,<br />
qui a esté annoncé par l'Ange Gabriel, ne luy seroit<br />
propre. Semblablement, s'il n'est nostre seul<br />
Prophète, nous ayant pleinement déclaré la volonté<br />
de Dieu son Père pour nostre salut, premièrement<br />
par la bouche des Prophètes, puis après en personne<br />
en la plenitude des temps, et consequemment<br />
par ses fidèles Apostres: s'il n'est aussi le seul<br />
Chef et roy spirituel de nos consciences, s'il n'est<br />
nostre seul Sacrificateur éternel selon l'ordre de<br />
Melohisedec, ayant par une oblation de soy-mesme<br />
une fois faite, et iamais reiterable, réconcilie les<br />
hommes à Dieu, et maintenant seul intercédant au<br />
ciel pour nous, iusqu'à la consommation du monde:<br />
brief, si nous ne sommes du tout complets en luy<br />
seul, ce nom et titre de Messias, ou de Christ,<br />
c'est à dire oingt et dédié de Dieu son Père à cest<br />
effect, ne luy appartiendroit point.<br />
Si doncques ou ne se vouloit contenter de sa<br />
seule parole fidèlement preschee, et depuis enregistrée<br />
par les Prophètes et Apostres, il seroit dépossédé<br />
de son estât de Prophète: il seroit aussi<br />
dégradé de son estât de Chef et de Roy spirituel<br />
de son Eglise, si on vouloit faire nouvelles loix<br />
aux consciences: et de son estât de Sacrificateur<br />
éternel, par ceux qui entreprendroyent de l'offrir<br />
derechef pour la remission des péchez, et qui ne<br />
se contenteroyent de l'avoir pour seul intercesseur<br />
et advocat au ciel entre Dieu et les hommes.<br />
En troisième lieu, nous ne sommes d'accord<br />
ni de la definition, ni de l'origine, ni des effects<br />
de la foy, que nous appelons, après sainct Paul,<br />
iustifiante, et par laquelle seule nous croyons que<br />
Iesus Christ avec tous ses biens nous est applicqué.<br />
Quant aux bonnes oeuvres, s'il y en a aucuns<br />
qui estiment que nous les mesprisons, ils sont très<br />
mal informez. Car nous ne séparons non plus la<br />
foy de la charité, que la chaleur et lumière est séparée<br />
du feu: et disons avec sainct Iehan en sa<br />
premiere Canonique, que celui qui dit qu'il cognoist<br />
Dieu, et n'observe ses commandemens, se desment<br />
soy-mesme par sa propre conscience, et en toute<br />
sa vie.<br />
Mais au surplus nous confessons rondement que<br />
nous sommes discordans en trois principaux poincts<br />
sur ceste matière.<br />
Le premier est, touchant l'origine et premiere<br />
source dont les bonnes oeuvres procèdent.<br />
Le second, quelles elles sont.<br />
Le troisième, à quoy elles sont bonnes.<br />
Quant au premier, nous ne trouvons autre<br />
franc arbitre en l'homme qui celuy qui est affranchi<br />
par la seule grace de nostre Seigneur Iesus Christ:<br />
et disons que nostre nature, en Testât auquel elle<br />
est tombée, ha besoin d'estre avant toutes choses<br />
non pas aidée et soustenue, mais plustost tuée et<br />
amortie par la vertu de l'Esprit de Dieu, d'autant<br />
que la grace la trouve non seulement navrée et<br />
débilitée, mais du tout destituée de force, et contraire<br />
à tout bien, voire morte et pourrie en péché<br />
et corruption. Et faisons cest honneur à Dieu, de<br />
ne vouloir point partager avec luy. Car nous<br />
attribuons et le commencement, et le milieu, et la<br />
fin de nos bonnes oeuvres à la seule.grace et miséricorde<br />
d'iceluy besongnant en nous.<br />
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