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opera quae supersünt omnia. - ARCHIVE OUVERTE UNIGE

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1667 BPISTOLAB 3504—3505 668<br />

Le lundy matin monsieur Levesque fit ung<br />

sermon a la ville de Fallaise qui est près du camp<br />

de Gyvrey a ung traict ou deux darquebuttes. Son<br />

theme fut: Non est confusionis autor deus sed pacis.<br />

1. Cor. 14. Ung personage de bon esprit me raeompta<br />

son sermon. Linvocation fut pater et ave.<br />

J'ay, dit il, deux points a vous declarer: le premier,<br />

comment il faut croire, le 2. comment il faut faire.<br />

Et ayant traité ces deux points de la foy et des<br />

oeuvres, ceux, dit il, qui presohent aujourdhuy ne<br />

discordent point avec nous en ces deux choses. Il<br />

ny a sinon quelques ceremonies qui sont causes des<br />

différons. Il dit quil y avoit des bonnes choses en<br />

la messe, comme lepistre et levangille, mais aussi<br />

quil y en avoit dautres quil n'approuvoit point.<br />

En somme les papistes ne furent point contens,<br />

estimans quil preschoit a nostre avantage. Et ce<br />

mesme iour il sen alla et ne fit autre chose, tellement<br />

que sa venue a plus proffité qu'autrement<br />

pour estonner les prestres. Les nostres voyans que<br />

monsieur levesque sestoit retiré prindrent encore<br />

plus grand courage et mirent ung tel ordre pour<br />

l'exhortation du soir (qui se fit environ cinq heures)<br />

que certains garsons allèrent parmi le camp de<br />

Gyvrey crians a haute voix: Quiconque veut ouyr<br />

la paroile de Dieu quil aille tout maintenant. Lassemblée<br />

se fit au lieu qui estoit enclos de murailles.<br />

Il y avoit environ 40 hommes a la porte avec une<br />

demy douzaine de partisaines ou halebardes. Et<br />

quand on estoit une fois dedans nul ne sortoit iusques<br />

a la fin. En ce sermon là la messe fut achevée<br />

de peindre, tousiours avec grande modestie sans<br />

invective. Et comme aucuns nostoyent les chapeaux<br />

a la prière je commencay a dire: Nous adorons<br />

le dieu vivant, si aucun ne le veut adorer quil sen<br />

aille. Et tous osterent les chapeaux. Les prestres<br />

craignoyent de monstrer leur couronne.<br />

Le mardy, comme iestoye sur le point de me<br />

retirer je fus adverti dung bruit qui couroit parmy<br />

le peuple. Plusieurs disoyent: Que ferons nous?<br />

il ne faut plus aller a la messe. Gomment vivrons<br />

nous? Je retarday encore ce iour et grand peuple,<br />

principalement la noblesse du pays, sy trouvèrent.<br />

Or cest la coustume que les Seigneurs et dames<br />

viennent sur les derniers iours de la foire, quand<br />

les marchans les uns avec les autres ont fait leurs<br />

permutations. En ceste exhortation ie prins le<br />

texte des Collos. 2 : Donc ainsi que vous avez receu<br />

Jesus Christ, cheminez selon luy. le donnay<br />

plusieurs advertissemens de ce que chacun devait<br />

faire en attendant que Levangille se preschera publiquement:<br />

comment chacun devoit jnstruire la<br />

famille, lire les escritures, reformer sa vie, prier<br />

pour le Roy et pour les PrinceB, que Dieu leur foce<br />

entendre son saint evangille: après que chacun<br />

taschast de sadioindre aux assemblées secrettes. Je<br />

prins occasion de parler de nos assemblées, de ce<br />

qu'on y faisoit, en confutant les calumnies qu'on<br />

nous a imposés, comme de souffler chandelles etc.<br />

J'admonestay aussi quon se gardast des séducteurs<br />

et faux prophètes, d'ung tas de moynes qui se youdroient<br />

ingérer. Finalement ie les exhortay de savoir<br />

Loraison, comment il faut prier et qui. Je<br />

leur parlay sommairement des articles de la foy,<br />

et comme nous navions point une foy nouvelle<br />

mais celle de nos pères anciens, comme des prophètes<br />

et de tous ceux qui ont cognu Levangille.<br />

Ung bref discours fut fait des commendemens lung<br />

apres lautre, reprenant les vices, surtout l'idolâtrie,<br />

les blasphemes et autres vices les plus communs.<br />

Voila pour le mardy au soir. Incontinent l'exhortation<br />

faite celuy qui estoit president a Gaen<br />

l'an passé se présenta pour parler a moy, et ie ne<br />

le cognoissoye point. Aucuns ont pensé qu'il me<br />

vouloit livrer, mais il nest plus en office, et si, il<br />

y avoit plus de mille hommes ayans loeil sur luy<br />

et sur moy. Gela a esté ung bruit sans fondement.<br />

Il commença a minterroguer comment on se pourroit<br />

garder des faux prophètes. Il faut, dy ie,<br />

avoir bon tesmoignage de la vie et doctrine de ceux<br />

qui enseignent, et que la police que nous avons<br />

soit bien observée, quilz ayent attestation pour monstrer<br />

dont ilz sont envoyés. Il demanda comment<br />

iestoye venu dans ce pays. Les fidèles, dy ie, ont<br />

fait requeste a l'Eglise de Geneve, laquelle ma envoyé<br />

avec attestation. Il demanda comment iestoye<br />

venu a Gyvrey, si les marchans de Rouen<br />

mavoyent fait venir. Je respondis que ceux là et<br />

autres mavoyent prie de venir. (Je commencay<br />

lors davoir sa paroile aucunement suspecte quand<br />

il spécifia les marchans de Rouen). Apres il demanda<br />

mon nom et si iestoye La Barre.*). Quant<br />

a mon nom, dy ie, vous le saurez une autrefois,<br />

mais ie ne suis point La Barre. Ho, dit il alors,<br />

ne vous deffiez point de moy. Monsieur, dy ie, je<br />

ne say qui vous estes. Je suis, dit il, celuy qui<br />

estoyt lan passé President a Caen. Estes vous, dy<br />

ie, Monsieur de Poronl s ) Ouy. Or ayant osté<br />

mon chapeau ie luy dis : Monsieur, ie vous remercie<br />

les belles ohauldes que m'avez fait lan passé.<br />

(Jestime, mon frère, vous avoir escrit la grande affliction<br />

que mon assemblée a souffert par cest homme, luy<br />

estant en office de President). Il respondit disant : Je<br />

4) En 1558 d'aucuns predicants sortis de Genève se<br />

saisissaient des temples et églises, et entre antres y prêchèrent<br />

nn nommé La Barre, un antre nommé Cousin, Jean,<br />

Flamand de nation, envoyé de Génère à Caen, et depuis maître<br />

Vincent Le Bas etnn nommé Pierre Finohon, deux régents<br />

de cette ville. (Le Hardy, Hist, du prot. en Normandie<br />

p. 19.)<br />

5) nom illisible.

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