opera quae supersünt omnia. - ARCHIVE OUVERTE UNIGE

593 1561 AUGUST. 594
y avoit un jeune homme marié, ayant la crainte
de Dieu, lequel luy demanda si finement le chemin
de Mompellier a Lates qu'elle n'y ayant jamais esté
ne sceut respondre un seul mot, et par tel moyen
fut contrainte aprez plusieurs remonstrances confesser
sa faute et en pleura. En l'instant Monsieur
Formy arrive venant du consistoire (car elle estoit
a sa maison) ou volontairement present le jeune
homme elle confessa son méfiait et monstroit pour
lors avoir repentance. Or aprez luy avoir monstre
l'enormité de son péché, le scandale quasi de touts
a bon droit et de long temps soupçonné, fut consolée.
Et ce fait estant comuniqué entre nous ledit
Formy manda quérir l'adultère lequel, comme il
est homme grave, ne faisoit pas au commencement
grand conte des admonitions a luy faittes. Neanmoings
estant convaincu par la vérité du fait le
confessa, me priant de celer le péché, prometant
toutesfoys se soubmetre a la discipline de l'église.
Le mary de ceste femme estant absant causoit que
bonement nous ne scavions que fere. Cependant a
touts deux en particulier leur fut estroittement
deffendu de ne se frequenter aucunement. Et par
mesme moyen nous voulions voir s'il y avoit aucun
qui se fut pris garde du fait et qui en sceut rien
a la vérité. Or despuis plusieurs en ont parlé de
telle sorte que ou par soupçon ou de certaine
science mesme les papistes les plus malings de la ville
racontent le fait comme s'ilz l'eussent veu comme
voisins qu'ilz sont. Nous voulans metre fin a ce
fait envoyons quérir l'adultère, lequel, bien qu'alors
il n'y eut persone que nous troys, aprez avoir esté
admonesté par monsieur de la Chasse, nie tout a
plat avoir jamais commis tel fait avec la femme,
et moins l'avoir confessé, mais seulement qu'a cause
de ce qu'elle avoit demeuré tout le jour dans sa
maison il se soubmetroit au jugement de l'église.
Voilla comme, aprez l'avoir exhorté par douceur et
par rigueur, sans vouloir confesser plus avant, sen
ala quoy qu'on luy sceut alléguer. Despuis il nous
a mandé par la femme mesmes qu'il confessera
volontiers pourveu qu'il n'y ait que nous deux. Le
mary estant venu ne scait encores rien de tout
ceoy, ains craignant d'estre emprisonné pource qu'il
est redevable a plusieurs, s'est retiré a la maison
de ce8tuicy, tellement qu'il n'estime point avoir un
plus fidèle amy en ce monde, et veut et commande
a sa femme d'y aler et le 2 ) fait venir en sa maison.
Nous vous supplions bien affectueusement nous
vouloir escrire vostre avis sur tout ce fait et comme
nous nous y devons gouverner et mesme en l'endroit
du mary.
Par mesme moyen Mr. Jaques le Chirurgien
de ville neufve, habitant a Geneve, nous a prié
2) l'ami.
Calvin* opera. Vol XV 111.
vous fere entendre qu'il peut pour le present vivre
en liberté de consciance en ceste ville. Et nous a
demandé ceste atestatoire a cause de sa femme, laquelle
(comme il nous a dit) accorda a monsieur le
Lieutenant de noz honnorez Seigneurs presant Monsieur
Coladon, et a tout le consistoire, de venir ça
bas et suivre son mary ou il iroit, prouveu qu'elle
ne fut point contrainte d'idolâtrer. Il est certain
qu'a faute que nous n'avons pas le magistrat pour
nous, qu'il y a en ce pais beaucoup d'imperfections :
mais comme les choses sont a presant nous osons
dire que ceux qui voudront vivre selon Dieu trouveront
les moyens et commoditez, nompas toutesfoys
sans plusieurs empeschemans comme journellement
nous expérimentons en nous mesmes. Tant
y a que nous avons icy de matière très ample de
louer ce grand dieu autheur d'un tel bien pour la
paix et liberté qu'il nous donne. Voila ce que pour
le presant nous avons a vous escrire, vous supplians
nous avoir pour recommandez en voz prières et
oraisons, comme aussi de nostre part nous prions
ce bon dieu vous augmenter de plus en plus ses
graces et benedictions, nous recommandant bien
humblement a la vostre et de tous les messieurs
voz frères. De Mompellier en vostre maison ce
v. Aoust 1561.
Voz serviteurs bien humbles
La Chasse. Formy.
3468.
L'ÉGLISE DE FRONTIGNAN AUX MINIS­
TRES DE GENÈVE.
Demande de pasteur. •)
(Autographe de la Bibliothèque de Genève MS. 196, fol. 173.)
A Messieurs Messieurs Cal. et autres noz honnorez
Seigneurs et pasteurs a Geneve.
Messieurs, puis qu'il a pieu à Dieu nous avoir
fait la grace de nous donner la conoissance de son
filz, lequel desirons servir selon sa saincte parole,
et que comme nous sommes fragiles avons besoing
d'un pasteur par lequel les moyens de parvenir a
salut nous soyent annoncez Et d'autant que de voz
mains nous pouvons par la grace de Dieu obtenir
persone suffisante pour nous, mesmes que les messieurs
de Mompellier dient n'a pas long temps estre
aie par devers vous un certain escholier nommé de
I 8468.1) Comp. N. 3463.
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