opera quae supersünt omnia. - ARCHIVE OUVERTE UNIGE
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545 1561 IUL. 546<br />
gile. Mais croyez que le Diable ne cessera de<br />
tousiours se rebequer, et il a un nombre infini de<br />
supposts dont la rage est assez emflambee pour<br />
renverser la pure doctrine de salut, s'il leur estoit<br />
possible. Il vous faut donc apprester a beaucoup<br />
de troubles, et vous munir de la vertu d'enhaut<br />
pour y résister. Quand vous aurez prémédité de<br />
longue main qu'il ne se faut jamais lasser en ceste<br />
saincte entreprise, rien ne vous estonnera. Plustost<br />
quand les malins et reprouvez bataillent furieusement<br />
contre Dieu a leur perdition, nous devons<br />
estre tant plus incitez a combattre sous l'enseigne<br />
de nostre Seigneur Jesus a nostre salut, estans<br />
certains de la victoire. Sainct Paul avoit beaucoup<br />
fait quand toutesfois il proteste qu'il n'est point<br />
encore parvenu au but, mais qu'il s'y efîorce. Se<br />
voyant prochain de la mort, il se glorifie de n'avoir<br />
point combatu en vain, puisque la couronne de Justice<br />
luy est apprestee. Je ne doute pas que Dieu<br />
qui a si bien commencé a vous conduire, ne continue<br />
iusques a la fin, et qu'avec la vertu il ne vous<br />
donne aussi prudence, pour résister et obvier a<br />
toutes les mauvaises ruses et pratiques des ennemis,<br />
comme il en est bien besoin. Car il est certain<br />
qu'ils ne machinent que desloyauté et trahison.<br />
Vous aurez aussi a veiller sur ceux qui contrefont<br />
a demi les Ghrestiens, et cependant meslent<br />
leurs erreurs et blasphesmes parmi la vérité, pour<br />
les rejetter, qu'ils ne s'insinuent, ou bien pour en<br />
purger l'Eglise a ce qu'elle ne soit infectée de leur<br />
poison. Car ce sont les pires pestes et plus mortelles.<br />
Parquoy il nous faut soigneusement pratiquer<br />
l'exhortation de l'Apostre, de ne point laisser<br />
pulluler l'amertume des mauvaises herbes, afin que<br />
Ja bonne semence n'en soit corrompue, et pource<br />
qu'il nous faut tousiours avancer en l'oeuvre de<br />
Dieu, pour le moins il vous conviendra tenir main<br />
forte que ce qui a esté bien commencé n'aille point<br />
en decadence.<br />
Sur quoy, Monsieur, après m'estre humblement<br />
recommandé a vostre bonne grace, ie supplieray<br />
nostre bon Dieu vous tenir en sa saincte garde,<br />
vous guider par son Esprit a faire ce qui luy sera<br />
agréable, et vous fortifier de vertu invincible. De<br />
Geneve ce 11. juillet 1561.<br />
Càlvini <strong>opera</strong>. Vol, XV111.<br />
3436.<br />
CALVIN A COLIGNY.<br />
Encore ià Vautew se renferme dans les généralités.<br />
1 )<br />
(Copie ancienne BibL de Genève. Vol. 107, fol. 132. — Autres<br />
exz. Vol. 107b, fol. 83. Berne VIL p. 1. Simler Vol.<br />
101. — Buchat VIL 386. Bonnet IL 412. Trad. angllV. 202.)<br />
Monseigneur, combien qu'il seroit a désirer que<br />
le Royaume de Dieu savançast plus en vostre pays,<br />
et que l'évangile eust son cours plus paisible, toutesfois<br />
il ne vous fault point trouver estrange' si<br />
celuy qui conduit tout par son conseil admirable<br />
veut exercer la patience des siens en prolongeant<br />
le terme de leurs combats, moyennant que tous<br />
ceux qui tiennent le bon parti prennent le frein<br />
aux dens pour semployer constamment et franchement,<br />
comme ils doivent, a ledifice du temple de<br />
Dieu. Et vous sentires en bref que il veille plus<br />
que nous ne comprenons a faire prospérer son<br />
oeuvre. Seulement que nous gardions de nous<br />
lasser, et combien que le fruit de noz labeurs soit<br />
a present caché, il apparoistra en temps opportun.<br />
Les efforts aussi que font les adversaires de vérité,<br />
vous doivent estre occasion de vous esvertuer tant<br />
plus, afin que leur audace et présomption soit mattee<br />
et rompue par la constance que Dieu vous aura<br />
donnée. Oest beaucoup que vous estes asseuré,<br />
quelques molestes qu'ils vous donnent, que lissue<br />
en sera heureuse pour vous, et leur tournera a<br />
confusion. Dieu aussi vous propose un beau miroir<br />
pour vous encourager, quand au milieu des craintes<br />
et menaces les povres fidelles de France ne se lassent<br />
point de poursuyvre leur course. Lestât y est<br />
fort confus; mais nous espérons que Dieu trompera<br />
les plus fins, et quils se trouveront pris en leurs<br />
filets. Oeluy qui devoit estre le premier est si froid<br />
que rien plus. 2 ) Les ennemis sont plus enragez<br />
que iamais a tout ruiner, si Dieu ne leur tenoit la<br />
bride courte. Mesme ce sot insensé 8 ) qui vous a<br />
3486.1) Comp. N. 3392. 3397.<br />
2) Le roi de Navarre-<br />
3) M. Bonnet songe à Jaques duc de Nemours gui<br />
épousa en 1566 Anne d'Esté, fille de la duchesse de Ferrare<br />
et veuve de François de Guise, et qui, par un manque de<br />
parole avait causé la mort de Castelnau, et de quelques autres<br />
conjurés d'Amboise. Languet Ep. 156 dit de lui: Gnieiis<br />
se totum addixit, einsqne <strong>opera</strong> semper nsi sunt in rebus pericnlosis.<br />
Est enim temerarius et ex eo hominnm genere<br />
qnibns est opns bello civili. Et est infensns Borboniis etc.<br />
Mais nous croyons que Calvin a ici en vue un tout autre<br />
personnage, Louis de Bourbon duc de Montpensier, cousin^ du<br />
roi de Navarre, dont la femme Jacqueline de Longvoy était<br />
zélée protestante. ( Voir surtout Languet II. 122.)<br />
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