opera quae supersünt omnia. - ARCHIVE OUVERTE UNIGE

539 1561 IÜL. 530
(Copie ancienne Bibl. de Genève. Vol. 196, fol. 50. — Bonnet
IL 407.)
Messieurs, nous pensions bien que l'expérience
du temps passe vous deust avoir enseignez 2 ) a vous
tenir coys et paisibles, mais nous avons entendu
que c'est encore a recommancer de nouveau, et que
l'occasion est que le moyne qui ne vous avoit que par
trop bandez parcidevant, veult derechef estre jntroduit
a sa façon. Or devant que toucher ace mal particulier,
que 3 ) nous vous avons desia cognus de long temps
estre trop adonnez a voz sens et fantasies, ardens
a suivre voz appetitz et obstinez a les poursuivre
(nous n'entendons pas ceci 4 ) de tous, mais que
chascun s'examine et que celui qui se sentira coulpable
passe condemnation), souvienne vous comment
monsieur de La Gatdcherie 5 ) ha travaillé pour modérer
ceste vehemence et pour vous ramener a raison,
et quelle difficulté il y a heu. Croyez qu'en
faisant ainsi vous ennuyerez en la fin voz amis. Et
de faict sans docilité et modestie, nous ne savons
que c'est d'estre Ohrestiens. Touchant du moyne
nous sommes esbahis, s'il desire de s'employer au
service de l'Eglise, pourquoy il n'y entre par moyen
licite. Car de mettre confusion où Dieu ha establi
ordre, c'est une ambition profane et orgueil diabolique.
S'il avoit dextérité angelique en savoir et
en eloquence, malheur sus luy qxiand jl ne se
vouldra assubiectir a la foy commune. Ceulx qui
se faisoyent valoir par leurs pompes et fanfares et
vanteries du temps de S. Paul, estoyent (possible)
aussi habiles gens que luy. Toutesfois nous voyons
que le St. Apostre ne les prise pas ung festu. Mais
nous vouldrions bien avoir cognu ses vaillances,
pour le magnifier selon ses vertus. Et si nous n'en
sommes pas dignes, que n'en donne il approbation
par delà, soit en synodes ou aultrement? Si vous
en cuidez estre juges suffisans, vous nous faites
honte, tant pource que vous ne regardez point a
vostre mesure, que de ce que vous entreprenez plus
qu'il ne vous est licite. Quand vous seriez les plus
aigus du monde, en quelle eschole avez vous apprins
que gens privez puissent eslire ung homme a
leur poste? Telle licence sera tousjours maudicte,
veu qu'elle ne tend qu'a rompre l'union de l'Eglise.
Mais pour vous en dire le vray, jusqu'à ce que
vostre moyne nous ait convaincus du contraire, nous
le tiendrons pour une beste aussi sotte que fiere.
Et ce nous sera ung signe que ses supposts qui en
sont tant aveuglez, ont jusqu'icy tresmal proffité en
l'Evangile. Nous sommes contreinctz a nostre grand
2) esloignez St.
3) comme St.
4) cenx St.
5) N. 3113.
Calvini opera. Vol. XVIU.
regret d'estre ainsi rudes, pource que si vous persistez
jusqu'au bout en vous tenant a luy, vous
quicterez et abandonnerez les Eglises avec une dis>sipation
lamentable. Mais nous prions nostre bon
Dieu d'y vouloir remédier, et vous faire plier soubs
son joug, afin que d'un «sprit de mansuétude vous
renonciez a vous mesmes, luy prians aussi vous
tenir en sa protection et vous augmenter en tout
bien. Oe premier de Juillet 1561.
Vostre humble frère,
Charles d'espeville,
pour la compaignie, si vous le pouvez souffrir.
3438.
LES MINISTRES DE NEUCHATEL A CEUX
DE GENÈYE.
La classe est en instance auprès du gouvernement
tant pour obtenir la convocation d'un synode que
pour faire agréer les articles qui doivent servir à constituer
un consistoire. 1 )
(Bibliothèque de Genève MS. 197«, fol. 119.)
A noz tresohers Peres et frères les Pasteurs
et Ministres de Leglise
A Geneve.
S. Treschers pères et frères en nostre Seigneur.
Mes frères mont donné charge de recueillir
les articles nécessaires de proposer a Monseigneur
nostre Prince et a Madame sa mere, apres les
avoir saluez et leurs avoir présente une supplication,
bien tost apres leur arrivée au Vautravers, ainsi
que le Chastelain dudit Yautravers nous a conseillé
afin que nostre supplication et articles soyent
les premiers expédiez comme espérons suyvant les
lettres que nostre dite Dame nous a escrites, quilz
donneront ordre (estans yci arrivez) aux affaires de
Dieu et de son Eglise et non sans le conseil de
gens scavans et expers en telz affaires. Or nous
avons délibère par nöstre supplication demander un
Synode 2 ) auquel nosdictz articles soyent traictez
et passez ainsi quil plaira au Seigneur faire miséricorde
a ce paovre paiz. Autrement certes si Dieu
3428.1) La présente lettre ne se rapporte pas à celle de Calvin
N. 3381.
2) Ce synode se réunit en effet lors de l'arrivée du due
de LongueviUe et de sa mère. (Kirchhofer, Farel II. 159.)
34