opera quae supersünt omnia. - ARCHIVE OUVERTE UNIGE
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429 1561 APRIL. 430<br />
voua ne TOUS en tiendras point estant sur le lieu:<br />
demeures donc. Vray est quil mexceptoit que si<br />
TOUS, Monsieur, luy commandies, il noseroit pas<br />
refuser. Sur quoy ie luy repliquay: Comment?<br />
aves vous si mal profité en lesehole de Dieu, que<br />
de mal faire au plaisir des hommes? Plustost le<br />
plus grand service que vous pores faire au Seigneur<br />
auquel vous estes, tant affectionné, seroit de lempesoher,<br />
et luy dire franchement que ie luy mande<br />
au nom de Dieu quil fait mal, sil sembrouille en<br />
telle confusion. Ce pendant ie ne craignoye pas<br />
trop de ce costé, pource que iestoye persuadé quil<br />
nen estoit rien, et que laffronteur qui sestoit taudi iS )<br />
de vostre nom, avoit prins une fausse couverture.<br />
Quoy quil en soit ce povre gentilhomme sestant departi<br />
cinq ou six fois davec moy comme vaincu, en<br />
la fin me dit quil ne seroit iamais a repos quil<br />
neust fait un voyage vers vous. Et ie croy de<br />
vray que son intention estoit telle. Tant y a que<br />
iavoye conceu telle frayeur de ce qui est advenu,<br />
que ie le laissay partir a mon grand regret. Mesme<br />
quand il me vint dire a Dieu, en luy tendant la<br />
main, ie luy tournay le dos, monstrant la fascherie<br />
que iavoye au coeur.<br />
Si on demande pourquoy ie ne my suis plus<br />
formellement opposé, premièrement je ne pensoye<br />
pas quil en fust grand mestier, dautant que ie meprisoye<br />
lentreprise comme puerile. Et de fait, iay<br />
tousiours dit que si le fait me desplaisoit, la personne<br />
de La Benaudier men desgoustoit encore<br />
plus. u ) Ce pendant comme ie le tenois homme<br />
frivple, ie pensois que de soy mesme il sescouleroit.<br />
Ainsy puis que ie ne doubtois point daucun peril,<br />
ie ne me voulois point escarmoucher pour donner<br />
cause de grandes esmotions, ny alumer ung feu qui<br />
se fust espandu par trop loing; car il estoit bien a<br />
présumer que plusieurs innocens eussent porté la<br />
paste au four de ce quilz ne pouvoient mais. Geste<br />
raison ma retenu, a scavoir despargner les innocens<br />
que ie ne pouvois discerner davec les coulpables,<br />
ioinot aussi que ie navois nul accez pour y donner<br />
ordre. Toutesfois monsieur Coignet 1S ) qui est ambassadeur<br />
aux ligues pour le Boy, scait ce que je<br />
luy en dicta alors. Tant y a que mon intention<br />
na pas esté de nager entre deux eaux ou dissimuler<br />
par astuce, et tant moins de grattifier a lardeur de<br />
ceulx qui se précipitaient deulx mesmes. Car iay<br />
tousiours librement diet que si leur folie prenait<br />
13) Leçon authentique du MS. M. Bonnet a mis un<br />
point d'interrogation. Henry a mis: servi.<br />
14) Ce jugement est tris-subjectif et isolé. Tous les historiens<br />
du temps, La Place, La Planehe, Popelinière, d'Aubigné,<br />
s'accordent à reconnaître les talents et l'honorabilité du<br />
caractère de La Benaudie, tout en avouant qu'il était poussé<br />
par le désir de se venger.<br />
15) N. 2627. 2630.<br />
bien, je seroie lhomme le plus dégradé du monde,<br />
comme aiant trahy leglise, ayant empesché loeuvre<br />
de Dieu, mestant opposé a la liberté, et choses<br />
semblables. Puis que ie mesprisoie le tout et aymoie<br />
mieulx estre tenu lasche et couart, que de<br />
lascher la bride a ce que ie reprouvoie, vous pouvez<br />
iuger, Monsieur, pourquoy j'estoie contrainct de me<br />
taire, ou pour le moins ne faire point grande esmeute.<br />
Si est ce quen ce temps la on a ouy des<br />
sermons plusieurs de moy, ou iay debatu ceste cause<br />
avec aussi grande vehemence quil estoit possible.<br />
Ce quon peut assez voir, daultant quilz ont esté recueillis<br />
de mot a mot avec la date du mois et du<br />
iour, dont il apert que ie ne iouois point double<br />
personnage, et que ie nusoie point de silence pour<br />
rien remuer par dessoubz terre.<br />
Lissue estant advenue telle que chacun scait,<br />
ien fus anguoissé, comme ie debvois, mais non pas<br />
estonné comme dune chose nouvelle, pource que ie<br />
lavoie constamment ainsy predict, avec protestation<br />
que ie craignois destre en la fin congnu trop vray prophète.<br />
Que sil eust esté en ma liberté dy mieulx<br />
pourvoir, ie ne my fusse point espargné, comme<br />
iay bien dissipé daultres praticques qui se menoient<br />
de loing, sans ce que nul du royaulme en ait<br />
esté adverty. Ce pendant ie ne puis pas empescher<br />
quon ne maccuse la ou ie ne puis estre ouy, mais<br />
il me suffit davoir Dieu pour mon guarand, et<br />
tous ceulx qui ont conversé 16 ) avec moy pour<br />
tesmoings, tellement que partout ou on me vouldra<br />
donner audience, iauray la bouche ouverte pour<br />
monstrer quon me faict grant tort en me chargeant<br />
de telles calumnies. Depuis, quant le roy de Navarre<br />
ma requis de son bon gré et propre mouvement<br />
de luy envoier monsieur de Beee, il scait<br />
que mon affection na pas tendu sinon au bien et<br />
repoz public du pais de France, et a la seureté de<br />
lestat du Roy. Mais oultre ce quil scait, iay de<br />
bons tesmoings que iay tasché par menées oblicques<br />
de refroidir ceulx qui estoient par trop eschauffez.<br />
Sil piaist a daucuns soit par malice ou aultrement<br />
de mimputer tout le mal qui se fera bien loing de<br />
moy, quoy feroie ie sinon de requérir quon senquiere<br />
et quon sçache comment il en va. Car quant<br />
la vérité sera congnue, iauray de quoy despiter<br />
tous malveillans qui me vouldroient blasmer. Il<br />
sest faict des excez en Provence; 17 ) aucuns ont<br />
16) commerce St.<br />
17) Charles de Montbrun avait tiré l'épée dans le Dan-.<br />
phiné et le comtat Venaissin, pour la défense de la religion.<br />
L'assassinat d'un gentilhomme protestant de Castellane, Antoine<br />
de Monvans, mit tonte la Provence en fen. Panl de<br />
Monvans, frère d'Antoine, ne pouvant obtenir justice de ce<br />
meurtre, accompli avec des circonstances atroces, prit les armes,<br />
et saccagea tont le pays autour d'Aiz. Bèze, Hist, eccl.,<br />
t. I. p. 374 à 383. De Thon, L. XXV. {Bonnet.)