opera quae supersünt omnia. - ARCHIVE OUVERTE UNIGE

315 EPISTOLAE 3316—3318 316
3316.
CALVIN A LA DUCHESSE DE FERRARE.
A Voccasion de sa rentrée en France. 4 ).
(Copies Bibl. de Genève. Vol. 107, fol. 129 v. Vol. 115a, fol.
64. Berne F. 142. — Ruchat VII. 383. Bonnet II. 368.)
Ma dame, combien que j'ay dequoy rendre
graces a Dieu de ce quil continue a vous tenir en
sa crainte et obéissance, toutesfois comme l'expérience
vous monstre asses le besoin que vous aves
de vous y advancer de plus en plus et conformer,
i'espere que vous me sçaures tousiours bon gré si pour
lhonnëur que je vous porte, et le soin et désir 2 ) que
iay tant de vostre salut, que le nom de Dieu soit
glorifié de plus en plus par vous, je m'efforce d'y
aider tant qu'il m'est possible. Car ie sçay que
voua aimes destre enseignée et mesme exhortée à
voBtre devoir vous rendant docile et débonnaire à
recevoir tout ce que vous scaves procéder de Dieu.
Or, Ma dame, si vous aves parcidevant esté advertie
que pour cheminer droit, il nous faut oublier tous
regards mondains, vous en estes a ceste heure à la
prattique. H nest ia besoin que ie vous recite les
difficultés qui vous pourroyent destourner ou retarder
de servir à lhonnëur de Dieu, veu que vous ne les
sentes 3 ) que par trop. Mais tant plus vous faut il
fortifier a surmonter tout, espérant que celuy qui a
si bien commencé parfera. Seulement armes vous
de ses promesses et ayes vostre recours à la vertu
de son esprit, laquelle est suffisante pour vous donner
victoire sur tous combats. Cependant, Ma dame
je vous prie de vous esvertuer à donner tel exemple
que vous saves que Dieu le requiert de vous en tel
degré quil vous a eslevee, tellement que les bons y j
prennent courage, et les meschans en soyent confus, i
Voire quand ils devroyent crever, que vous faciez j
cest honneur à Dieu de les despiter pour luy obéir ;
et complaire. j
Pour le second, Madame, ie vous supplie comme !
vous aves bien commencé, de persister à soulager i
les povres membres de Jesuschrist et procurer le
repos de l'Eglise. Car outre ce que vous saves
que cest un service agréable a Dieu, voire un sa-
3316.1) de la Planche p. 381 ; En ce mesme temps si malheureux
Qors de Varrestation de Condé) arriva d'Italie en
France madame Benee de France duchesse douairière de Ferrare
et belle mere du Sr. duo de Guyse, qui avoit tousiours
favorisé la religion, et tronva fort mauvais l'emprisonnement
des princes, prédisant à son gendre que mal luy en adviendrait
comme il feit depuis. Mais elle ne fust creue et falust
qu'elle avalast ceste pillule à son arrivée.
2) le sainot désir Bt.
3) connoissez Bt
crifice de bonne odeur, nous devons bien estre incites
par ce qui est dit en l'Escriture, que ceux qui
soulagent les povres membres de Jesuschrist et
leur subviennent, sont coadiuteurs de la vérité de
Dieu, qui est un tiltre si honorable que rien ne
doit estre espargné pour y parvenir. Comme ceus
qui sont par chemins se hastent tant plus quand ils
voyent la nuit approcher, aussi, Madame, laage*)
vous doit de fait advertir de vous efforcer tant a
laisser bon tesmoignage en ce monde, quaussi le
porter devant Dieu et ses anges, comme vous aves
eu en recommandation l'Eglise de nostre seigneur
Jesuchrist, plus que tous les biens et honneurs terriens.
6 ) Quand vous y prendres courage, comme il
appartient Madame, iespere que Dieu fera tellement
profiter vostre magnanimité et constance, que tous
fidèles béniront à pleine bouche et dun accord 6 )
vostre retour en France, confessans que vrayement
Dieu a eu pitié deus par vostre moyen, leur a
tendu la main quand il vous y a ramenée sur
vostre vieillesse. Et pour ce que cest une oeuvre
qui outrepasse 7 ) toute faculté humaine ie vous prie,
ma dame, de vous y inciter et soliciter journelement
par les saintes exhortations qui nous en sont données
en l'Escriture.
Sur quoy, etc. etc. 8 )
3317.
CALVIN A COLIGNY. 0
Compliments au sujet de ses démarches en faveur
de la liberté religieuse.
(Copies Bibl. de Genève. Vol. 107, fol. 129; Vol. 115«, fol. 63.
Berne F. 138. — Buchat Vu. 381; Crottet N. 47; Bonnet II.
371; Trad. angl. IV. 165.)
4) Elle était née en 1510.
5) terrestres Bt.
6) d'un commun accord Bt.
7) surpasse Bt.
8) Il n'y a rien de plus dans la plus ancienne copie.
M. Bonnet ajoute: madame, après m'estre humblement recommandé
à vos bonnes grâces etc. Du 16. janvier 1561. Gette
date peut bien être juste.
3317.1) Voyez sur sa courageuse conduite à rassemblée de
Fontainebleau N. 3253. Il se rendit aussi aux États d'Orléans
au mois de Décembre quoiqu'il eût été averti des dangers
qu'il y courrait. B ne les cacha pas à sa femme près
d'accoucher. La reine Catherine même Vavait mis en garde
contre les mauvaises intentions du cardinal de Lorraine, La
maladie du roi déjoua les sinistres projets des Guise. {La
Planche 410.)