opera quae supersünt omnia. - ARCHIVE OUVERTE UNIGE

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Sire, aiant fait vos recommandations par deçà
ainsi comme TOUS m'aviez demandé, j'ai congneu en
nos princes *) un singulier regret et déplaisir de
l'outrage que l'on avait fait à Monseigneur le prince
vostre frère. 2 ) Et n'eust esté la mort du feu roy,
qui leur donna opinion que le dit seigneur estoit
délivré, il y a longtemps qu'ils eussent fait devoir
d'amys et de chrestiens envers luy. Au demourant
ilz sont tous si joyeux du gouvernement qui vous
est rendu, qu'ilz se délibèrent vous envoier ambassades
pour vous congratuler, 3 ) et asseurer de leur
bonne voulonté et affection envers Vostre Majesté:
vous priant de recognoistre maintenant le devoir
que vous avez envers Dieu, lequel vous a délivrez,
vous et monseigneur vostre frère, de la main de
vos ennemis, vous les donnant maintenant liez piedz
et mains à vostre devotion, et les submettant soubs
vos piedz pour leur rendre le supplice qu'ilz méritent
par leur intolerable tyrannie, et imanité dont
ils ont usé envers vous.
Les princes qui s'assemblent 4 ) sont xxi, et sont
tous de la confession evangelique. Il y a les électeurs
palatins, de Saxe et deBrandenbourg: le landgraff
: les ducs de Saxe, de Pomeranie, Wirtemberg,
Deux-Ponts, Brunswick, Luuebourg, Meclebourg,
Louambourg,Holstain, Anhalt; les marquis deBrandenbourg
et de Bade, et le comte palatin Georges,
frère de monseigneur l'Electeur.
Le lieu de l'assemblée est Neunbourg, sur les
fins de la Turingie; et l'assignation au xxi e de janvier.
S'il plaisoit à Yostre Majesté ncgotier avec
eux de quelque affaire, l'opportunité seroit maintenant
fort grande: mais il faudroit savoir bientost
vostre volonté et me la mander par la poste,
vous suppliant très humblement, Sire, vous tenir
asseuré que je seray toute ma vie prest à vous faire
très humble service. Les causes de l'assemblée sont
outre celle que j'ay ditte, pour se preparer à la
journée imperiale, qui se doit tenir en cesto vile
le xx. d'apvril, pour secourir les Livoniens que le
roy des Moscovites a quasi tous subjuguez, et pour
délibérer do ce qu'ils ont à faire en ce coucile general
que le pape a ordonné. Au reste le roy de
Polongne s'en va faire la guerre au Moscovite pour
la defence des Livoniens, et a respondu à ses am-
3306.1) allemands. Comme il n'était revenu de Nérac qu'au mois
de Novembre il peut tout au plus avoir été à Heidelberg. Mais
cela n'est pas probable, son retour étant impatiemment attendu
à Strasbourg. Il suffira de songer à des lettres échangées.
2) arrêté et condamné N. 3291. 3293.
3) C'était le plan de Sturm et de Eotman qui espéraient
obtenir en même temps la cessation des persécutions.
Au mois d'Avril 1561 Hotman se rendit à Caisel et ailleurs
pour engager les princes à cette démarche. (Rommel, Phü.
II. 587; Sattler, Wûrtb. IV. 164; Barthold 337.)
4) à Naumbourg au mois de Janvier.
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bassadeurs qui demandoient sa seur en mariage,
qu'il ne feroit alliance avec luy, tant qu'il luy eust
rendu son pais de Schmolentzki, qui contient environ
deux cens lieux de long, et qu'il eust laissé le
pais de Livonie et lasche les prisonniers. Toutefois
le barbare a rompu la trêve et tient assiégée la plus
forte place du pays, qui est Veissenstainz. 5 ) Le roy
des Tartares, craignant que le Moscovite ne s'accroisse
par trop, a fait alliance avec le Polonois et lui
fournit quarante mil chevaux. Le Polonois en a
vingt mille sur les frontières de Livonie. Les
Suisses tiennent leur journée à Baden le jour des
Rois, et là se doit appaiser leur different, 6 ) ou assigner
journée d'une cruelle bataille. A Constantinople,
le lieutenant general du Turc a fait son
triumphe à la façon ancienne des Romains, menant
quatre cens chrestiens enchainez, et faisant porter
la peinture de trente ou quarante galleres avec les
enseignes des Espagnols esquelles estoit peint l'image
du Crucifix, du pape et du roy Philippe.
Tellement que les Turcs et Barbares prennent occasions
sur les troubles que les tyrans excitent es pais
chrestiens de se fortifier et prévaloir contre nous.
A quoy, Sire, nous supplions très humblement Vostre
Majesté, vouloir avoir quelque esgard, et vous
souvenir de la promesse qu'il vous pleust nous faire
à Vertueil : 7 ) sachant le conte que vous aurez à
rendre au jugement de Dieu, de dissimuler à la
cruautte des tyrans, et à l'effusion du sang de tant
de pauvres affligez. Mesmes les Allemans sont
avertis que les desers et montagnes de la Provence
sont pleines de pauvres fugitifs qui meurent de
faim et de froit, et espèrent que vous estant aujourd'huy
rendue l'autorité qui vous appartenoit, Vostre
Majesté aura plus d'esgard à l'obéissance qu'elle doit
à Dieu, qu'à l'amitié des tyrans, qui sont en execration
et de Dieu et des hommes. A quoy je supplie
le Créateur vous vouloir, Sire, augmenter la sainte
affection qu'il vous a donnée, et tellement inspirer
que vous congnoissiez que ses oreilles seront fe
mées à vos prières, si les vostres sont sourdes aux
clameurs de ses serviteurs et enfans, le priant conserver
Vostre Majesté en très longue et très heureuse
vie. De Strasbourg, ce dernier de décembre
1560.
Vostre très humble, très obéissant et très affectionné
serviteur à jamais.
Hotomanus.
5) Weissenstein, château en Esthonie ou G. d'Alten-
Bockum soutint un siège de 5 semaines, avec une petite troupe,
et força les Russes à la retraite en Sept, et Oct. 1560. (Rutenberg,
Gesch. der Ostseeprov. II. 492.)
6) au sujet de l'affaire de Giaris.
7) jusqu'où Bèze et Hotman avaient accompagné le roi
à leur retour de Nérac.
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