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GE Biblioth. pub. et univ - Archive ouverte UNIGE

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m EPISTOLA 3988 92<br />

sent bien considéré le danger ils eussent parle autrement:<br />

veu mesmement que les testes de ee pays<br />

ne se domptent pas si aisément. le vous puis asseurer<br />

que ce poinot m'a autant exercé que pas<br />

un de tous les autres. Car ie me trouvois en extrémité<br />

sans pouvoir avoir conseil d'aucun qui me<br />

resolust la dessus. I'estois nouvellement arrivé en ce<br />

pays, tellement que ie ne pouvois pas avoir cognoissance<br />

des moyens pour trouver argent. Finablement<br />

ie prins resolution qu'il faloit entr<strong>et</strong>enir<br />

les charges du ministère des charges que les prestres<br />

supportent pour faire leurs offices, 18 ) <strong>et</strong> que<br />

les bénéficiera se devroyent bien contenter s'ils<br />

avoyent autant de revenu que s'ils arrentoyent<br />

leurs benefices. Bref ie deliberay de faire un<br />

voyage par ce pays, pour m'informer des revenus<br />

<strong>et</strong> des charges des benefices de Beam <strong>et</strong> de<br />

toutes les conditions, pour puis après aviser la<br />

dessus aux moyens d'entr<strong>et</strong>enir les ministres.<br />

Quand ie Pentreprins plusieurs mesmes des ministres<br />

s'en moquoyent, les autres pensoyent que ie<br />

gasterois tout: <strong>et</strong> vouloyent qu'on ostast aux prostrés<br />

leurs benefices, quelque danger qui en peut<br />

survenir. Les testes de ce pays sont si chaudes <strong>et</strong><br />

si opiniâtres qu'il est bien difficile de leur arracher<br />

une fantasie de la teste, <strong>et</strong> souvent ne considèrent<br />

pas beaucoup aux dangers ausquels neantmoins ils<br />

-ils ne sont pas tousiours bien constans. Cependant<br />

ie persistay en ma deliberation contre l'avis de<br />

presque tous. Et dieu merci i'ay trouve de telles<br />

charges que les prestres sont contraincts de supporter<br />

qu'elles montent a plus de ving mille livres<br />

tous les ans. 19 ) Davantage il y a beaucoup de<br />

choses qui se despendent en commun sans que pas<br />

un particulier en aye proffit, qui montent beaucoup.<br />

En après il y a plusieurs prestres qui aimeront<br />

mieux quitter leurs benefices que de demourer 20 )<br />

en ce pays pour faire profession de la religion,<br />

desquels on pourra prendre les benefices. Il seroit<br />

long d'esorire tous les advertissemens que i'en ay<br />

eus. En somme i'ay trouve qu'on en pourra bien<br />

r<strong>et</strong>irer plus de trente mille livres toutes les années.<br />

Et cependant ceux qui possèdent les benefices morront<br />

<strong>et</strong> leurs benefices ne seront plus bailles a des<br />

autres. Et par ainsi le revenu croistra tous les<br />

iours. le couchay cela par les menus par escrit<br />

<strong>et</strong> le presentay a la royne qui le trouva fort bon,<br />

<strong>et</strong> tous ceux do son conseil, tellement qu'elle a<br />

arreste de le suyvre. Les prestres ayant cecy entendu<br />

en sont fort aises, <strong>et</strong> tous leurs parens, de<br />

sorte que ie ne suis pas tenu d'eux de leurs plus<br />

grands ennemis. Ceux qui n'avoyent pas auparavant<br />

trouvé bonne mon entreprinse maintenant<br />

la louent singulièrement, voyans que plusieurs sont<br />

appaises qui estoyent preste d'esmouvoir sedition.<br />

Il y avoit encores une autre grande difficulté,<br />

c'est que quasi tous les gentilshommes ont droiot<br />

de patronnât pour conférer les benefices <strong>et</strong> singulièrement<br />

les cures. Ils estimoyent que cela leur<br />

devoit estre rendu ou qu'ils devoyent élire <strong>et</strong> presenter<br />

les ministres. le ne pouvois trouver bon<br />

ny l'un ny l'autre. Car si on le leur eust rendu<br />

les restes des revenus ecclésiastiques eussent esté<br />

fort p<strong>et</strong>its, <strong>et</strong> cela n'eust pas este raisonnable de<br />

leur bailler l'élection ou presentation des ministres:<br />

ie n'y voyois que brigues <strong>et</strong> confusion. Enfin ie<br />

donnay conseil a la royne de faire estimer par<br />

gens non suspects la quantiesme partie du benefioe<br />

pourroit estre rendue aux seigneurs patrons, qui<br />

valut autant que leur droict de patronat, <strong>et</strong> que<br />

ceste partie la leur fust rendue, quand les benefices<br />

vaqueroyent, <strong>et</strong> le reste fust appliqué à l'Eglise.<br />

Ce conseil a este approuvé <strong>et</strong> a clos la bouohe à<br />

ceux qui murmuroyent prests à faire des troubles,<br />

le crain bien que si cela n'eust este ainsi fait que<br />

vous auries maintenant de ces cartiers icy des piteuses<br />

nouvelles, des troubles <strong>et</strong> seditions qui y<br />

eussent esté esmues, desquelles nous ne sommes<br />

pas encores.asseurés. Or cepandant qu'on difîeroit<br />

d'assembler les estats, nous suppliâmes la royne<br />

qu'en iceux elle notifiast les disputes, <strong>et</strong> que nous<br />

estions prests de maintenir nostre doctrine par la<br />

parole de Dieu contre tous contredisans, <strong>et</strong> la suppliâmes<br />

que pour cest effaict elle invitast tous les<br />

papistes à disputer contre nous: <strong>et</strong> mesmes nous<br />

luy présentâmes la confession de foy des Eglises de<br />

France pour servir de positions. • Mais les estats<br />

nous furent si contraires qu'il n'y eust ordre de disputer,<br />

ny mesme d'en parler. Car ce que i'avois<br />

crainct d'iceux nous advint. Gar tant s'en faut<br />

que la royne leur osast proposer l'affaire de la reformation,<br />

scachant que plus des trois pars y eussent<br />

esté contraires, que mesmes ils s'y opposèrent<br />

sans qu'elle leur en parkst, <strong>et</strong> prindrent occasion<br />

sur une defence qu'elle avoit faicte à ma requeste<br />

de ne pourmener leur dieu de paste le iour de sa<br />

feste, 21 ) <strong>et</strong> passarent plus outre, demandans que sa<br />

maieste les entr<strong>et</strong>int en la religion de leurs ancestres<br />

selon la promesse que les princes de ce<br />

pays en font. Le moyen d'enfraindre leur authorité<br />

fust que nous persuadâmes a quelque peu de nombre<br />

18) C'est ce gui fut fait au synode de Septembre [Bordenave<br />

117).<br />

21) Bordenave 117; Trois mois auparavant {donc en<br />

19) 15000 d'après Bordenave.<br />

Juin) S. M. avoit interdit les predications aux moines, <strong>et</strong> aux<br />

20) Le Bull<strong>et</strong>in lui fait dire tout juste le contraire .- pour prestres les processions, principalement celle que l'Eglise ro­<br />

demeurer.<br />

maine fait le jour appelle du sacre.

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