GE Biblioth. pub. et univ - Archive ouverte UNIGE
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89 1563 IUL. 90<br />
Bi on n'usoit de quelque bonne practique. Cela<br />
fut cause qu'après avoir longuement discouru en<br />
mon entendement ie taschay de persuader a la<br />
royne d'exécuter ce qui me sembloit estre nécessaire<br />
de faire ayant qu'assembler ses estats. Premièrement<br />
quant aux ecclésiastiques qu'elle taschast de les<br />
gaigner, leur prom<strong>et</strong>tant qu'elle les laisseroit iouir<br />
des revenus de leurs benefices <strong>et</strong> qu'elle leur feroit<br />
des autres biens moyenant qu'ils s'accordassent<br />
à la reformation de la religion. le luy remonstre<br />
qu'il seroit aisé de le persuader à aucuns d'entre<br />
eux qui sont entendeurs <strong>et</strong> que les desioignant<br />
d'avec les autres leur authorité seroit du tout affoiblie,<br />
singulièrement si ceux qu'elle auroit gaignés<br />
declaireroyent <strong>ouverte</strong>ment leur consentement à<br />
la reformation. Quant aux gentilshommes il eust<br />
esté bien difficile de les practiquer tous. Mais il<br />
estoit aise de gaigner les principaux, ou par l<strong>et</strong>tres<br />
ou par gratieux propos, les envoyant quérir. Et<br />
ceux qui se fussent monstres les plus fascheux,<br />
quelle difficulté y avoit il de leur donner des commissions<br />
en ce temps la hors du pays, ou les envoyant<br />
à Monsr. le prince de Bearn ou es autres<br />
pays de la royne? Et au pis aller, estans entre<br />
eux divisés, ils n'eussent peu faire grand dommage :<br />
comme remonstray à la royne pour luy persuader<br />
de le faire. Quant aux Iurats i'entendis qu'il y<br />
en avoit quelques uns morts, en l'office desquels<br />
i'estois d'avis qu'on pourveust de fidèles: <strong>et</strong> quant<br />
aux autres, qu'elle envoyast quelques uns qui les<br />
guagnaçsent ou qui les menaçassent de leur faire<br />
rendre conte de leur charge <strong>et</strong> de quelques p<strong>et</strong>its<br />
deniers qu'ils manient, scachant qu'il y en avoit<br />
bien peu qui se fussent si bien conduits qui ne<br />
craignissent de rendre conte. le taschay de persuader<br />
cela à la royne, mais ce fut pour néant,<br />
non pas qu'elle n'approuvast mon conseil, mais<br />
c'estoit pource qu'en cest affaire il y avoit trop de<br />
peine <strong>et</strong> qu'elle a esté peu exercée en affaires,<br />
ayant este tousiours ou sous un père qui les conduysoit,<br />
ou sous un mari qui les negligeoit: qui<br />
est la seule chose que ie requières en elle. Voyant<br />
cela ie tasche de persuader a quelques siens familiers<br />
serviteurs de le luy conseiller: mais ce fut envain,<br />
d'autant qu'un chacun craignoit de se mesler<br />
de cest affaire <strong>et</strong> la plus grande partie en estoit<br />
ennemie. De luy persuader de ne les tenir point,<br />
il estoit impossible, d'autant qu'ils estoyent desia<br />
assignés, <strong>et</strong> que c'est le seul moyen pour avoir argent<br />
de ce pays. le fus donc contrainct d'en attendre<br />
l'issue, n'en espérant pas d'avantage que ce<br />
que i'en ay vu <strong>et</strong> craignant encores pis.<br />
Depuis ce temps icy iusques à ce que les<br />
estats furent assemblés plusieurs sepmaines se passèrent,<br />
durant lesquelles ie donnay ordre que la<br />
xoyne envoyast vers vous pour avoir des minis<br />
tres. 1S ) Car on me disoit qu'il seroit impossible<br />
d'abbattre la papauté sans planter en sa place la<br />
vraye religion: ce qui ne se pouvoit faire sans ministres.<br />
Et croy bien que ceux qui m<strong>et</strong>toyent cecy<br />
en la teste de la royne n'esperoyent pas que nous<br />
en peussions trouver suffisamment. Voyla pourquoy<br />
ie vous pries si affectueusement de nous en donner<br />
un bon nombre, combien que vous ayes pensé que<br />
i'en demandois plus que nous n'en avions de besoing,<br />
afin que par ce moyen i'en obtinse d'avantage,<br />
comme la l<strong>et</strong>tre que Monsr. de Bese a escrite<br />
au nom de vous tous le di<strong>et</strong> <strong>ouverte</strong>ment. le confesse<br />
que ie craignois bien de n'en obtenir pas<br />
tant, ny mesmes autant que vous nous en aves de<br />
vostre grace envoyé. Mais nous eussions eu besoing<br />
d'en avoir plus que ie n'en demandois: qui<br />
fut cause que ie priay le porteur d'y faire son devoir<br />
, encores que ie ne requerois pas de luy qu'il<br />
vous fust importun. Et mesmes craignant que<br />
vous ne nous en envoyissies pas beaucoup <strong>et</strong> que<br />
par ce moyen ie n'eusse de quoy respondre à ceux<br />
qui disoyent qu'on ne devoit pas exterminer la papauté<br />
sans y planter la vraye religion, ie me fis<br />
décréter une commission pour visiter les églises <strong>et</strong><br />
autres lieux de ce pays, à fin que ie misse ordre<br />
en quelques choses qu'on pöuvoit lors reformer, <strong>et</strong><br />
cependant que i'exhortasse ceux à qui dieu auroit<br />
fait des graces de servir une Eglise, qu'ils se dédiassent<br />
16 ) à y servir. Et mon voyage ne fut pas<br />
du tout inutile. Pour le moins ie le fis valoir de<br />
sorte qu'on ne me mit plus la dis<strong>et</strong>te de ministres<br />
en avant pour r<strong>et</strong>arder la reformation. Mais<br />
on m'assailloit d'un autre costé, à savoir qu'il ne<br />
faloit rien faire que premièrement on n'en eust<br />
l'advis de Monsr. le prince 11 ) <strong>et</strong> de Monsr. l'Amiral:<br />
ce qui ne se faisoit que pour r<strong>et</strong>arder la reformation.<br />
Quelques nouvelles de Monsr. le prince<br />
vindrent, qui furent cause qu'on n'insta* guieres la<br />
dessus. Mais quant a Monsr. Y Amiral, il en a<br />
falu avoir la responce, laquelle, dieu merci, fait<br />
pour nous entièrement.<br />
Epuis i'entendis que les prestres <strong>et</strong> les gentilhommes<br />
<strong>et</strong> autres parens <strong>et</strong> amis des prestres, estoyent<br />
tous prests de se bander <strong>et</strong> esmouvoir sedition,<br />
si on leur ostoit leurs benefices. D'autre<br />
coste le peuple n'eust pas baille un denier pour<br />
entr<strong>et</strong>enir les ministres, <strong>et</strong> la royne n'en avoit pas<br />
le moyen, veu mesme qu'estant chargée de debtes,<br />
elle despend plus qu'elle ne reçoit. le scay bien<br />
que plusieurs diront qu'il falloit contraindre les<br />
prestres a quitter ou tout ou une partie de leurs<br />
benefices. Mais s'ils eussent este icy <strong>et</strong> qu'ils eus-<br />
15) N. 3961.<br />
16) décidassent Bull.<br />
17) Gondé.