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GE Biblioth. pub. et univ - Archive ouverte UNIGE

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83 EPISTOLA JE 3987—3988 84<br />

s'il changeoit les dictes manières de faire <strong>et</strong> d'enseigner.<br />

Estant donc rappelle ledict Cosme par les frères<br />

pour luy notifier sa depposition pour les causes que<br />

dessus, il ne contredist aucunement: ains accepta<br />

le tout en apparence d'une humilité admirable à un<br />

chacun, remerciant Dieu, que les moyens luy estoient<br />

présentés de s'en aller, comme desia il l'avoit<br />

désiré. En quoy il a assés monstre, qu'il disoit<br />

contre sa pensée, comme on verra cy après.<br />

Or comme la congregation estoit parachevée,<br />

<strong>et</strong> que les frères se departoyent les uns ça, les autres<br />

là, voicy Brevin qui, r<strong>et</strong>ournant, se présente a quelcnns<br />

des frères, demandant au nom de Dieu quelque<br />

tesmoignage, <strong>et</strong> ne fut, disoit-il, que pour servir<br />

au S' en quelques escoles, puis qu'il n'estoit du<br />

tout dégradé du Ministère. Ce que luy fut concédé<br />

par celuy qui lors presidoit en mon absence, <strong>et</strong><br />

quelques autres avec luy, <strong>et</strong> non de toute la congrégation.<br />

Et ceux, qui luy concedoyent ne pensoyent<br />

à mal: mais estimoyent, que ledict Cosme<br />

estoit prest à partir d'icy, <strong>et</strong> qu'il sen serviroit aux<br />

fins susdicts. Si confessent^ qu'ils nont esté assés<br />

prudens <strong>et</strong> advisez de luy donner un tel tesmoignage,<br />

comme l'issue l'a monstre. Car ce menteur<br />

<strong>et</strong> homme plein de feinctise, incontinent après avoir<br />

eu entre mains ce tesmoignage, il se pense estre<br />

bien armé <strong>et</strong> equippé de tout en tout: <strong>et</strong> s'en r<strong>et</strong>ire<br />

tout coyement de Fenestrelles à Pinache 7 )<br />

(lieu auquel il avoit premièrement esté Ministre en<br />

venant de Geneve, <strong>et</strong> depuis on l'avoit mis a Penestrelles)<br />

<strong>et</strong> là arrivé d'un front impudent ose<br />

prescher de son authorité: <strong>et</strong>, qui pis est, a eu<br />

l'audace de dégorger mesdisances <strong>et</strong> diffamations<br />

contre la s. congregation de Dieu, qui l'avoit deposé,<br />

abbayant de loin, comme un chien enragé,<br />

qui séroit à l'estache: concil d'Herode: concil de<br />

Caïphe : concil de Trente. Voilà comment ce diable,<br />

qui sembloit jusques icy un Ange, non seulement<br />

a<strong>et</strong>racte des hommes, mais blaspheme contre le s.<br />

Esprit, lequel il ne peut douter qu'il ne preside aux<br />

s. congregations.<br />

J'ay oublié cy dessus un mot notable, c'est<br />

que Cosme, ayant finement obtenu son tesmoignage,<br />

devant que partir de Fenestrelles, quelcun des frères<br />

encore mal advisé, estimant, Cosme s'en veut aller,<br />

il veut prendre congé du peuple, luy permit de<br />

faire un presche. Tellement que par ce presche il<br />

embrasa <strong>et</strong> attisa de sorte les courages <strong>et</strong> volontez<br />

dû populaire, que le presche fini les uns se bandèrent<br />

contre les autres : les uns le voulans, les autres<br />

non : de sorte qu'il s'en sont ensuyvis tels tumultes,<br />

divisions <strong>et</strong> desordres qu'il a esté danger de grands<br />

esclandres, meurtres <strong>et</strong> effusion de sang. Dieu soit<br />

7) Pinace sur le Cluson près de la Perosa.<br />

bénit, qui par sa providence a conduit le tout<br />

autrement.<br />

Mais r<strong>et</strong>ournons à propos, lediot 2?revi'n faisant<br />

ainsi des siennes à Pinache, comme di<strong>et</strong> est, en<br />

une congregation apres, nous avons censuré le Ministre<br />

du di<strong>et</strong> Pinache, nommé M. Henry, 8 ) de ce<br />

qu'il avoit permis prescher l'homme, <strong>et</strong> ne s'y estoit<br />

opposé : veu que ledict Henry n'ignoroit ce qu'on<br />

avoit faict à Fenestrelles. Et avec ce avons enioinct<br />

audict M. Henry, qu'estant r<strong>et</strong>ourné en son<br />

Eglise, il defendist la chaire audict Cosme, <strong>et</strong> au<br />

peuple de luy donner audience : disans que l'Eglise,<br />

qui avoit déposé Brevin, o'estoit à elle de le réintégrer<br />

<strong>et</strong> non à luy-mesmes. Ce que ledict M. Henry<br />

fist: mais à son inhibition Cosme s'opposa: protestant<br />

que si le peuple le vouloit escouter, qu'il poursuyvroit<br />

à prescher.<br />

Nous deuement advertis de ces choses, avons<br />

adressé l<strong>et</strong>tres tant aux Eglises que Pasteurs, pour<br />

s'opposer à cest homme: <strong>et</strong> ne luy prester l'aureille<br />

aucunement, lesquelles l<strong>et</strong>tres nous vous envoyons<br />

pour estre icy plus briefs: <strong>et</strong> vous informer mieux<br />

de la vérité. Lesquelles l<strong>et</strong>tres commencent ainsi.<br />

Aux Eglises <strong>et</strong>c.<br />

Or ledict Cosme, ayant bien entendu la teneur<br />

desdictes l<strong>et</strong>tres, <strong>et</strong> ayant gaigné les cueurs du<br />

peuple, voire du Ministre M. Henry, poursuit à<br />

prescher: <strong>et</strong> le peuple a l'escouter, voire M. Henry<br />

mesmes. Quoy bien entendu nous a semblé bon<br />

d'envoyer à Pinache deux frères Ministres, avec<br />

charge d'esteindre par sainctes remonstrances ce<br />

feu : à quoy faire aussi leur avons baillé l<strong>et</strong>tres : les<br />

unes escrites de ma main, commençant, Grace <strong>et</strong><br />

paix <strong>et</strong>c., les autres plus longues escrites par M.<br />

Fr. Guarvn. 9 ) Les frères s'en sont allez pour exploiter<br />

leur commission: mais combien peu ils ont<br />

avancé, soit envers le peuple, soit envers M. Henry,<br />

ou Cosme, les l<strong>et</strong>tres que nous ont rescrit lesdicts<br />

deux frères, contenues en l'autre page de mes dernières<br />

l<strong>et</strong>tres, en font foy, comme il vous plaira<br />

voir: afin de mieux voir l'impudence <strong>et</strong> irreverence,<br />

avec lesquelles Cosme s'est rué contre les deux bons<br />

serviteurs de Dieu, voire contre toute la congregation<br />

<strong>et</strong>c.<br />

Et afin de vous donner pleine mesure, Mess <strong>et</strong><br />

frères, voire pères en nostre S r , nous dirons un mot<br />

des gestes <strong>et</strong> contenances de ce badin. C'est qu'on<br />

l'a veu en preschant tournoyer en chaire 3 fois de<br />

suyte, comme une roue de moulin. Aussi prendre<br />

8) Personnage inconnu.<br />

9) Arnaud H. 399: François Guérin pasteur àMontélimart<br />

en 1568, puis dans le Yal Cluson, <strong>et</strong> avant ou après<br />

(c<strong>et</strong>te dernière supposition est erronée d'après la présente l<strong>et</strong>tre}<br />

à St. Germain, Framol <strong>et</strong> Saluées en Piémont. (Muston<br />

Israël des Alpes lu. 383.) Il mourut en 1609.

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