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509 STTPPLEMENTUM. 510*
Pour le dernier, frères, qu'il vous souvienne
que nous ne pouvons estre enfans de Dieu que
nous ne soyons unis en charité fraternelle, et pourtant
qu'elle est appellee lien de perfection, d'autant
que c'est le principal poinct de la vie Ohrestienne,
et le quel Dieu nous recommande sur tous les
autres. Or pour vivre ensemble en bonne union,
il vous fault regarder de vous ayder l'un a l'autre,
d'estre loyaulx et véritables sans faintise aucune ne
malice ou cautele, destre paysibles et gratieux,
vous déportant de toutes contentions et noyses,
de toutes iniures et oultraiges, d'estre humbles et
modestes, loing de toute presumption et estime de
vous mesmes. Car il n'y a nulle peste plus contraire
à charité que l'oultrecuydance. Sur tout ne
vous laisses point transporter par ceste passion tant
désordonnée, laquelle aveugle du tout l'homme.
I'entenB la cholere: mays advises de la refréner et
de faire force a vous mesmes pour la reprimer 12 )
et dompter. Car c'est une beste trop furieuse,
quant elle n'est point tenue estroictement en bride.
Sur ce, mes frères, après m'estre recommandé
à vos bonnes prières, ie prieray le seigneur Dieu
nostre bon père de vous augmenter de plus en plus
les graces de son sainct esprit pour vous conserver
13 ) en la cognoissance de sa bonne voulunté,
vous conformant à l'obéissance dicelle, afin que
toute vostre vie soit a son honneur, et vous fortifiant
en vraye constance, afin que vous puissies
persévérer iusques en la fin a la poursuite de sa
saincte vocation. Et dautant que vous estes circuis
de beaucoup dennemis, qu'il vous vueille maintenir
en sa saincte protection, se declarant avoir besoing
de vous quant la nécessité le requerra. I'avois
bonne devotion de vous escrire plus à plain. Mays
i'espere bien que vous pardonneres a mes occupations
lesquelles ne me permectent de satisfaire n'a
vostre désir ny au mien.
Or 14 ) si vous avez besoing de vous munir
contre les persecutions corporelles, encor plus contre
celles de l'ame que vous faict sathan en assaillant
vostre foy par faulses doctrines. Ce nest pas sans
cause qu'il est appelle meurtrier et père des mensonges.
Vous l'expérimentez bien. Car dun coste
il sefforce de vous faire renoncer a Iesuschrist par
la violence et cruaulte des persécuteurs quil enflambe
contre vous, et qui sont comme ses instrumens
pour vous molester. De l'aultre coste il suscite
des brouillons qui corrompent toute la parole
de l'Evangile pour vous séduire et destourner du
droict chemin. H est vray que les persecutions
12) refréner Bt.
13) oonfermer Bt.
14) à partir d'ici c'est Calvin lui-même qui tient la
plume.
sont bien fascheuses et ameres et quil fault bien
que Dieu besoigne puissamment en nous pour nous
fortifier que nous ne soions point esmeuz ni esbranlez
par ioelles. Mays encor estce une tentation beaucoup
plus dangereuse quant l'ennemy seme l'ivroye parmy
le bon grain pour le corrompre. Car cest une guerre
secrette qui se faict en cacheté par dessoubs terre, tellement
que si nous ne sommes bien vigilans nous sommes
circumvenus sans y penser. Or combien que
toute doctrine perverse soit poison mortelle, toutefois
iammais ny en a eu de semblable a celle dont
le Diable a infecte voz quartiers. Cest de ceste
mauldicte secte des Libertins qui se nomment Spirituelz.
Il fault bien dire que la fureur de Dieu
est bien embrasée sur le monde quant il lasche la
bride à Sathan iusque la de persuader telles execrations
a ceux qui se nomment Chrestiens, lesquelles
feroyent dresser aux paiens les cheveux de la teste.
Qu'il vous souvienne doncq, mes amis, que cest le
temps de prier Dieu vous recommandant a luy
songneusement, et au reste de cheminer en crainte
et solicitude pour ne point tomber par presumption
ou nonchalance. Au reste ie me depporte de traicter
plus amplement de ceste matière, pource que
vous avez le traicté que iay escrit à lencontre, lequel
pourra vous servir de bouclier pour repoulser
tous telz assaulz moiennant que vous receviez en
vraye foy les instructions qui vous y sont données
par la parole du Seigneur. 1S )
4216.
CALVINUS LD3ERTETO.
Agit de lite aliqua ob aes alienum a Macrino
debitum.
(Ex autographo Bibl. pastornm Neoooraensium.)
Fideli Christi ministro Christophoro Fabro fratri et
symmystae carissimo.
15) Beze a mis au bas. de cette lettre le millésime de
1559. Le texte français n'est pas daté et le contenu est d'une
portée trop générale et les renseignements sur l'église de Corbigny,
que nous trouvons dans l'Histoire ecclésiastique, sont
trop peu précis, pour que nous puissions vérifier la date.
On pourrait tout aussi bien songer à n'importe quelle autre
époque. Il etciste à la bibliothèque de Genève (Vol. 197», fol.
83) une lettre de cette église à la Compagnie pour demander
un pasteur. Elle est du 5. Mai 1561, mats elle ne contient
rien qui puisse être mis en rapport avec la présente.