GE Biblioth. pub. et univ - Archive ouverte UNIGE
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11 EPISTOLAE 3949—3950 12<br />
porter telle reverence que ie debvois, <strong>et</strong> avoir pareille<br />
affection de memploier a vous faire service,<br />
désirant que Dieu m'en donnât le moien: car ie<br />
ne puis estre son serviteur, que ie nayme <strong>et</strong> honore<br />
les vertus excellentes qu'il a mises en vous.<br />
Mais pource que ie ne pouvois mieulx, ie me suis<br />
contenté iusques à maintenant d'avoir souvenance<br />
de vous, priant le père celeste de vous conserver<br />
<strong>et</strong> acroistre en vous les dons de son esprit. Et<br />
daultant plus ay ie esté ioyeulx, aiant entendu par<br />
le porteur lequel est à vostre service, que de vostre<br />
grace vous m'aviez donne ouverture à faire ce que<br />
ie n'osois pas, encores que ien eusse bonne devotion,<br />
le vous remercie doncques humblement, Monseigneur,<br />
de ce qu'il vous a pieu me mander le bon<br />
vouloir que vous avez envers moy, non seulement<br />
pource que ie prise beaucoup d'estre en vostre<br />
bonne grace, mais daultant que vous m'avez donné<br />
occasion de vous declerer combien ie vous suis<br />
affectionné serviteur. Ce pendant daultant que ie<br />
ne le puis demonstrer par aultre effect qu'en procurant<br />
vostre salut <strong>et</strong> y applicquant ce que Dieu<br />
ma donné, iauray là mon refuge. Oest de vous<br />
prier, Monsieur, <strong>et</strong> exhorter au nom de Dieu de<br />
prendre- couraige a poursuyvre ce que vous avez<br />
si bien <strong>et</strong> heureusement commencé. Depuis quelque<br />
temps vous avez esté pour ung homme de<br />
vostre estât <strong>et</strong> qualité examiné au vif, <strong>et</strong> Dieu vous<br />
a donné vertu invincible pour suffire a tout. Ce<br />
a esté une bonne approbation de vostre foy. Mais<br />
vous ne pouvez estre trop adverty que ce nest<br />
point la fin, <strong>et</strong> quil vous reste à batailler contre<br />
beauoôup de tentations. Car la crestienté ne se<br />
demonstre pas seulement à porter les armes <strong>et</strong> exposer<br />
corps <strong>et</strong> biens pour maintenir la querelle de<br />
l'évangile, mais à nous assubiectir plainement en<br />
Tobeyssanoe de celuy qui nous a tant chèrement<br />
acquis, a fin d'estre gloriffié en nostre vie <strong>et</strong> en<br />
nostre mort. Yoicy donc, Monsieur, enquoy il vous<br />
fault persévérer, en ne vous lassant point de combatre<br />
non pas seulement à lespee contre les ennemys<br />
visibles, mais contre tout ce qui vous pourroit<br />
distraire ou empescher de bon chemin. Qui plus<br />
est, oultre ce que nous sommes tant fragilles <strong>et</strong><br />
que nous avons a soustenir des combatz intérieurs<br />
en nombre infini, le diable ne cesse de nous susciter<br />
beaucoup de traverses, ou pour nous faire<br />
tourner bride, ou pour nous faire refroidir. Ainsy<br />
quant il est question de repos regardons au ciel,<br />
quelque relasche que Dieu nous donne icy bas pour<br />
long temps. le ne di<strong>et</strong>s pas cecy par deffiance,<br />
pource que ie me tiens asseuré que Dieu qui vous<br />
a donné de si bonnes marques ne vous abandonnera<br />
îamais. Mais vous expérimentez assez, Monsieur,<br />
que nous ne pouvons pas estre trop bien munis<br />
pour résister à tant de tentations dont nous som<br />
t;<br />
mes incessamment assaillis. Toutesfois ne doubtant<br />
pas que vous ne vous exerciez diligemment à lire<br />
<strong>et</strong> ouyr les sainctes exhortations qui vous doibvent<br />
servir de glaives <strong>et</strong> armures, ie ne poursuyvray<br />
plus oultre. le ne scay si Dieu nous fera iamais<br />
ce bien dont vous me donnez espérance, de vous<br />
voir quelquefois en ce monde. Le principal est que<br />
nous soions recueillis en son royaulme éternel,<br />
combien que ie ne laisse point de souhaister cest<br />
accessoire.<br />
Monseigneur, après mestre bien humblement<br />
recommandé à vostre bonne grace, ie supplieray le<br />
père celeste vous tenir en sa protection, vous fortiffier<br />
de plus en plus par sa vertu, <strong>et</strong> augmenter<br />
en tout bien <strong>et</strong> prospérité. De Geneve ce 8 m0 de<br />
may 1563.<br />
3950.<br />
CALVIN A OONDÉ.<br />
Conseils relatifs à l'usage à faire de la paix<br />
d'Amboise, <strong>et</strong> de la Confession adressée à l'Empereur.<br />
(Oopies Bibl. de Genève Vol. 107, fol. 154; avec corrections<br />
autographes; Vol. 115», fol. 35. MS. de Gotha 404, fol. 66;<br />
Berne F. 33; Ruchat VII. 399; Bonn<strong>et</strong> II. 507; Trad. angl.<br />
IV. 309.)<br />
Monseigneur, il n'est ia besoing vous faire longues<br />
excuses de ce que- j'ay este si long temps a<br />
vous escrire, puis que le moien mestoit osté de<br />
m'acquitter de mon debvoir. Et encore à present<br />
je craignois que les passages ne fussent pas trop<br />
surs: mais puis que de vostre grace vous m'avez<br />
prévenu par vos l<strong>et</strong>tres que mon frère Monsieur<br />
de Besze m'a appourtees, *) j'ay honte de plus différer,<br />
sur tout aiant loccasion du porteur, lequel a<br />
ung voiage a faire en court.<br />
Touchant les conditions de la paix, 2 ) je scay<br />
bien, Monseigneur, quil ne vous estoit pas facile de<br />
les obtenir telles que vous eussiez voulu. Parquoy,<br />
si beaucoup de gens les souh<strong>et</strong>tent meillures, ie<br />
vous prie ne le trouver estrange, veu qu'en cela ilz<br />
saccordent avec vous. Cependant si Dieu nous a<br />
reculé plus que nous ne pensions, cest «-nous de<br />
plier soubz sa main. Quoy quil en soit, selon que<br />
ie ne doubte point que vous naiez mis peine<br />
d'avancer le Royaulme de Dieu tant quil vous a<br />
3950.1) Elles sont perdues.<br />
2) N. 3923. 3926. 3929.