GE Biblioth. pub. et univ - Archive ouverte UNIGE
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231 EPISTOLAE 4067—4068 232<br />
que TOUS entendiez par lay de lestat de par deçà,<br />
car il vault mieulx le remectre a vous en compter<br />
de bouche que den charger le papier, veu quil est<br />
lun des plus familiers amys que iaye, <strong>et</strong> homme<br />
seur auquel on se peult fier iusquau bout. Il est<br />
filz de feu monsieur Bude, maistre des requestes du<br />
Roy, lequel a esté fort renomme 8 ) pour son scavoir.<br />
Au reste, Madame, vous avez bien monstre par<br />
effect que la demeure de la ville de Paris ne vous<br />
plaisoit gueres *). Yray est quil seroit a souhaister<br />
que vous fussiez töusiours en cour pour le soulagement<br />
des povres églises. Mais ie ne suis pas esbahy<br />
que vous cherchiez meilleur repos.<br />
Maintenant, puis que Dieu vous a ramenée en<br />
vostre ville, il vous convient redoubler le soing de bien<br />
rigler tant vos subiectz que vostre maison. Je scay,<br />
Madame, combien le peuple est revesche, <strong>et</strong> combien<br />
vous avez travaille par cy devant a le réduire sans<br />
grand fruict. Quoy quil en soit ie vous prie de<br />
parachever en cest endroit la doctrine de St Paul<br />
de ne vous lasser point en bien faisant, quelque<br />
malice quil y ait pour vous refroidir. Sur tout que<br />
vostre maison soit ung miroir pour donner exemple<br />
a ceulx qui se rendent aucunement dociles, <strong>et</strong> rendre<br />
confus ceulx qui sont incorrigibles <strong>et</strong> endurcis du<br />
tout. Pour ce faire, Madame, ie vous prie de tenir<br />
la main en tant quen vous sera, qu'il y ait bonne<br />
police pour reprimer les vices <strong>et</strong> scandalles. Je<br />
nentens pas quant a la police terrienne, mais aussy<br />
quant au consistoire de leglise, 5 ) <strong>et</strong> que ceulx qui<br />
sont establis pour avoir l'oeil sur les meurs, soient<br />
gens craingnan8 Dieu, de vie saincte <strong>et</strong> de telle sincérité<br />
<strong>et</strong> rondeur que rien ne les empesche de faire<br />
leur office, aiant zèle tel qu'il appartient a maintenir<br />
lhonneur de Dieu en son entier. Et que nul en<br />
3) recongneu Bt. H.<br />
4) Langu<strong>et</strong> 12. Dec. p. 277; Apnd Tiduam Ferrariensem<br />
habita est conoio in ipsa arce regia, ad quam factns<br />
est magnns concursns. Hoc animadvertens populus coepit<br />
tumultuari <strong>et</strong> dicere, regia edicta per nostros violari. Regina,<br />
ut praeoider<strong>et</strong> occasionem tnmultus, inssit dnoi in carcerem<br />
très ant qnatnor qni fatebantnr se ei concioni interfuisse, qui<br />
tarnen, ubi tumnltus conquievit, statim snnt dimissi. Vereor<br />
ne nimis properemus. Idem, 17. Dec. p. 278, de eadem condone<br />
scrwit: Hoc ita aegre tnlit Regiua, nt consentiente<br />
Connestabile volnerit interdicere ne ii qni in hao urbe habitant<br />
ad vicinas ecclesias andiendarnm coneionnm vel snmendae<br />
ooenae causa accédant, ant liberos snos eo baptizandos déférant.<br />
Yernm Condaens, Amiralins <strong>et</strong> alii ita sese opposnernnt<br />
nt non tantnm hoc non sit decr<strong>et</strong>um, sed mandatnm sit praefecto<br />
vigilum nt adsit nostris qnando noctu sepeliunt snos<br />
mortnos. Interdictnm tamen est vidnae Ferrariensi <strong>et</strong> aliis<br />
proceribns ne qnemqnam in posternm admittant ad snas condones<br />
pra<strong>et</strong>er domesticos. Cf. Masi, I Burlamacchi <strong>et</strong> Benata<br />
d'Esté. Bol 1876. p. 257. Mad. di Ferrara è stata<br />
qnesti giorni in corte — <strong>et</strong> se n'è ritornata al sno lnogo di<br />
Mont'Argis 29 di Dec 1563. {M. Ant. Barbaro Ambasc. di<br />
Tenezia.')<br />
5) Voyez la l<strong>et</strong>tre de Morel du 6. Bée.<br />
quelque degré qui soit ou estât, ou quelque credit<br />
quil ait envers vous, ou en quelque reputation que<br />
vous le teniez, nait honte de se submectre a lordre<br />
que le filz de Dieu a luymesme mis, <strong>et</strong> ploier le<br />
col pour recevoir son ioug. Car ie vous asseure,<br />
Madame, que sans ce remède il y aura une licence<br />
desbordee pour engendrer une horrible confusion.<br />
Ceulx qui font quelque protestation de crestiente<br />
seront pour la plus part dissolus. Brief il y aura<br />
ung évangile volaige <strong>et</strong> comme bisarre 6 ) car on<br />
voit comme chacun se flatte <strong>et</strong> se dispense 7 ) a suyvre<br />
ses appestitz. Oest merveilles que ceulx qui se sont<br />
voluntairement assubiectis a la tirannie du pape,<br />
ne peuvent souffrir que Jesuschrist domine aimablement<br />
sur eulx a leur salut. Mais pour vray le<br />
Diable use de cest artifice afin de mectre la vérité<br />
de Dieu en opprobre, faire vilipender la pure religion<br />
<strong>et</strong> blasphemer le nom sacre de nostre rédempteur.<br />
Ainsy, Madame, pour avoir église deuement<br />
refformee, ü est plus que requis davoir gens qui<br />
aient la superintendance de veiller sur la vie de<br />
chacun. Et afin que nul ne se sente grève de<br />
rendre compte devant les anciens ausquelz telle<br />
charge sera commise, quilz soient esleuz de leglise<br />
comme cest bien raison que ceste liberté soit gardée,<br />
<strong>et</strong> aussy que cela serve a choisir avec plus grande<br />
discr<strong>et</strong>ion ceulx qui seront propres <strong>et</strong> ydoines, <strong>et</strong><br />
approuvez telz de la compaignie.<br />
Je ne doubte pas, Madame, que vous naiez ayde<br />
nostre frère de Coulonge 8 ) de vostre authorité a<br />
dresser tel ordre. Mais scachant a combien de corruptions<br />
les cours des princes sont subiectes, il ma<br />
semble quil ne seroit point superflu de vous exhorter<br />
a le maintenir. Mesmes il est bon que vous<br />
soiez advertie dune chose, cest que de tout temps<br />
le Diable sest efforce de rendre par rappors sinistres<br />
<strong>et</strong> d<strong>et</strong>ractions les ministres de levangille contemptibles,<br />
ou quon les hait ou quon en fust desgouste.<br />
Parquoy tous fidelles ont bien a BO garder de telle<br />
astuce. Car de faict en se faschant de la pasture<br />
de salut, sest se despiter plus que contre son ventre,<br />
Kveu quil est question de la vie des âmes. Quoy<br />
quil en soit, Madame, sil y en avoit qui tendissent,<br />
<strong>et</strong> feust ce obliquement, a vous descouraiger de<br />
poursuyvre comme vous avez si bien commence,<br />
vous avez a les fuir comme pestes mortelles. Et<br />
de faict lé Diable les suscite pour les aliener oblicquement<br />
de Dieu lequel veult estre recongneu en<br />
ses serviteurs.<br />
6) Cest ainsi qu'a écrit M. Bonn<strong>et</strong>, en m<strong>et</strong>tant cependant<br />
un point d'interrogation. Le fait est que notre plut<br />
ancien texte porte: bibarre, Henry a mis Oibarre, également<br />
avec{?) 7) dispose B. Bt.<br />
8) Morel.