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GE Biblioth. pub. et univ - Archive ouverte UNIGE

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217 1563 DBOEMB. 218<br />

depuis: mais parce que ie n'estais pas asseuré que<br />

les l<strong>et</strong>tres vous fussent rendues, ie n'osois escrire<br />

des nouvelles de par deçà. Et vous asseure que<br />

i'ay faiot tout ce qui m'estoit possible pour trouver<br />

messagiers: mesmes ie n'eusse pas escrit par ceux<br />

cy si amplement si i'eusse peu avoir autre moyen<br />

de vous escrire, d'autant que ce sont marchans qui<br />

ne vont que iusques a Lion.<br />

Pource que ie voyois qu'il n'y avoit ordre d'obtenir<br />

de la roine de Navarre, ou plustost de ceux qui<br />

empe8chent l'oeuvre de Dieu, que l'idolâtrie fut du<br />

tout abolie de ce pays, qu'il n'y eust pour le moins<br />

quelque longueur de temps, laquelle ceux qui ne<br />

veulent que dieu seul soit glorifié cherchoyent pour<br />

cependant faire refroidir le zèle de la roine, puis<br />

qu'ils n'en pouvoyent obtenir d'avantage (ce que ie<br />

prevoyois, craignois <strong>et</strong> predisois <strong>ouverte</strong>ment) ie fus<br />

contrainct de persuader aux ministres de tenir un<br />

synode au mois de Septembre, ou les ministres que<br />

vous nous avies envoyés <strong>et</strong> autres fussent colloques,<br />

un chacun selon sa portée. Et cependant ie dressay<br />

quelques autres articles lesquels ie pensois estre nécessaires<br />

d'estre observes en ce pays, cependant qu'il<br />

y auroit deux religions. Car les premiers prenoyent<br />

pour fondement que toute la papauté en fust exterminée.<br />

Cela fut faict, <strong>et</strong> depuis on a commence<br />

d'exercer plus estroictement qu'auparavant la discipline<br />

ecclésiastique, d'autant qu'il avoit este impossible<br />

d'y m<strong>et</strong>tre bon ordre auparavant, dont la faute<br />

pour la plus grande partie en doit estre baillée à<br />

l'imprudence (ie ne scay si ie dois dire ignorance<br />

ou quelque chose de pis) de beaucoup de ministres.<br />

Et pource que ie voyois une infinite de desordres<br />

es causes matrimoniales, à cause qu'elles sont<br />

traictees par les officiaux qui en iugent selon leurs<br />

canons, <strong>et</strong> les fidèles ne se vouloyent pas comparoistre<br />

devant eux: voyant aussi qu'on faict en ce<br />

pays des mariages les plus cornus du monde, dont<br />

s'ensuit une infinité de procès, ie suppliay la royne<br />

d'y donner ordre, <strong>et</strong> pour ce faire qu'elle commandast<br />

à quelques uns des conseillers de son parlement<br />

d'y m<strong>et</strong>tre la main, <strong>et</strong> de me communiquer<br />

ce qu'ils en auroyent fait. Mais combien qu'elle<br />

leur en ayt fait le commandement <strong>et</strong> qu'ils facent<br />

profession de l'évangile, neantmoins ils n'y ont<br />

iamais voulu m<strong>et</strong>tre la main, craignans, comme ie<br />

pense, que s'il y avoit quelque changement ils ne<br />

fussent persecutes plus asprement. Parquoy i'ay<br />

este contrainct d'y m<strong>et</strong>tre la main, <strong>et</strong> ay suyvi les<br />

ordonnances de Geneve a partir de ce que i'en ay<br />

veu la pratiquer, excepte en quelque p<strong>et</strong>ite formalité<br />

de procedure, à cause que ce pays a une différente<br />

re<strong>pub</strong>lique à celle de Geneve. le crains que<br />

cela ne puisse pas estre omologue, à cause en partie<br />

des conceillers papistes, en partie aussi a oause que<br />

plusieurs des autres ne trouvent rien bon si non ce<br />

qui procède d'eux, tellement que craignant cela ie<br />

n'y voulois pas m<strong>et</strong>tre la main, <strong>et</strong> avois supplie sa<br />

maiesté d'y employer une partie de ceux qui puis<br />

après l'omologueroyent.<br />

Au commancement que ie deliberois de faire<br />

faire ces lois là, i'esperois que ce seroit le bout de<br />

ma charge en ce pays, si i'avois visite quelques<br />

églises, qui en ont plus besoin, ou desquelles les<br />

ministres sont les plus mal façonnes, <strong>et</strong> puis ie deliberois<br />

de m'en r<strong>et</strong>ourner. Geste mienne deliberation<br />

a este augmentée longtemps, iusques à quelque<br />

chose qui est survenue. Combien que la royne<br />

ayt tousiours un fort grand zèle, neantmoins ce que<br />

ie craignois est advenu <strong>et</strong> si crains pis. Car ceste<br />

ardeur delaquelle elle brusloit pour abolir la papauté<br />

est refroidie par la pratique de quelques uns. Depuis<br />

qu'on nous apportast des nouvelles que les<br />

Espagnols estoyent sur les frontières prests a se<br />

ruer sur ce pays, combien que par le moyen de<br />

quelques espions que i'y envoyay on trouvast la chose<br />

fausse, neantmoins cela l'avoit tellement espouvantee<br />

que depuis elle n'a este si bien asseuree <strong>et</strong> m'a este<br />

impossible de la rem<strong>et</strong>tre sus. Il est vray que<br />

i'eusse faict quelque chose si ceux qui avoyent faict<br />

semer ces bruicts n'eussent poursuyvi à leur entreprinse,<br />

à savoir en faisant semer des bruicts, tantost<br />

que le roy de France se vouloit saisir de ce<br />

pays, tantost que c'estoit le roy d'Espagne, <strong>et</strong> qu'il<br />

y avoit des intelligences <strong>et</strong> avoit gens tous prests,<br />

tantost que Montltic avoit gens tous prests pour nous<br />

courir sus, tantost que c'estoit Monsr. de DamviMe. s )<br />

Car combien qu'on a cognu cela estre faux si en a<br />

elle este comme toute estourdie de peur, laquelle<br />

n'a pas este amoindrie quand l'adiournement que le<br />

pape luy faict, 4 ) a este ici apporte, quelque semblant<br />

qu'elle face du contraire. Mais quand elle a eu délibère<br />

d'aller à la cour, <strong>et</strong> qu'à la solicitation de<br />

3) Henri de Montmorency baron d'Anväle, maréchal<br />

de France, né en 1534.<br />

4) Bordenave p. 120: Le pape Fie IV. commença de<br />

fulminer les foudres de ses excommunications <strong>et</strong> interdits<br />

contre la Princesse <strong>et</strong> la fit adjourner (le 28. Sept.) par nne<br />

citation affigée par les cantons de la ville de Borne, pour comparoistre<br />

devant l'Inquisition dedans six mois, sur peine incontinent<br />

après le terme eschen d'estre solemnellement excommuniée,<br />

tous ses biens confisquez <strong>et</strong> mis en interdit, pour<br />

pouvoir estre occupez par le premier qui auroit la volnntë <strong>et</strong><br />

puissance de ce faire. Le roy de France fit remonstrer an<br />

Pape qu'il avoit trouvé estrange la procédure faite contre sa<br />

tante, <strong>et</strong> de pernicieux exemple pour soy <strong>et</strong> d'antres souverains.<br />

Parquoy il supplioit S. S. vouloir faire oesser ceste<br />

voye »... Or soit que le Pape fnt r<strong>et</strong>enu par ceste remonstrance<br />

ou qu'il ent quelque antre considération, c<strong>et</strong>te poursuite<br />

ne passa plus outre pour lors. Et la Royne appela<br />

comme d'abns de toute la procédure du Pape an concile, <strong>et</strong><br />

trouva moyen par quelques siens serviteurs de fere plaquer<br />

sa dite appelation en quelqnes cantons à Borne. (Comp, de<br />

Ihou III. 442 s. Mur<strong>et</strong>, Hist, de J. d'Albr<strong>et</strong> p. 159 sa.)

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