GE Biblioth. pub. et univ - Archive ouverte UNIGE
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183 BPISTOLAE 4041—4044 184 4041. CALVIN A LOINES. Exhortation à ne point abandonner sa charge de conseuler. (Copie. Bibl. de Genève. Vol. 107, fol. 166. Vol. 115a, fol. 15 Berne, P. p. 62; Bnobat VJL 405; Bonnet IL" 540; Trad. angl. IV. 343.) A Monsieur Monsieur de Loynes conseiller en la court de parlement de paris. Monsieur, combien que ie neusse receu lettres de TOUS iusques a present, toutesfois ie me contentoie dentendre de voz bonnes nouvelles, comme ien ay esté adverty plusieurs fois, dont iay remercié Dieu. Mais vos lettres ') mont beaucoup plus satisfaict, pource que ie y ay congnu la bonne affection damitie que vous me portez, laquelle ne mestoit pas incongnue, mais encores ay ie esté bien aise, d'avoir ce gaige de nouveau pour en estre tant plus certiffié. Au reste a ce que ie vois Dieu vous a pourmené depuis que vous estes arrivé par delà, et ie ne doubtois point, cependant que voz gens 2 ) faisoient des enragez, que TOUS ne fussiez en grande perplexité. Mais maintenant que par force destre matinez, ilz sont domptez et adoulcis, vous pourrez conclurre de vostre estât, ou plustost poursuyvre la conclusion que vous en avez prinse. En quoy il me semble que vous ne debvez nullement différer, 3 ) et tant sen fault que ie vous en destourne, que ie meetrois paine de vous picquer ail en estoit besoing. Puisquil vous plaist men demander conseil, oultre le principe general quil nest point licite de quieter une vocation publicque, et sen descharger de son bon gre, sans y estre contrainct par nécessite ou violence, lestât present vous oblige au double de persister a vous mectre en debvoir, et ne fust ce que pour essaier comment Dieu vous vouldra emploier. le ne disputeray point pour vous persuader comment vous debvez surmonter toutes difficultez. Tant y a que la plus grande vertu que vous puissiez avoir, est de fermer les yeulx a tout ce qui pourra advenir, marchant simplement ou Dieu vous a appelle. Il seroit à désirer que vous fussiez bien accompaigné, mais faictes vostre compte que Dieu vous a appelle a combatre, ce que vous avez desia prémédite pour vous y porter vertueusement. Gest merveilles que le diable ait 4041.1) perdues. 2) le Parlement de Paris. 3) desplorer Bt. des suppostz si bons zélateurs, qui nespargnent rien pour ocoupper toua les sieges de iustice, pensant bien que cest le moien dopprimer l'église de Dieu, et que ce pendant ceulx qui debvroient résister au mal quictent la place. C'est bien arrière de pratiquer la rigle de St. Paul, d'oster loccasion a ceulx qui la cherchent. Plustost on debvroit pratiquer de vider des places, pour y mectre gens qui tinssent le bon party. H ne fauldroit quune douzaine de gens do bien pour mectre le cueur au ventre, à ceulx qui ne sont ne chair ny poisson, cest a dire a plus de soixante. Mais puisque Dieu vous a desia monstre ce que vous debviez faire, ie nay sinon a le prier quil vous fortiffie de vertu invincible, comme il le fera. Seulement hastez vous sans barguigner, car nous sommes asseurez davoir tout gaigné, estans appuiez sur sa vertu pour nous efforcer a faire ce quil nous commande. Surquoy, Monsieur, après mestre humblement recommandé a vostre bonne grace, ie supplieray le père celeste vous tenir en sa protection, vous conduire par son esprit, et vous faire prospérer en tout bien. De Geneve, ce 5 novembre 1563. 4042. BULLINGERUS BEZAE. Gratias agit de diligentia gua Uli res Gaïïicas Turkensïbus denunciant. (Ex antographo Cod. Genev. 120, fol. 10.) S. D. Ante omnia salutabis mihi D. Calvinutn et excusabis me quod ei nihil scripsi. Parco ei: scio quibus et quantis in horas enecetur et Uteris et negotiis. Perplacuit eius mihi excusatio. Efficiam vero, quantum in me fuerit, ne sit infrugifera, dum libère et confidenter illi affirmare possum aliter habere rem quam ipse sibi habet persuasum. Dominum praeterea orabo ut ipse pro sua dementia atque potentia hoc negotium sie temperet neeubi prava hominum consilia causae optimae noceant. Utrique maximas ago gratias pro ista insigni vestra diligentia qua soletis ad me, imo ad nos omnes, qui in hisce partibus Helvetiae degimus, (optime enim cuique communico Testra, non tarnen citra delectum) mature res Galliae per literas denunciare — — — — — — Tiguri 7. Novembr. 1563. Tuus ex animo totus Bullingerus.
185 1563 NOVEMB. ' 186 4043. SPINA CALVINO. Marins se scribere affirmât quia alioqui curis obsessum suis et suorum onerare non mit, simul eum iubet bonorum suffragiis contentum aliorum invidiam despieere. (Ex autographo Cod. Genev. 110, fol. 29.) A Monsieur Monsieur despeville. Cur ad vos rarius scribamus multipliées sunt causae: inprimis quod non semper nobis praesto sunt nuncii quibus literas nostras tuto committamus, turn quod turbulentissimis istis temporibus nulla nobis fere scribendi argumenta occurrunt qualia optaremus. Quid enim necesse est vobis narrare odia, insidias et nefaria adversariorum nostrorum consilia, quibus ecclesiis quotidie perniniciem moliuntur? Quid item deiectiones, mollitiem, perfidiam, proditiones et scandala nonnullorum ex nostris, qui eeclesias saevitia et crudelitate adversariorum misère düaceratas et dissipatas deserunt et iacentes ac prope exanimatas secure intuentur, exemplo videlicet sacrifici et leyitae qui graviter a latronibus vulneratum despiciunt, et ilium nulla adhibita consolatione, nulla praestita ope, anav9qtonœç praetereunt. Quid, inquam, refert haec vobis commemorare et animos vestros tot curis aliunde vexatos his adhnc exercere. Equidem, quod ad me attinet, parcendum vobis esse semper existimavi: tibi potissimum, venerande pater, qui senio et multo adhuc magis laboribus, quos pro ecclesia suscepisti et pertuHsti, confectus et tantum non consumptus audire ex nobis nihil deberes nisi quod animum tuum exhilararet, et longiorem, si fieri posset, tibi vitam produceret. Certe in publica commoda mihi peccare videntur non solum scele- rati xaï xaiâqcctoi, isti nebulones qui te maledictis suis exagitant, (quanquam vitae tuae cursu ea te praeditum constantia declarasti ut magno semper animo istorum convicia et calumnias contempseris), sed hi etiam qui scribunt aut narrant aliquid quod te cruciet aut molestiam aliquam exhibeat. Ita vixisti, mi pater, ita te gessistii in rebus omnibus, earn denique existimationem apud omnes bonos adoptas es, ut metuendum non sit ab improbis et flagitiosi8 istis desertoribus, ne virulentis suis sermonibus illam contaminent Tantam improbitatem Dominus diu inultam non sinet. Quis sit rerum nostrarum status poteris cognoscere ex Uteris quas misi ad fratrem nostrum D. Theodorum. Varia sunt et incerta admodum hominum consilia, qualia necesse est esse illorum qui luce verbi Dei carent neque sequuntur ducem spiritum. Ea tarnen spe hic vivimus, tandem futurum ut Deus, a quo toti pendemus et cuius bonitate sola nitimur, omnes difficultates superet et expé diât, et opus quod inchoavit féliciter conficiat. Ulum oro etiam atque etiam ut tuam valetudinem confirmet et te nobis et ecclesiae suae diu incolumem servet. Vale, mi pater. 8. Novembris 1563. *) Tui studiosissimus Io. Aoanthius. 4044. TACHARD ») A CALVIN. Demande de ministres et nouvelles de l'église de Montauban, et de sa propre famille. (Autographe de la Bibliothèque de Genève Vol. 109, fol. 127.) A Monseigneur Monseigneur Calvin. S. Monseigneur et père le frère presant porteur est envoyé devers vous pour obtenir ministre pour la ville de Montauban je vous prie envoyer home de scavoir et bonne vie affin que ceste povre et petite église de Montauban soyt consolée. Les deux ministres forains sont mortz: aux deux natifz de la ville leur a este faict commandement vuider la ville dans troys jours et davantages a moy vuider la royaulme dans le moys et ne reste en la ville que délassas qui est en la ville pour la dissipation de son église de Polhet et encors ne luy 4043.1) Haud facile definieris unde haec epistola scripta sit. Jean de Lespine né à Daon près de Ghâtean-Gontier vers 1506, ancien Augustin, vint à Fontenay le Comte en Oct. 1561, et fut pendant quelques mois l'auxiliaire du ministre Claude Du Moulin. Puis il se rendit à La Rochelle. {L'église réf. de Fontenay-le-C. 1872. 4° p. 9.) Mais il ne paraît plus y avoir été en 1563. (De Bichemond, Orig. et progrès de la réf. à La Rochelle. Par. 1872. p. 70. Haag VII. 38.) En 1564 il fut appelé à Provins. Au mois de Février de la même année il doit avoir séjourné passagèrement à Saumur. 4044.1) Martin Tachard, né à Montauban, avait étudié à Genève. Envoyé comme pasteur eu 1558 à Pragelas {Beg. de la Comp.} il paraît être venu à Montauban peu de temps après l'établissement de la réforme. Il y fut envoyé avec Pierre dn Perrier pour seconder Vignaux et Sestier dit (Pressent {Croissant). A l'approche de Montluo il se retira hors du royaume de l'avis de l'Eglise. Les autres ministres y restèrent (Hist. eccl. III. 62.) Il revint le 10. Août au grand contentement d'un chacun (»6. 87) Haag IX. 333. Mary Lafon, Hist, d'une ville prot. P. 1842. p. 46. 60.
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4041.<br />
CALVIN A LOINES.<br />
Exhortation à ne point abandonner sa charge de<br />
conseuler.<br />
(Copie. Bibl. de Genève. Vol. 107, fol. 166. Vol. 115a, fol. 15<br />
Berne, P. p. 62; Bnobat VJL 405; Bonn<strong>et</strong> IL" 540; Trad.<br />
angl. IV. 343.)<br />
A Monsieur Monsieur de Loynes conseiller en la<br />
court de parlement de paris.<br />
Monsieur, combien que ie neusse receu l<strong>et</strong>tres<br />
de TOUS iusques a present, toutesfois ie me contentoie<br />
dentendre de voz bonnes nouvelles, comme ien<br />
ay esté adverty plusieurs fois, dont iay remercié<br />
Dieu. Mais vos l<strong>et</strong>tres ') mont beaucoup plus<br />
satisfaict, pource que ie y ay congnu la bonne affection<br />
damitie que vous me portez, laquelle ne<br />
mestoit pas incongnue, mais encores ay ie esté bien<br />
aise, d'avoir ce gaige de nouveau pour en estre<br />
tant plus certiffié. Au reste a ce que ie vois Dieu<br />
vous a pourmené depuis que vous estes arrivé par<br />
delà, <strong>et</strong> ie ne doubtois point, cependant que voz<br />
gens 2 ) faisoient des enragez, que TOUS ne fussiez en<br />
grande perplexité. Mais maintenant que par force<br />
destre matinez, ilz sont domptez <strong>et</strong> adoulcis, vous<br />
pourrez conclurre de vostre estât, ou plustost poursuyvre<br />
la conclusion que vous en avez prinse. En<br />
quoy il me semble que vous ne debvez nullement<br />
différer, 3 ) <strong>et</strong> tant sen fault que ie vous en destourne,<br />
que ie me<strong>et</strong>rois paine de vous picquer ail en estoit<br />
besoing.<br />
Puisquil vous plaist men demander conseil,<br />
oultre le principe general quil nest point licite de<br />
qui<strong>et</strong>er une vocation <strong>pub</strong>licque, <strong>et</strong> sen descharger<br />
de son bon gre, sans y estre contrainct par nécessite<br />
ou violence, lestât present vous oblige au<br />
double de persister a vous mectre en debvoir, <strong>et</strong> ne<br />
fust ce que pour essaier comment Dieu vous vouldra<br />
emploier. le ne disputeray point pour vous persuader<br />
comment vous debvez surmonter toutes<br />
difficultez. Tant y a que la plus grande vertu<br />
que vous puissiez avoir, est de fermer les yeulx a<br />
tout ce qui pourra advenir, marchant simplement<br />
ou Dieu vous a appelle. Il seroit à désirer que<br />
vous fussiez bien accompaigné, mais faictes vostre<br />
compte que Dieu vous a appelle a combatre, ce<br />
que vous avez desia prémédite pour vous y porter<br />
vertueusement. Gest merveilles que le diable ait<br />
4041.1) perdues.<br />
2) le Parlement de Paris.<br />
3) desplorer Bt.<br />
des suppostz si bons zélateurs, qui nespargnent rien<br />
pour ocoupper toua les sieges de iustice, pensant<br />
bien que cest le moien dopprimer l'église de Dieu,<br />
<strong>et</strong> que ce pendant ceulx qui debvroient résister au<br />
mal quictent la place. C'est bien arrière de pratiquer<br />
la rigle de St. Paul, d'oster loccasion a<br />
ceulx qui la cherchent. Plustost on debvroit pratiquer<br />
de vider des places, pour y mectre gens<br />
qui tinssent le bon party. H ne fauldroit quune<br />
douzaine de gens do bien pour mectre le cueur au<br />
ventre, à ceulx qui ne sont ne chair ny poisson,<br />
cest a dire a plus de soixante. Mais puisque Dieu<br />
vous a desia monstre ce que vous debviez faire, ie<br />
nay sinon a le prier quil vous fortiffie de vertu<br />
invincible, comme il le fera. Seulement hastez<br />
vous sans barguigner, car nous sommes asseurez<br />
davoir tout gaigné, estans appuiez sur sa vertu<br />
pour nous efforcer a faire ce quil nous commande.<br />
Surquoy, Monsieur, après mestre humblement<br />
recommandé a vostre bonne grace, ie supplieray le<br />
père celeste vous tenir en sa protection, vous conduire<br />
par son esprit, <strong>et</strong> vous faire prospérer en<br />
tout bien. De Geneve, ce 5 novembre 1563.<br />
4042.<br />
BULLIN<strong>GE</strong>RUS BEZAE.<br />
Gratias agit de diligentia gua Uli res Gaïïicas<br />
Turkensïbus denunciant.<br />
(Ex antographo Cod. Genev. 120, fol. 10.)<br />
S. D. Ante omnia salutabis mihi D. Calvinutn<br />
<strong>et</strong> excusabis me quod ei nihil scripsi. Parco ei:<br />
scio quibus <strong>et</strong> quantis in horas enec<strong>et</strong>ur <strong>et</strong> Uteris<br />
<strong>et</strong> negotiis. Perplacuit eius mihi excusatio. Efficiam<br />
vero, quantum in me fuerit, ne sit infrugifera,<br />
dum libère <strong>et</strong> confidenter illi affirmare possum<br />
aliter habere rem quam ipse sibi hab<strong>et</strong> persuasum.<br />
Dominum pra<strong>et</strong>erea orabo ut ipse pro sua dementia<br />
atque potentia hoc negotium sie temper<strong>et</strong> neeubi<br />
prava hominum consilia causae optimae noceant.<br />
Utrique maximas ago gratias pro ista insigni vestra<br />
diligentia qua sol<strong>et</strong>is ad me, imo ad nos omnes,<br />
qui in hisce partibus Helv<strong>et</strong>iae degimus, (optime<br />
enim cuique communico Testra, non tarnen citra<br />
delectum) mature res Galliae per literas denunciare<br />
— — — — — — Tiguri 7.<br />
Novembr. 1563.<br />
Tuus ex animo totus<br />
Bullingerus.