GAVARO - Cindy

Édouard et Agrippine
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(La porte de la chambre s’ouvre brutalement, poussée du pied. Irruption dans
la pièce d’un jeune blouson noir, revolver au poing.)
Blouson – La magot, la vieille, ou je te brûle !
Agrippine – Ah! mon Dieu!... Qu’est-ce que je te disais, Edouard! Ah! Ah! Ah!
mon Dieu! Ah!... Edouard? Laisse ton livre, Edouard, il y a un monsieur ici… Ce
n’est pas poli… ah!... Oh! lala!
Blouson – Vite, la vieille, pas de temps à perdre. J’ai déjà dix-sept berges. Le
magot !
Agrippine – Je ne suis pas toute seule, monsieur, il y a aussi un vieux à côté
de moi… Vous pourriez peut-être vous adresser au vieux qui est en train de
lire… Ah! mon coeur!...
Edouard (lisant avec application) – “Enfin, c’est à partir des trois instances
de la personnalité psychique: le primitif et ses tendances instinctives; le moi,
résultant de l’interaction du primitif et du milieu extérieur menaçant; le surmoi,
fruit de l’éducation aux commandements sévères et stéréotypes, que
Freud rend compte de l’humour.”
Agrippine (dans un souffle) – Ah! mon pauvre ami!
Blouson – Vous vous foutez de ma gueule, non?
Edouard (même ton) – “En effet, il y a une angoisse éternelle du moi devant
les dangers du monde extérieur, une angoisse névrotique du sur-moi devant
les tendances instinctives du primitif…” (Reposant son livre et s’adressant au
jeune homme) – En somme, mon petit ami, vous incarnez admirablement le
primitif et ses tendances instinctives.
Blouson – Vous voulez rigoler, non? Moi, je suis pas ici pour rigoler. L’oseille
et tout de suite!
Edouard – L’oseille?
Blouson – Le fric, l’eau lourde, quoi!
Edouard – L’eau lourde?... Ah! oui, dans le pot de chambre, mon petit ami,
dans le pot de chambre. (Il reprend son livre.)
Agrippine (dans un cri) – Edouard !!
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