GAVARO - Cindy

Chemin faisant, j’achève d’enivrer ma compagne, qui devient si communicative
qu’elle me met au courant de tout ce que je désire savoir sur Hotot. Elle me
confie même que c’est ce misérable qui a excité ses camarades au vol commis
pendant la nuit précédente.
Une fille de joie, Louison la Blagueuse, que nous rencontrons sur notre
passage, et à qui Emilie demande des nouvelles de Caffin, nous apprend qu’il
doit coucher avec Emilie Taquet, chez la Bariole ou chez le Blondin. Plus loin,
une autre consoeur, à qui nous adressons la même question, nous répond qu’il
est chez la Bariole. Nous y allons.
Emilie, qu’une douzaine de canons vidés pendant notre course nocturne ont
mise hors d’elle-même, somme la matrone de lui rendre son homme, et
menace de tout briser, s’il ne paraît pas. La Bariole proteste avec raison qu’il
n’est pas chez elle, et lui offre de s’en assurer. Emilie monte, et revient, peu
d’instants après, en disant qu’elle n’a vu que Caffin.
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N’ayant plus besoin d’elle, et désirant la mettre dans l’impossibilité de
traverser mes projets par quelque indiscrétion, je l’engage à aller à l’Hôtel
d’Angleterre où, lui dis-je, Hotot doit se trouver. Emilie serait allée au bout
du monde pour arracher les yeux à son infidèle. Nous partons. Mais pas plus
de Hotot, dans ce repaire, que chez la Bariole. Il fallait en finir. Je lui fais
entendre que je vais m’informer si Félicité est rentrée. – Mais au lieu de
remplir cette commission, qui doit mettre le sceau à ma complaisance, je
cours au poste du Château-d’Eau. Je me fais connaître, et je donne l’ordre
d’arrêter Emilie et de la tenir au secret jusqu’au lendemain.
De là, je retourne chez la Bariole, accompagné de deux agents de police, je
monte à la chambre où est couché Caffin, et je lui déclare qu’il est mon
prisonnier.
“Comment! s’écrie celui-ci à moitié endormi, c’est toi qui m’emballes ! Par
exemple, voilà une de ces couleurs…” - Si on t’a coqué, est-ce ma faute ? –
Tiens, Jules, ça ne te portera pas bonheur! – Est-il job, lui ? Ne faut-il pas
que je remplisse mon devoir ? – C’est juste, mais les amis sont les amis. –
Quand je te dis qu’on t’a servi, faut-il te mettre le nez dessus pour que tu
dises que c’en est ? N’as-tu pas grinchi du grasdouble dans la sorgue
dernière? – Allons, je vois que quelqu’un a mangé. Eh bien! je mangerai aussi.
Fais venir le quart-d’oeil, que j’enfonce ce coquin de Hotot. Car il n’y a que lui
qui ait pu tortiller.”