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GAVARO - Cindy

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Hotot y consent et demande seulement la permission de s’entretenir un<br />

instant avec Félicité, qui l’aime passionnément.<br />

“Va, lui dis-je, mais ne demeure pas longtemps avec elle. Tu te rendras<br />

ensuite, sans perdre une minute, dans la petite tabagie, boulevard Montmartre,<br />

en face le Théâtre des Variétés. Tu demanderas une bouteille de<br />

bière et te placeras dans le fond de la boutique. Dès que tu verras entrer<br />

deux inspecteurs et un officier de paix, tu t’indiqueras du doigt comme pour<br />

leur dire que c’est toi qu’ils cherchent. Alors ils t’arrêteront et te conduiront<br />

au poste du Lycée. Ils ont l’ordre de t’y laisser pendant deux ou trois heures,<br />

afin que le grinche, à qui tu dois tirer une carotte, t’y trouve lorsqu’on l’y<br />

mènera, ce qui l’empêchera de concevoir les moindres soupçons contre toi,<br />

quand tu le questionneras, au dépôt. – C’est bon, répondit Hotot, soyez<br />

tranquille: je jouerai mon rôle à tromper le plus fin … Vous serez content de<br />

moi. Foi de grinche, je t’en réponds.”<br />

A ces mots, nous nous quittons. Et tandis que Hotot va faire ses adieux à<br />

Félicité Renaud, je cours à la préfecture et charge les inspecteurs que je lui<br />

ai désignés, d’aller l’arrêter dans la tabagie.<br />

Voulant m’assurer si tout se passe au gré de mes désirs, je les suis. Et<br />

bientôt, j’ai la satisfaction de voir mon homme garrotté, et marchant avec<br />

une sorte de triomphe au milieu de ces messieurs.<br />

166<br />

* * * * * * *<br />

Laissons Hotot, au violon, se bercer d’abord d’un espoir qui ne doit point se<br />

réaliser, et ensuite s’emporter contre le caporal, contre le sergent, contre<br />

l’officier du poste, qui s’obstinent à ne pas le laisser sortir pour aller manger<br />

un morceau, bien qu’il proteste n’être là que pour la frime.<br />

Fidèle au plan que je m’étais tracé, je me rends à la place du Châtelet où<br />

demeurait Emilie. Je la rencontre chez la mère Bariole, qui tenait un de ces<br />

misérables taudis où, sous prétexte de prendre un petit verre, s’amoncellent<br />

les rebuts de la prostitution.<br />

Comme j’étais connu d’elle pour un bon-vivant, Emilie accepta sans façon une<br />

chopine, qui fut bientôt renouvelée. Quand je vis que le vin commençait à lui<br />

troubler la cervelle, je parlai de Hotot et le présentai comme indigne de la<br />

tendresse qu’elle avait pour lui. Emilie voulut savoir ce qui me faisait tenir un<br />

pareil langage. J’eus l’air de montrer de la discrétion. C’était le moyen<br />

d’exciter davantage sa curiosité. Elle insista donc et devint si pressante qu’il<br />

fallut la satisfaire. Alors je lui dis qu’en revenant des Champs-Elysées, j’avais

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