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Dossier Bernard Zadi Zaourou, quelques mois après ... - RiMe - Cnr

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Frédéric Grah Mel<br />

sant affecter comme professeur au Collège d’agriculture de Binger‐<br />

ville.<br />

Là, <strong>Bernard</strong> <strong>Zadi</strong> installe le siège du CJCILA et relance les activités<br />

de cette organisation. Il se souviendra devant moi, à propos de cette<br />

époque, d’un débat passionné que le Club avait organisé sur les ori‐<br />

gines et la portée idéologique de la pièce d’Amon d’Aby La couronne<br />

aux enchères.<br />

Avec le temps, le jeune homme reprend goût à la vie. Il est vrai<br />

que son père a été relâché en avril 1963, <strong>après</strong> les premiers interroga‐<br />

toires des personnes interpellées. À la rentrée scolaire d’octobre 1963,<br />

il s’inscrit en propédeutique au Centre d’Études supérieures d’ Abid‐<br />

jan, l’établissement qui servira de pépinière à l’université nationale<br />

de Côte d’Ivoire.<br />

Les étudiants du Centre étaient alors logés dans le petit immeuble<br />

bleu de trois étages, que l’on appelle aujourd’hui le “Bloc Céliba‐<br />

taire“, en face de la Pharmacie de Cocody. C’était là que vivait le<br />

jeune homme. Et c’était là qu’il serait interpellé un matin, dans les<br />

tout premiers jours de février 1964.<br />

Que lui reprochait‐on? <strong>Bernard</strong> <strong>Zadi</strong> s’était rendu suspect aux<br />

yeux du pouvoir pour deux raisons : d’abord en tant que fondateur<br />

du CJCILA, ensuite en tant qu’adepte du MIL.<br />

Voyons d’abord en quoi le Club de la Jeunesse de Côte d’Ivoire<br />

pour les Lettres et les Arts l’exposait aux foudres du pouvoir. Les<br />

jeunes de sa génération sont ces «enfants à tête courte» auxquels<br />

Senghor reprochait, dans son livre Chants d’ombre, de «décliner la<br />

rose et (leurs) ancêtres les gaulois» 5 . Encore au lendemain de la lon‐<br />

gue nuit coloniale, ils n’étaient éduqués que dans le mépris de leur<br />

environnement, le rejet des valeurs culturelles africaines et, d’une<br />

certaine façon, la haine d’eux‐mêmes. Parce que l’éducation était<br />

massivement aux mains de coopérants français qui ne pouvaient rien<br />

enseigner mieux que les modèles occidentaux, parce que les pro‐<br />

grammes scolaires eux‐mêmes étaient très peu orientés vers la<br />

connaissance et la transmission des cultures nègres, la politique gé‐<br />

nérale des États africains semblait avoir pour but d’aboutir au di‐<br />

vorce des citoyens avec eux‐mêmes.<br />

5 Voir le poème “Message“ dans Chants d’ombre.<br />

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