habitat rupestre.pdf - Società Friulana di Archeologia

TURQUANTCRHIMA-CINP projectREDECOUVERTE ET VALORISATION DE L’HERITAGERUPESTRE HABITE MAIS FRAGILE DANS LE VAL DELOIRE: TURQUANT1. Les caractères générauxLe troglodytisme (architecture en creux ou enterrée) s’est développédans toutes les parties du monde qui réunissaient les conditions géologiqueset topographiques qui le permettaient, ceci depuis l’aube del’humanité. Ce mode d’occupation de l’espace si spécifique a créé au fildes siècles un patrimoine culturel en creux unique, très varié et original,suivant les civilisations: lieux de culte, temples, mosquées, églisesou habitats, lieux d’exploitation, , mais ce patrimoine est aujourd’huitrès mal connu y compris dans les pays mêmes qui les détiennent etil doit être redécouvert, étudié, préservé et mis en valeur, montrer enquoi il constitue dans le cadre de cette recherche, un patrimoine communau bassin méditerranéen.La France sans être un des grands pays du troglodytisme, possède denombreuses régions où ce phénomène s’est développé depuis la préhistoire,et aujourd’hui il y aurait environ 5000 troglodytes français.Nous nous intéresserons pour cette étude à la région du Val de Loireoù ce mode de vie reste vivant et connait même un certain renouveau.Plus spécifiquement nous étudierons la commune de Turquant dansle Maine et Loire qui s’est lancée depuis 1995 dans une politique desauvegarde et de réhabilitation de son patrimoine troglodytique pour yassocier une relance économique par l’artisanat d’art en espérant fairede cette opération un modèle pilote sur le plan international de sauvegardede ce patrimoine si mal connu et fragile.Nous exposerons tout d’abord les conditions géologiques et topographiquesqui ont permis le développement de cet habitat et des différentesformes de troglodytisme que l’on peut distinguer dans cetterégion.Les modes vie correspondant au troglodytisme ont souvent été abandonnés,souvent oubliés, mais dans certaines parties du monde ilsrestent vivants, et s’ils s’adaptent aux nouvelles conditions économiques,ils peuvent même constituer un atout de relance économiquepour ces régions.2. Spécificités géologiques et topographiques du val de Loire: Lecoteau saumuroisL’essentiel des sites troglodytes de France se sont développés dans lesroches sédimentaires qui se sont formées dans les mers et les lacs del’ère secondaire, durant le crétacé supérieur et plus précisément dansl’étage du Turonien pour le val de Loire.La Loire et ses affluents ont ensuite taillé dans ces roches des valléesaux berges qui forment des coteaux dont l’amplitude correspond àl’épaisseur des couches sédimentaires. C’est principalement dans cescoteaux que se sont développé les différents sites troglodytiques.Le Turonien est un empilement de strates différenciées sur une centainede mètre d’épaisseur:- La craie tendre avec quelques silex à la base du coteau rive gauchede la Loire.- Le tuffeau blanc au-dessus est une craie moins tendre micacée, rocherésistante et légère qui a été le matériau de construction de tout le valde Loire et contribue à son identité architecturale. Apres des sièclesd’exploitation il ne subsiste plus qu’une carrière aujourd’hui en activitéen M&L principalement réservée à la restauration des monumentshistoriques à Sucy en Bourg.- Le tuffeau jaune, roche encore moins crayeuse constitue l’étage supérieur.C’est dans ces strates, particulièrement dans le tuffeau que des carrièresd’extraction s’étaient installées entre le X et le XII° siècle dansle coteau du saumurois- à flanc de coteau Les roches extraites contribueront à la constructiondes châteaux de la Loire (après avoir séjournées plusieurs années dansla Loire pour les lessiver de leur salpêtre) mais aussi de l’ensemble del’habitat de la région. Ces carrières, après l’abandon de l’extraction(XV° siècle) laissent des cavités qui seront habitées d’abord par les«perreyeux» ou carriers et sont le plus souvent à l’origine du développementdu troglodytisme horizontal de coteaux.- sur le plateau se développe le troglodytisme vertical: sur un terrainsans grand relief une excavation est creusée formant une cour «carrie»avec une rampe d’accès et dont les parois sont ensuite creusées pourl’habitat et ses dépendances: commune de Rochemenier par exemple.3. Les aléas liés à la géologie: l’instabilité du solEn Maine et Loire le nombre de cavités souterraines est très important(pas de cavité naturelle, elles sont toutes anthropiques), l’inventaire deces cavités de 1996, a été actualisé en 2010 par le BRGM pour établirune carte des risques.Il ressort de cette étude que 47 communes de la région saumuroisepossèdent 13836 cavités, et 14000 accès (inventaire non exhaustif).Ces cavités ont été creusées soit à but d’utilisation du matériau extrait(mine, carrière) soit d’utilisation du vide crée (habitat, cave, souterrain...)La majorité (11120) dans le tuffeau et 2300 dans le falun. Laprésence d’un si grand nombre de cavités pose le problème général dela stabilité du sol, car le tuffeau est une roche très altérable.Le plateau saumurois (rive sud de la Loire) est un cas spécifiqueCe coteau est un talus de tuffeau, facies de falaise verticale d’une amplituded’une trentaine de mètre, car la déstabilisation des vides estcompliquée ici par la dégradation naturelle d’un coteau dépourvu depente (poussée au vide) éboulement de coteau.Il peut y avoir conjugaison des deux phénomènes, effondrement decavités et d’éboulement de coteau, c’est ce qui s’est produit à Saumuren 2001 effondrement du coteau sous les remparts du château entrainantd’importants dégâts matériels. L’habitat troglodytique qui sedéveloppe dans cette région est soumis aux aléas de cette géologie quipeuvent le rendre dangereux. Les processus de dégradation sont dedeux sortes internes et externes aux cavités.Internes: mauvais dimensionnement de l’exploitation lors de sa création,travaux ultérieurs déstabilisants, absence de surveillance etd’entretien, variation importante de la température par des accès nonfermés permettant gel/dégel de la roche entrainant des fissurations.Externes: la perméabilité du calcaire permet l’infiltration de l’eau depluie ou des fossés, qui creuse des réseaux souterrains, la végétationde surface dont les racines pénètrent la roche la fragilisant, les surcontraintes,poids et vibrations de la circulation de surface tout celapouvant provoquer, chutes de pierres, effondrement, affaissement,recul du coteau.TURQUANT: village d’artisanat d’artDans ce contexte nous nous attacherons à l’étude de la commune deTurquant qui a fait le choix d’une valorisation par la collectivité de sonpatrimoine troglodytique.Situé à l’extrémité Est du coteau saumurois, Turquant, village de 550habitants compte 480 cavités recensées ayant donné lieu depuis le XIIsiècle à différentes activités au fil des siècles, carrière, caves, habitat...maisqui étaient, pour la plupart, laissées à l’abandon depuis lafin du XIX siècle. En revendiquant l’appellation de coteau habité Turquantveut se réapproprier ce patrimoine en le valorisant et en attendune reconnaissance symbolique à l’échelle nationale et internationalecomme modèle de réhabilitation du troglodytisme, une opération piloteen quelque sorte.1. Le contexte généralA la fin du XX siècle l’équipe municipale lance l’idée de la créationd’un village d’artisanat d’art en troglodyte volonté affirmée de s’appuyersur ce patrimoine important et spécifique mais en grande partieabandonné et en très mauvais état pour renforcer son identité en leprotégeant et le valorisant. Située au cœur du parc régional Loire AnjouTouraine, cette commune dans le contexte touristique de la forteattractivité des Châteaux de la Loire renforcée par le récent classe-volumeRicerca_OK_2012-11-15.indd 138 16/11/2012 15:02:29