Summaries / Resúmenes - Studia Moralia
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222 RÉAL TREMBLAYoppositions entre sacrifice et repas, entre présence et perceptionvisuelle du pain et du vin et ainsi faire ressortir l’aspect parousiaquedu sacrement (168-184). À propos du premier binôme, ilécrit:L’eucharistie est le corps du Christ dans l’acte rédempteur,donné à l’Église pour que l’Église devienne ce qu’elle reçoit, lecorps du Christ dans l’acte rédempteur. Ainsi sauvée en Christ etavec lui, elle participe au salut du monde (174).À propos du second, il s’exprime ainsi:Dieu transforme le pain et le vin en enrichissant leur être, ilenrichit en sur-créant, sur-crée en attirant à une relation plusproche, voire immédiate avec celui en qui et vers qui tout est créé,qui est la plénitude finale: le Christ en qui “tout subsiste” (Col 1,17). Le pain terrestre devient pain eschatologique. […] De mêmeque le corps d’un homme est la visibilité de sa personne, le painconsacré est devenu … la visibilité de la présence du Christ quivient dans l’Église pérégrinante, afin que dès cette terre elle ait sesracines dans la plénitude finale (180-181).À titre de confirmation, Durrwell achève sa réflexion enmontrant, à partir d’exemples, comment Dieu agit dans lemonde, non pas en détruisant sa nature, mais en l’élevant.Et cette donnée nous mène directement au chapitre suivantqui traite des rapports du Christ pascal à la création. D’entréede jeu, l’auteur énonce sa thèse: “‘Élevé au-dessus de tout” (Ep1, 22), le Christ exerce un pouvoir qui descend jusqu’aux assisesdu monde”. Il la développe en s’appuyant sur une espèce dethéologie biblique des versets pauliniens “tout est créé en lui’ et“tout est créé vers lui”. Tentons d’en retracer les lignes essentielles.Le Père agit toujours comme tel. S’il crée, il le fait dans larelation au Fils. S’agit-il en l’occurrence du Fils incarné? Sil’on peut discuter de la réponse offerte par le Prologue deJean, la réponse de Paul est claire: “le Verbe incarné estmédiateur de création” (186). Affirmer cela n’est-il pas contradictoireétant donné que le Christ Jésus est entré tard dansl’histoire? Non, car il s’agit ici du Christ de gloire, gloire danslaquelle “Jésus est entièrement assumé dans l’instant éternel
EN PARCOURANT LE DERNIER OUVRAGE DU R.P. FRANÇOIS-XAVIER DURRWELL 223de l’engendrement du Fils” par le Père dans l’Esprit. C’est direque “l’antériorité de Jésus Christ dans le monde n’est pas temporelle,elle est originelle” (187). Si cela est exact, on peutcroire que la création se situe dès le début dans la ligne de cequ’elle est à son sommet, le Christ de gloire. L’auteur explicitesa thèse à la lumière du rôle joué par le Père (action “à la foisengendrante et créante”) et par l’Esprit dans le mystère pascalpour arriver à une perception de l’homme conçue comme unêtre vivant dès l’origine “en existence de quelque manière filiale”.Mutatis mutandis, cela vaut aussi pour la création touteentière.Dieu crée aussi par appel venant de la plénitude qu’est leChrist glorifié et par attraction vers elle, idée, pense notreauteur, familière à l’Écriture. Ce fait a un impact sur la consistancedu monde. “Le monde existe in-quiet, en route”. Et encore:“La création est montée par degrés de la matière dite inertejusqu’à l’homme en sa dignité de personne relationnelle..., endirection du Christ dans sa relation filiale à Dieu” (191). Dansces conditions, c’est le “dernier Adam” qui est le premier,“l’ancêtre en profondeur, le vrai, dont les hommes descendentpar attraction vers lui” (191). Cette attraction est portée par lapuissance de l’Esprit, le même qui octroie au Christ son ultimeperfection en le ressuscitant d’entre les morts.Si Dieu crée en son Fils qui est essentiellement Sauveur,“l’œuvre s’avère à la fois création et rédemption”. L’auteurs’élève ici contre une théologie qui voit dans la création et larédemption “deux œuvres distinctes” s’articulant ainsi: “Dieucrée, le péché gâche l’œuvre, Dieu élabore un nouveau plan quirépare en mieux le premier” (193).La perspective unitaire de notre auteur a encore une fois unimpact sur l’anthropologie. “L’homme appartient par création àl’ordre du salut”. Plus précisément encore: “Il y a en chaquehomme du christique, du filial dès le début. Le péché est survenudans l’histoire sur fond de grâce, et sur-vient en chaquehomme. Plus que le péché, la grâce est originelle” (195). Decette manière est aussi mise en relief la gratuité absolue du desseinsalvifique de Dieu. Il n’est pas accordé, par exemple, enréponse à un prix payé pour réconcilier la justice divine. Il s’origineinconditionnellement dans l’action paternelle-créatrice quiopère dans le Christ sauveur. L’homme n’a qu’à consentir àcette action qui attire à la plénitude dans une mort progressive
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