Summaries / Resúmenes - Studia Moralia

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346 RÉAL TREMBLAYfours crématoires d’Auschwitz-Birkenau, le 9 août 1942. Tentonsmaintenant de suivre en ses grandes lignes les étapes de cetteœuvre providentielle en fixant notre attention sur ce que l’onspourrait appeler la physionomie ou les traits propres du martyred’Edith Stein.On ne peut certainement pas dire que les événements politiquesqui encadrèrent sa vie, surtout ceux qui précédèrent etentourèrent immédiatement son passage au catholicisme (baptême,le 1 janvier 1922), furent la raison de son amour de la Croixet de son désir du martyre. Cet amour et ce désir, Edith les possédait,pour ainsi dire, naturellement. Ils étaient inscrits dans sanature, même si très peu observables, cachés qu’ils étaient sousle voile de sa discrétion native. Élisabeth De Miribel écrit:“Il faut… tenter de soulever un peu le voile qui dérobe cette vieréservée à Dieu. La lumière de la Croix semble l’avoir profondémentmarquée.C’est à cette lumière, entrevue dans le mystère d’une souffrancechrétienne, baignée d’amour divin, que s’est opérée la conversioninitiale d’Edith Stein au Christ. Des longues heures de contemplationsilencieuse, qui ont nourri sa vie intérieure; de son baptêmeà son entrée au Carmel, elle ne nous dit presque rien. Parfois,un mot qui lui échappe révèle cependant son attirance secrète etprofonde, vers la Passion de Jésus, trahissant un peu de la soifqu’elle ressent, à son tour, de participer à l’œuvre du salut dumonde.Edith se sent appelée à souffrir pour son peuple qui ne reconnaîtpas la Croix du Sauveur […]. Sa part de la Croix du Christ, ellene l’a pas choisie. Elle l’a reçue de la main du Seigneur pour l’avoirhumblement, ardemment sollicitée. Elle n’a cessé depuis son baptêmede lui demander de communier au mystère infini de l’Amourrédempteur. Son entrée au Carmel semble l’aboutissement d’unelongue marche, patiemment poursuivie, au terme de laquelle, ellele pressent, son désir de souffrir sera comblé par Dieu” 36 .De cette longue citation qui décrit bien le drame intérieurd’Edith Stein, on peut tirer les éléments suivants: conversion37Texte cité par E. de Miribel dans l’o.c., 131. (C’est Edith qui souligne).

LE MARTYRE, GARANT DE LA VÉRITÉ MORALE 347suscitée par la lumière de l’amour divin jaillissant de la souffrance;désir de participer à l’œuvre rédemptrice de la Croix;pressentiment de voir son désir exaucé sous la forme de prendresur elle la souffrance de son peuple qui méconnaissait la Croix.Mais écoutons-la elle-même préciser ce dernier point quiconstituera, si l’on peut ainsi parler, l’originalité de son martyre.Dans le mémoire laissé à la Prieure du Carmel de Cologne(décembre 1938) avant sa fuite au Carmel d’Echt en Hollande,elle relatait l’histoire de sa vocation. On trouve dans ce texte desdonnées importantes pour notre sujet.Invitée par le hasard des circonstances à passer la nuit chezune famille jusqu’alors inconnue, le chef de famille la met aucourant des informations parues récemment dans des journauxaméricains concernant les persécutions des Juifs allemandscommises par les nazis. Edith écrit:“J’avais entendu parler de ces persécutions massives qui frappaientles Juifs allemands. Mais, soudain, il m’apparut clairementque la main du Seigneur s’abattait lourdement sur son peuple, etque la destinée de ce peuple devenait mon partage” 37 .Quelques mois après cet événement, elle donne suite à cetteintuition qui de toute évidence continuait à la tenailler. L’on saitque c’est également à cette époque qu’elle s’occupait ardemmentde la “question juive”, comme elle dit, en pensant se rendre àRome et solliciter une audience à Pie XI pour lui demanderd’écrire une Encyclique sur le sujet, projet qui, pour diverses raisons,n’aboutit pas, du moins dans l’immédiat 38 . Mais revenonsà notre sujet. Nous sommes en avril 1933 (premier vendredi dumois) dans la chapelle du Carmel de Cologne. Edith s’y retrouvevers 8 heures du soir accompagnée d’une catéchumène dont elleassurait l’instruction. Laissons-lui la parole:38Nous connaissons maintenant le texte de cette lettre. Il vient d’êtrepublié en allemand, traduit et commenté en espagnol: G. CASTRO, La carta sellada.Carta de Sta. Teresa Benedicta de la Cruz (Edith Stein) a S.S. Pío XI sobrela persecución de los judíos en Alemania (12 de abril de 1933), dans MonteCarmelo 111(2003), 1*-32* (pour la lettre comme telle, p. 3*-4*).39E. DE MIRIBEL, o.c., 132. (C’est Edith qui souligne).

LE MARTYRE, GARANT DE LA VÉRITÉ MORALE 347suscitée par la lumière de l’amour divin jaillissant de la souffrance;désir de participer à l’œuvre rédemptrice de la Croix;pressentiment de voir son désir exaucé sous la forme de prendresur elle la souffrance de son peuple qui méconnaissait la Croix.Mais écoutons-la elle-même préciser ce dernier point quiconstituera, si l’on peut ainsi parler, l’originalité de son martyre.Dans le mémoire laissé à la Prieure du Carmel de Cologne(décembre 1938) avant sa fuite au Carmel d’Echt en Hollande,elle relatait l’histoire de sa vocation. On trouve dans ce texte desdonnées importantes pour notre sujet.Invitée par le hasard des circonstances à passer la nuit chezune famille jusqu’alors inconnue, le chef de famille la met aucourant des informations parues récemment dans des journauxaméricains concernant les persécutions des Juifs allemandscommises par les nazis. Edith écrit:“J’avais entendu parler de ces persécutions massives qui frappaientles Juifs allemands. Mais, soudain, il m’apparut clairementque la main du Seigneur s’abattait lourdement sur son peuple, etque la destinée de ce peuple devenait mon partage” 37 .Quelques mois après cet événement, elle donne suite à cetteintuition qui de toute évidence continuait à la tenailler. L’on saitque c’est également à cette époque qu’elle s’occupait ardemmentde la “question juive”, comme elle dit, en pensant se rendre àRome et solliciter une audience à Pie XI pour lui demanderd’écrire une Encyclique sur le sujet, projet qui, pour diverses raisons,n’aboutit pas, du moins dans l’immédiat 38 . Mais revenonsà notre sujet. Nous sommes en avril 1933 (premier vendredi dumois) dans la chapelle du Carmel de Cologne. Edith s’y retrouvevers 8 heures du soir accompagnée d’une catéchumène dont elleassurait l’instruction. Laissons-lui la parole:38Nous connaissons maintenant le texte de cette lettre. Il vient d’êtrepublié en allemand, traduit et commenté en espagnol: G. CASTRO, La carta sellada.Carta de Sta. Teresa Benedicta de la Cruz (Edith Stein) a S.S. Pío XI sobrela persecución de los judíos en Alemania (12 de abril de 1933), dans MonteCarmelo 111(2003), 1*-32* (pour la lettre comme telle, p. 3*-4*).39E. DE MIRIBEL, o.c., 132. (C’est Edith qui souligne).

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