Summaries / Resúmenes - Studia Moralia

336 RÉAL TREMBLAYaccomplit en effet ce que Jean affirme au début de son évangile:“Oui Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique” (Jn3, 16). Le Fils qui se donne jusqu’à la mort est donc la répliqueou la doublure du don que le Père fait de son propre Fils pour lemonde 9 . De cette manière, le Christ pascal, présent par l’entremisedu sacrement de l’eucharistie dans le temps et l’espace “jusqu’àce qu’il vienne”, peut être compris comme un authentiquetémoin de la “vérité”, voire comme le martyr par excellence 10 . Or,puisque le Christ pascal est essentiel au christianisme, le martyreen fait lui aussi partie intégrante.Mais la figure du Christ martyr a besoin d’un autre attributpour pouvoir jouer le rôle que nous venons de lui assigner, consolidantdu même coup l’affirmation de première valeur qui endécoule. Il est vrai que cet attribut est déjà implicite en ce quenous avons dit de lui. Mais, vu son importance, il faut le mettrepleinement au clair. Nous le ferons en restant dans l’orbite del’achèvement du mystère pascal d’où partent nos réflexions, c’està-direen considérant Jésus en son dialogue avec Pilate 11 , dia-9Il est évident que l’“inviolabilité de l’ordre moral” dont nous parlionsplus haut se trouve comme englobée dans cette conception de la “vérité”.10Signalons au passage que, pour un certain filon traditionnel, les martyrssont d’autant plus vénérés qu’ils imitent presque matériellement (enparoles et en actes) le témoignage de Jésus en croix. C’est le cas par exempled’Étienne (cf. Ac 7, 59-60) et de Blandine (cf. EUSÈBE DE CÉSARÉE, HistoireEcclésiastique, V, 1 [SC., 41, 17]. C’est dire que le Christ est l’Ur-martyr incontesté.Sur cette thématique, je me permets de renvoyer à mon étude: Le martyreselon saint Irénée de Lyon, dans StMor 16(1978), 167-189.11Événement auquel fait allusion la VS, n. 91 dans ses développementssur le martyre. Elle le fait à travers 1 Tm 6, 13 (“Je t’en prie devant Dieu quidonne la vie à toutes choses et devant le Christ Jésus qui, devant (ejpiv)Pilate, a rendu son beau témoignage, garde le commandement sans tache etsans reproche, jusqu’à l’Apparition de notre Seigneur Jésus Christ…”).D’après N. BROX (Die Pastorale Briefe, Regensburg, 1969, 216), le ejpiv qui nesignifie pas “devant”, mais “sous” ne permettrait pas de penser à une allusiondirecte à Jn 18, 37. Schnackenburg qui note le fait (o.c., 286, note 40) l’approuvecontre H. SCHLIER (Jesus und Pilatus, dans Der Zeit der Kirche,Freiburg in Br., 1956, 64) également cité par lui et – j’ajoute – contre la Biblede Jérusalem et la TOB.12S. LÉGASSE, Le procès de Jésus. II: La passion dans les quatre Évangiles