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Summaries / Resúmenes - Studia Moralia

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334 RÉAL TREMBLAYquintessence des citations de l’un et de l’autre, on pourrait la circonscrirede la manière suivante.Tandis que Pascal rapproche le martyre de la vérité pour resserrerles liens avec elle, Nietzsche le fait pour l’en distancer 6 .Tandis que pour Pascal le martyre prouve l’existence et la soliditéde la vérité, pour Nietzsche le martyre ne prouve rien puisqu’iln’y a pas de vérité pour laquelle il vaut la peine de mourir. Tandisque pour Pascal la vérité évoque une réalité qui dépasse le martyrlui-même puisqu’elle lui est donnée d’en haut et qu’elle l’yconduit, pour Nietzsche un telle vérité n’existe pas puisqu’ellen’est que de l’homme et finit avec lui. Et enfin, tandis que pourPascal le martyre devient une nécessité conformément au caractèreabsolu de la vérité, pour Nietzsche il est un accessoire, voireune futilité, puisque la vérité n’est toujours qu’une vérité.Que penser de ce refus? Il est bien évident que la positionnietzschéenne est insoutenable. Le sang versé pour une véritéqui n’est pas sienne dans le sens qu’elle tire son origine de l’Éternelrévélé et accepté dans la foi (cf. Ac 8, 55s; He 11, 35s) esttrop probant pour céder aux réductions “idéologiques” et immanentistesde Nietzsche. Dans ce contexte, on se souvient de laréaction des apôtres Pierre et Jean devant les stratégies aveulissanteset menaçantes du Sanhédrin: “S’il est juste aux yeux deDieu de vous obéir plutôt qu’à Dieu, à vous d’en juger. Nous nepouvons pas, quant à nous, ne pas publier ce que nous avons vuet entendu” (Ac 4, 19; cf. 5, 29).Dire cela, c’est affirmer la justification du martyre et la placeprimordiale qu’il occupe dans la foi chrétienne, foi dont lele de force et de dureté, cette accusation de «ressentiment» portée contre lesfondateurs de la morale chrétienne et tout d’abord contre les grands prophètesd’Israël, cette opposition de la «noblesse» du héros grec à la «bassesse»de l’esclave chrétien, cette exaltation de Dionysos, le dieu de la vieorgiaque et toujours renaissante, en contraste avec le mépris du Crucifié qui,sur l’arbre de la croix, «l’arbre le plus vénéneux de tous les arbres», est «unemalédiction pour la Vie»…”. H. DE LUBAC, Le drame de l’humanisme athée,Paris, 1950 4 , 122.6Il est vrai que la vérité dont il s’agit ici ne se réfère pas explicitement à“l’inviolabilité de l’ordre moral”, mais on peut dire qu’elle la contient puisquecette dernière est partie intégrante des “histoires” dont parle Pascal et queNietzsche conteste.

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