Summaries / Resúmenes - Studia Moralia

LE MARTYRE, GARANT DE LA VÉRITÉ MORALE 333ultime livre, le philosophe allemand réserve la pointe de son attaqueau martyre chrétien. «Je ne crois que les histoires dont les témoinsse feraient égorger», avait écrit Pascal, reprenant involontairementsans doute une réflexion d’un des plus vieux textes de théologie dumartyre, le De laude martyrum: «Il y a quelque chose à étudier, qu’ilest nécessaire de scruter jusqu’au fond; on doit faire grand cas d’unefoi pour laquelle quelqu’un souffre et accepte de mourir».Nietzsche, grand lecteur de Pascal, attaque la foi de l’Église sur cepoint précis: «Un martyr ne vaut jamais la peine qu’on le réfute …Le sang est le plus mauvais témoin de la vérité… Quand on irait traverserle feu pour sa propre doctrine, qu’est-ce que cela prouve! Ilest mieux en vérité que notre propre doctrine soit sortie de notrepropre brasier». Et encore: «Que des martyrs prouvent quelquechose quant à la vérité d’une cause, cela est si peu vrai que je voudraisnier qu’un martyr eut jamais le moindre rapport avec la vérité.Dans le ton avec lequel un martyr jette à la tête du monde sa certitude,s’exprime déjà un si bas degré de stupidité devant le problème‘vérité’ qu’un martyr ne vaut jamais la peine qu’on le réfute»” 4 .Ce texte est précieux parce qu’il fait bien ressortir, par laconfrontation de la position de Nietzsche à celle de Pascal, laconsistance du refus nietzschéen du martyre 5 . En extrayant la4D. RANCE, Un siècle de témoins. Les martyrs du XX e siècle, Paris, 2000,146. – Sur la tentative de la revue Concilium de “repenser le martyre”, voir lepremier fascicule de l’année 2003. Citons un passage de l’introduction quidonne une idée du ton qui règne dans l’ensemble de ce fascicule: “Data lamassiccia “mancanza di senso”, dato il “non senso” e il nihilismo che sivanno impadronendo di un numero sempre maggiore di persone, soprattuttonelle società opulente, i martiri ci impartiscono una grande lezione: viveresignifica imparare a soffrire con grazia, con eleganza, con generosità;imparare a lottare, sì, ma accettando nel contempo la sofferenza e la tragedia,senza odio e senza perdere la speranza. Questo atteggiamento “martoriale”dovrebbe essere intrinseco e costitutivo di ogni autentica spiritualità.Il martirio non dovrebbe essere, dunque, considerato come sacrificio straordinario,riservato a pochi. È l’ideale di una spiritualità umana lungo le storie personali”19-20. (C’est moi qui souligne). Lire en parallèle les observations deBalthasar sur la perception que l’on peut se faire aujourd’hui du martyre: H.U. VON BALTHASAR, Neue Klarstellungen, Einsiedeln, 1979, 158-161.5Qui est le reflet de son antichristianisme que H. de Lubac a décrit ences termes: “… Cet appel à une vie créatrice, puissante, héroïque, cette mora-