L'Africa romana - UnissResearch - Università degli Studi di Sassari
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498 René Rebuffat<br />
peut-etre d'autres consacrées à Geta et à Julia Domna. On peut imagi<br />
ner qu'avait été érigé un monument à la famille impériale, orné de deux<br />
plaques parallèles pour Septime Sévère et Caracalla, ou peut-etre de plusieurs<br />
plaques, dans ce cas là placées peut-etre sur les cotés d'un monument,<br />
ou alignées sur une paroi. Lepcis Magna nous donne l'exemple,<br />
pour l'année 200, d'une série de dé<strong>di</strong>caces toutes semblables, consacrées<br />
à Septime Sévère (IRT390), Iulia Domna (IRT402), Caracalla (IRT419)<br />
Geta (IRT 433) et Plautien (AE 1967,537), érigées dans une exèdre. Il<br />
n'est donc pas invraisemblable qu'une manifestation de Ioyalisme ait pris<br />
à Thamusida la forme d'une série d'inscriptions parallèles.<br />
Cette dé<strong>di</strong>cace se pIace dans une période 57 de célébrations et de fetes<br />
dynastiques successives. Septime Sévère a reté ses decennalia le 9 avril<br />
202. Caracalla s'est marié également en avril 202 avec Fuluia Plautilla,<br />
la fille de Plautien. En 203 est dé<strong>di</strong>é l'are de Sévère sur le forum romain.<br />
Enfin, en juin 204 sont célébrés Ies J eux Séculaires.<br />
Nous voyons qu'une des célébrations de cette période, les décennales,<br />
avait trouvé, normalement <strong>di</strong>rions-nous, son écho à Volubilis (IAM<br />
354). Une ville, Thamusida, qui devait sa prospérité et son ampleur à<br />
Rome 58 , qui vivait sous les murs d'une pIace d'armes et où les vétérans<br />
devaient etre nombreux, pouvait bien, pendant cette meme période, manifester<br />
son loyalisme.<br />
* * *<br />
Une tuile inserite d'Arbaoua<br />
A vec le concours des Membres de la Mission<br />
Le si te d'Arbaoua au Maroc a retenu l'attention depuis Iongtemps,<br />
car on y a signalé depuis 1921 des vestiges antiques.<br />
Il convient de noter l'intéret de cette position. Arbaoua se situe à<br />
la ligne de partage des eaux entre le bassin du Sebou et le bassin du Loukkos.<br />
Vers le sud, l'oued Bri<strong>di</strong>a est prolongé par le Mda, qui arrive de<br />
l'est après avoir parcouru la plaine qui s'étend au pied de l'ancienne ville<br />
de Basra, et prend la <strong>di</strong>rection du sud, et passe à Souk el Arba, pour<br />
aller se perdre dans les merjas du nord du Sebou. Vers le nord, l'oued<br />
57 Il est intéressant de replacer notre texte dans une période, car nous ne savons pas<br />
si le chiffre des puissances tribuniciennes de Caracalla n'est pas, com me souvent, erroné.<br />
• La tuilerie et la tuile marquée ont été découvertes le 10.10.1988 par A. Akerraz,<br />
K. Heller, H. Limane et J. Napoli.<br />
58 Avant la création de la province, on n'y trouve guère qu'un petit établissement commerciaI<br />
qui semble etre une succursale des commerçants ga<strong>di</strong>tains.<br />
Comp/éments au recueil des Inscriptions Antiques du Maroc 499<br />
el Ma el Bared (la rivière de l'Eau Froide) est orientée sud-nord, et fait<br />
des efforts (généralement vains) pour atteindre le Loukos au voisinage<br />
d'El Qsar el Kebir.<br />
Arbaoua est plus particulièrement un point de passage obligé. Actuellement,<br />
route moderne et voie ferrée utilisent le peu d'espace que leur<br />
laissent des collines qui seraient malaisées à contourner, plutot à cause<br />
du désordre de leur <strong>di</strong>sposition que de leur altitude. La voie romaine de<br />
Souk el Arba à El Qsar el Kebir n'avait pas d'autre choix. Plus précisément,<br />
la configuration du terrain lui inter<strong>di</strong>sait dc suivre, au sud d'Arbaoua,<br />
la rive gauche du Bri<strong>di</strong>a-Mda, et au nord la rive droite du Bared.<br />
Les oueds parcourent une terre basse, qui se relève ensuite assez abruptement<br />
vers l'est en découpures irrégulières. En revanche, sur le versant<br />
ouest des rivières, un piémont continu offrait un itinéraire aisé. Les nombreux<br />
sites romains tout récemment découverts jalonnent d'ailleurs ce<br />
tracé avec précision.<br />
On trouve donc à Arbaoua<br />
- les vestiges signalés en 1921, plutot un ensemble industriel que<br />
des thermes, comme il a été <strong>di</strong>t à l'époque; on les voit encore sur un terre<br />
plein qui domine à peine le lit de l'oued;<br />
- dans la tranchée de la route, et sur la pente qui la domine, les<br />
vestiges d'une tuilerie, sur laquclle nous allons revenir;<br />
- plus haut encore, dans le cimetière qui est au pied de la mosquée<br />
d'Arbaoua, du matériel antique épars, céramique et tuiles essentiellement;<br />
- aux environs, et plus particulièrement au nord du défilé, où le<br />
terrain est favorable aux cultures, une série de sites apparemment<br />
agricoles.<br />
La tuilerie n'offre pas des vestiges très étendus: 50 mètres du nord<br />
au sud, environ 50 m d'est en ouest, si on tient compte de la destruction<br />
due à la route, un Quart d'hectare environ. En revanche, les vestiges sont<br />
d'une grande densité: les tuiles apparaissent en files dans les talus, et les<br />
masses de terre fondues, les tuiles déformées eneo re empilées, ne laissent<br />
aucun doute sur la présence d'un atelier, que nous nous trouvions sur<br />
le site meme de l'atelier, ou seulement sur sa décharge.<br />
Les produits fabriqués sont uniquement des tegulae et des imbrices.<br />
Elles sont d'une grande variété, meme en faisant abstraction de <strong>di</strong>fférences<br />
de couleurs dues aux modalités de la cuisson.<br />
C'est une peti te série de trois éléments qui nous intéresse ici. Une<br />
imbrex, un bord de tegula et un fragment du plat d'une autre tegula appartiennent<br />
visiblement à une fabrication identique. C'est le dernier fragment<br />
qui porte un cartouche en creux (72 mm x 18) à lettres en relief,<br />
complet: IMP (Tav. VIII,2).