L'Africa romana - UnissResearch - Università degli Studi di Sassari
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430 Nacéra Bensed<strong>di</strong>k<br />
Nouum (Aln Defla, ex-Duperré) est une colonie de vétérans fondée par<br />
Claude sur «un mamelon isolé, contourné à l'est et au sud par le Chélif.<br />
.. à peu de <strong>di</strong>stance à l'ouest du point où le Chélif. .. est étroitement<br />
resserré entre des montagnes»13 , tan<strong>di</strong>s qu'un autre Oppidum Novum,<br />
en Tingitane, est placé tra<strong>di</strong>tionnellement à Alcazarquivir, toponyme qui<br />
in<strong>di</strong>que un point défensif l4 • A la <strong>di</strong>fférence des termes castra, hiberna,<br />
praesi<strong>di</strong>um, centenarium, praetorium, turris, au contenu exclusivement<br />
militaire, celui d' oppidum trahirait non seulement des visées stratégiques<br />
mais également une intention colonisatrice. Ainsi, l' oppidum de Ternaten,<br />
fondé selon P. Salama, dans le meme esprit qu'Oppidum Novum<br />
sous le règne de Claude, a pu répondre tout à la fois à des exigences de<br />
stratégie, de colonisation, de commerce et de réseau routier. On l'aurait<br />
peuplé de vétérans· auxquels on aurait <strong>di</strong>stribué des terres 1S • On sait depuis<br />
la découverte sur la paroi nord du Dj. Zireg, au sud du Chott el<br />
Hodna, d'une inscription relative à une assignation de terres, que la politique<br />
de colonisation des frontières africaines, attribuée d'or<strong>di</strong>naire aux<br />
successeurs de Septime Sévère, a été initiée par celui-d I6 • Avec lui, la colonisation<br />
a progressé en meme temps que la puissance militaire se renforçait.<br />
Avec le report des frontières de l'empire à la lisière des hautesplaines,<br />
l'époque sévérienne est caractérisée par une reprise de la colonisation.<br />
Notre texte attestant un recours à des sources de peuplement non<br />
militaires lors d'une fondation d'agglomération sur le limes, on se rend<br />
compte combien il est risqué d'invoquer systématiquement une colonisation<br />
vétérane. Il mentionne, en effet, un transfert de populis novis ex<br />
Africa, peut-etre des migrants romano-africains originaires de Proconsulaire.<br />
Dans son enquete sur les mouvements de population en Afrique,<br />
J .-M. Lassère est parvenu à des conclusions qui intéressent notre<br />
propos17:<br />
Beaucoup de départs se font vers les régions militaires.<br />
- Les déplacements les plus nombreux se font vers les villes maures.<br />
13 PUNE, Rist. Nat., V, 20. e/L VIII 9643. S. GSELL, Atlas archéologique de l'Algérie,<br />
AIger-Paris, 1911, 13, 63.<br />
14 R. CAGNAT, L 'armée romaine d'Afrique et l'occupation militaire de l'Afrique sous<br />
les empereurs, Paris, 1913, p. 679. .<br />
IS Art. cit., p. 339.<br />
16 L. LESCHI, Etudes d'épigraphie, d'archéologie et d'histoire africaines, Paris, 1957,<br />
pp. 75-84.<br />
17 J.-M. LASSÈRE, Ubique populus, Paris, 1977, pp. 601 sqq.<br />
Vsinaza (Saneg): P. Aelius Peregrinus 431<br />
Le mouvement migratoire vers l'ouest se précipite au Ile siècle<br />
et ce malgré la turbulence des tribus maures à cette époque.<br />
- La région de Cirta et le nord de la Proconsulaire figurent parmi<br />
les régions qui ont le plus subi l'attrait des contrées occidentales.<br />
L'un des deux grands axes suivis par la colonisation civile part du<br />
nord de pays numides vers les pays maures. Ni personnel ni spontané,<br />
mais collectif et vraisemblablement planifié par l'autorité impériale, l'apport<br />
de population à Vsinaza s'insère néanmoins dans le large mouvement<br />
migratoire dviI constaté vers les pays neufs. La lointaine provenance<br />
de ces migrants s'explique-t-elle par un tarissement démographique<br />
de la Maurétanie, par une surpopulation de l'Africa, ou par les effets<br />
attendus d'une injection de population anciennement romanisée sur<br />
les Maures réfractaires d'une région hautement stratégique?<br />
Bien que Vsinaza n'ait encore fourni aucune inscription militaire,<br />
iI ne semble pas que l'on ait jamais douté du cachet militaire de cette<br />
station, fondée sur la rive gauche d'un petit affluent du Chéliff, lors de<br />
l' organisation, par les Sévères, de la praetentura. Vsinaza (Saneg) se trouve,<br />
en effet, sur la fameuse ligne de défense constituée par Septime Sévère,<br />
à l'est de Boghar et non lo in des hiberna de l'ala Sebastena, fondées<br />
par le meme procurateur l8 • La région Boghar-Letourneux est une de ces<br />
zones limites de noma<strong>di</strong>sme et de transhumance, entre le Tell et les Hautes<br />
Steppes, où s'avéraient nécessaires la surveillance et le controle des<br />
migrations saisonnières. Ce role fut dévolu précisément à ces fondations<br />
de la praetentura sévérienne qui parachevaient ainsi avec Aln Touta, Grimi<strong>di</strong>,<br />
Tati/ti et Vsinaza l'encerclement des monts du Titteri, entamé au<br />
nord avec Auzia, Rapidum, Thanaramusa Castra, poursuivi à l'ouest avec<br />
Ala Sebastena, Boghar. Avec Vsinaza, on peut aussi penser à un nouveau<br />
territoire de colonisation qu'iI s'agissait de défendre, gràce à lapraetentura,<br />
contre des tribus maures récemment cantonnées.<br />
L'ampleur de la politique limitaire sévérienne en Afrique du Nord,<br />
maintes fois soulignée l9 , ne cesse d'etre confirmée par les découvertes<br />
épigraphiques. En une décennie, les frontières de l'Afrique se dotaient<br />
d'un réseau de forteresses avec une syncronisation qui ne peut laisser in<strong>di</strong>fférent:<br />
18 S. GSELL, ouv. cit.; R. CAGNAT, ouv. cito<br />
19 P. SALAMA, art. cito