L'Africa romana - UnissResearch - Università degli Studi di Sassari
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400 Jean-Pierre Laporte<br />
extreme bonne volonté et beaucoup d'imagination. Mieux vaut renoncer<br />
à cette idée, qui permet certes d'aligner des références bibliographiques,<br />
mais ne semble pas correspondre à la réalité du document étu<strong>di</strong>é.<br />
La position relative des deux animaux est curieuse. On s'attendrait<br />
à voir le chien poursuivre le volatile. Il n'en est rien. Le cavalier, armé,<br />
mais non menaçant, semble évoluer parmi des animaux, dont un gibier<br />
potentiel. Le thème de la chasse, si thème de la chasse il y a, est donc<br />
secondaire par rapport au thème principal qui reste à découvrir.<br />
Les mains<br />
Les stèles 3 et 4 portent la représentation de mains, courantes dans<br />
l'iconographie maghrébine de tous les temps, y compris les plus anciens,<br />
le plus souvent dans un contexte magique, prophylactique ou religieux.<br />
Les inscriptions<br />
Six des huit stèles portent une inscription libyque. Souhaitant que<br />
cet ensemble d'inscriptions analogues soit enfin étu<strong>di</strong>é à la lumière des<br />
acquits récents, nous nous gardons bien d'aborder ici un domaine épigraphique<br />
et linguistique particulièrement arduo Tout au plus noterons<br />
nous que l'on n'y reconnalt pas de formule funéraire évidente l9 •<br />
Conclusion intermé<strong>di</strong>aire<br />
A ce stade de la description, les huit stèles libyques figurées retenues:<br />
- sont exécutées suivant une technique attestée depuis la plus haute Antiquité<br />
en Afrique du Nord,<br />
- représentent des personnages munis de l'armement libyque tra<strong>di</strong>tionnel.<br />
La reconnaissance de leur appartenance à la culture libyque parait<br />
in<strong>di</strong>scutable2°; elle Be permet en soi aucune datation particulière, compte<br />
19 Pour une formule funéraire libyque, voir ci-dessous, p. 411, note 52.<br />
20 Le progrès des connaissances permet aujourd'hui d'affirmer cette appartenance de<br />
manière positive, et non plus négative. En 1954 encore, Gilbert-Charles Picard écrivait de<br />
manière aussi juste que savoureuse: «L'historien est obligé [faute de renseignements] de<br />
procéder à une sorte d'analyse chimique; après avoir éliminé tout ce qui lui semble etre<br />
d'origine extérieure, il lui reste un résidu, qu'il déclare 'libyque'. Il n'y a pas lieu de s'étonner<br />
que l'opération donne souvent des mécomptes». G.-CH. PICARD, Religions de l'Afrique<br />
romaine, Paris, 1954, p. 2-3.<br />
Datation des stè/es Iibyques flgurées de Grande Kabylie 401<br />
tenu de la stabilité (non de la fixité) des formes libyco-berbères à travers<br />
les siècles.<br />
Cette iconographie, qui appartient sans conteste au monde libyque<br />
le plus pur, se <strong>di</strong>stingue des autres stèles libyques du Maghreb:<br />
- par une stylisation élaborée,<br />
- par la représentation stéréotypée d'une scène complexe (c'est-à-<strong>di</strong>re<br />
où un certain nombre d'éléments communs sont hiérarchisés de la meme<br />
manière),<br />
- par l'importance donnée à un anneau énigmatique.<br />
Il nous reste à examiner successivement leur datation et leur signification.<br />
B) La datation<br />
Un problème séculaire<br />
La singularité de ces stèles n'a pas permis jusqu'ici les rapprochements<br />
plus ou moins <strong>di</strong>rects qui forment le fond de la technique classique<br />
de datation. Les hésitations à leur égard constituent un véritable résumé<br />
de la réflexion historique et archéologique sur la «question libyque»,<br />
compliquée par des préjugés tellement enracinés qu'il est <strong>di</strong>fficile<br />
de s'en affranchir.<br />
D'une manière générale, E. Frézouls a noté que le flottement dans<br />
les interprétations chronologiques est révélateur d'un problème de mentalité<br />
des archéologues et historiens confrontés à des reuvres de ce genre:<br />
la tentation était de les considérer soit comme primitives, soit comme dégénérées.<br />
Ce n'est que depuis quelques années que le regard change. On<br />
a appris qu'à de très faibles <strong>di</strong>stances, on pouvait produire des objets,<br />
exécuter des reuvres, extraor<strong>di</strong>nairement <strong>di</strong>fférents 21 •<br />
En ce qui concerne plus précisément les stèles de Kabylie, deux circonstances<br />
fortuites avaient en quelque sorte prédéterminé les positions:<br />
- Parmi les stèles étu<strong>di</strong>ées, la stèle d'Abizar a été découverte la premi ère,<br />
or elle montrait des animaux. On y a vu immé<strong>di</strong>atement une scène<br />
de chasse (alors que nous avons vu plus haut que c'est l'anneau qui<br />
est important). Sa force figurative est telle que l'on s'est <strong>di</strong>spensé d'examiner<br />
les autres. Or si l'on avait découvert d'abord l'une quelconque<br />
des 7 autres stèles, il est clair que l'on aurait pensé à un guerrier,<br />
21 Intervention de M. Frézouls après la présente communication au Congrès de <strong>Sassari</strong><br />
en 1988.