L'Africa romana - UnissResearch - Università degli Studi di Sassari

350 Jean-Paul Rey-Coquais
suite du texte, avec quelques tendances à la cursive - l'oblique droite
des A, des N, dépasse vers le haut, ainsi que les deux jambages obliques
de meme inclinaison des M - meme dissymmétrie des V, memes reeherches
ornementales: bas du jambage des F, potenee des T dans l'inscription
de Baalbek, Y dans celle de Sentius Proculus. Les memes caraetéristiques
apparaissent dans deux autres inscriptions de Baalbek de la meme
époque, IGLS 2763 et 2764, planche IX, inscriptions officielles (dédicaees
faites par les «Héliopolitains») à l'empereur Marc-Aurèle et à la
princesse Sabine sa fille.
C'est à Beyrouth que nous trouvons la comparaison décisive. C'est
l'inscription ILS 9491, dédicace privée en l'honneur du chevalier Caius
Valerius Rufus, commandant de vexillations dans l'expédition de Chypre
sous Trajan, préfet de l'empereur Hadrien duumvirali potestate. Le
texte (voir ici fig. 1) présente les memes formes de lettres hautes et serrées,
les memes recherehes ornementales: obliques de A, des N, des M
dépassant en haut à gauehe, V dissymmétriques, grand Y aux deux branches
déployées, prolongement vers le bas à gauche de la haste des F ...
La ressemblance entre les deux textes est frappante. Il ne peut faire de
doute que les deux inscriptions sont contemporaines et sortent d'un meme
atelier de lapicide. Caius Valerius Rufus a été commandant de vexillations
dans l'expédition de Chypre sous Trajan et préfet de l'empereur
Hadrien duumvirali potestate. La légation d'Afrique de Marcus Sentius
Proculus daterait done bien de l'époque d'Hadrien.
Une inscription de Deir el-Qala, le grand sanetuaire extra-urbain de
Béryte, sur un haut contrefort de montagne dominant la ville, parait en
apporter la confirmation. Connue depuis longtemps (CIL III 14392 d)
et publiée en dernier lieu par Youssef Hajjar l9 , c'est une dédicaee privée
adressée à Jupiter Optimus Maximus Heliopolitanus, Vénus et Mercure,
par un M. Sentius dont il ne reste du cognomen que le début. Là
où Hajjar (qui n'a pas revu la pierre et n'en donne pas de photographie)
et d'autres éditeurs avant lui, Franz Cumont notamment, ont adopté la
leeture EM pour le début du cognomen, je lis, après révision de la pierre
et l'examen d'excellentes photographies de la parti e supérieure du cippe,
que m'a données jadis H. Kalayan, Ingénieur à la Direction des Antiquités
du Liban (ici planche II), les trois premières lettres F, A,V, du nom
Faustus. Ce personnage ne fait qu'un ave c Marcus Sentius Faustus, connu
par une inscription de Beyrouth meme 20 : le nom de la femme de ce
19 Y. HAJJAR, La Triaded'Hé/iopo/is-Baalbek (EPRO 59),1977, p. 250-251, n. 215.
20 HAJJAR, ibid., p. 249-250, n. 214.